Les programmes d’immersion françaises sont très populaires chez nous.
On ne peut nier ni la qualité des programmes offerts, ni l’impact qu’ils ont sur notre société. Selon les données du recensement, le segment de la population ténoise pouvant s’exprimer en français qui a le plus cru au cours de la dernière décennie est constitué de Ténois pour lesquels la langue de Beaulieu est un idiome second.
D’aucuns seront tentés de voir en l’immersion française une option valable pour l’éducation des enfants francophones. Or, l’immersion demeure un enseignement de langue seconde. Les travaux de chercheurs tels que Rodrigue Landry ont bien établi que, pour former des francophones de culture, bilingues d’expression, l’école en français langue première offre les meilleurs résultats. L’école francophone ne se contente pas d’inculquer le code qu’est la langue, elle forme l’identité et baigne l’enfant dans la culture francophone. Elle seule intègre les élèves à la communauté linguistique. Pour les francophones, c’est le choix qui s’impose.
Ce printemps, le gouvernement des TNO annonçait son intention de dispenser plus largement l’enseignement des langues autochtones dans les écoles des TNO. Il serait éventuellement question d’offrir aux élèves le choix d’une langue autochtone ou du français (ou de l’anglais dans le cas de l’école francophone) comme langue seconde d’apprentissage. C’est un progrès dans un dossier beaucoup trop longtemps négligé.
Or, le salut des langues dénées, inuites et crie en tant que vecteur de la continuité culturelle ne pourra, lui non plus, être pleinement réalisé dans des classes de langue seconde. Il faudra bien un jour, pour le maintien de ces langues, des écoles distinctes et des systèmes éducatifs axés sur la construction identitaire. Les Tli?chos, qui ont acquis la gestion de leur système d’éducation, sont engagés dans cette voie.
L’option offerte aux groupes linguistiques socialement valorisés d’apprendre, par cosmopolitisme, une langue autochtone est excellente et contribuera sans doute à raccommoder le tissu social. Mais ce n’est pas comme ça qu’on sauvera ces langues, ces cultures.