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le Jeudi 8 novembre 2018 17:09 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Francophonie

Gymnase d’Allain St-Cyr C’est lancé

Gymnase d’Allain St-Cyr C’est lancé
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Un sentiment d’accomplissement accompagne l’inauguration du gymnase et des espaces scolaires et communautaires.

Mardi en début de soirée à l’école Allain St-Cyr, des enfants jouaient au volleyball dans le gymnase, alors que des parents et des professeurs s’affairaient dans la cuisine. Une scène tout à fait banale dans l’ensemble du Canada.

Pour peu, on oublierait qu’il a fallu 15 ans de lutte pour que se produise ce moment, pour l’avènement de cette légitimité.

Ces enfants qui s’échangeaient le ballon de part et d’autre du filet, pour qui le temps est encore une notion nébuleuse, n’ont probablement pas idée de ce qu’il aura fallu d’engagement, de persévérance et d’abnégation pour concrétiser ce projet. Il ne faudrait cependant pas que la leçon se perde. Autant que le gymnase, la cuisine et les classes spécialisées elles-mêmes, cette ténacité collective est un héritage précieux à transmettre.

Lors de la cérémonie d’inauguration de ces nouveaux espaces scolaires et communautaires, le ministre des Affaires municipales et communautaires, Alfred Moses, a bien exprimé, en peu de mots, la longueur et l’intensité des efforts déployés : « C’est un moment très spécial. Je peux vous dire que vous avez un très bon conseil d’administration qui a travaillé très fort pour ses élèves… »

M. Moses a salué la contribution de la communauté francophone à Yellowknife et a dit anticiper sa croissance.

Il remplaçait la ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, Caroline Cochrane, retenue par d’autres occupations. M. Moses, l’ayant précédée à ce portefeuille, a joué un grand rôle dans les négociations pour le financement et la construction des infrastructures.

Des négociations longues et empreintes de tension. Le président de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest, Simon Cloutier, l’a souligné lors de son allocution, expliquant que la collaboration l’avait toutefois emporté sur la rupture.

En entrevue après la cérémonie, M. Cloutier a rappelé que la venue à Yellowknife en 2016 du congrès annuel de Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) avait fait évoluer les relations avec M. Moses et le Cabinet. Plus d’une centaine de francophones ont alors assisté à la session de l’Assemblée législative, a-t-il rappelé. Les députés de Frame Lake et de Kam Lake, Kevin O’Reilly et Kieron Testart, talonnaient M. Moses en français.

« Les francophones approchaient M. Moses et lui parlaient, très respectueusement, relate Simon Cloutier. Il est venu à plusieurs évènements du congrès, dont le gala où Suzette Montreuil [alors présidente de la CSFTNO] a remporté le prix Jean-Robert Gauthier. Il a pris conscience de quelque chose. Il ne savait pas qu’il y avait tant d’éducation en français hors Québec. Il pensait qu’il n’y avait que quelques chialeux dans chaque province. Mais nous sommes 2,7 millions de francophones en dehors du Québec. Ça a été un moment qui a fait pencher la balance. »

Cérémonie
La directrice générale de la CSFTNO, Yvonne Careen, a animé la cérémonie d’ouverture, la voix parfois étranglée par l’émotion. Elle a commencé par dire que St-Cyr est située sur les terres du Chef Drygeese, avant de céder le micro à Paul Andrew, survivant de pensionnats indiens et ancien animateur à CBC.

M. Andrew a chanté une prière de gratitude, il a demandé au Créateur d’aider les gens à travailler ensemble afin que les enfants aient un bel avenir.

Mme Careen a fait l’historique d’Allain St-Cyr, rappelant que l’école francophone avait commencé dans deux classes portatives dans l’actuel stationnement de l’école J.H. Sissons.

Elle a remercié, comme plusieurs des orateurs qui lui ont succédé, ceux et celles qui ont donné temps et efforts pour que ces locaux soient disponibles : membres présents et passés du conseil des commissaires, donateurs, l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY), la Commission scolaire publique de Yellowknife avec qui l’école francophone a partagé des locaux, le gouvernement ténois, le contractant qui a terminé les travaux en temps, etc.
Mme Careen a profité de l’occasion pour annoncer que la campagne de financement avait récolté, à ce jour, plus de 100 000 $ sur l’objectif de 150 000 $ pour habiller le gymnase et la scène d’accessoires essentiels.

La nouvelle conseillère municipale Stacie Smith représentait la mairesse Rebecca Alty. « Je sais à quel point c’est important d’améliorer les infrastructures pour les générations qui s’en viennent », a-t-elle déclaré en français.

La présidente de l’APADY, Océane Coulaudoux, très émue, a avoué sa réticence aux discours avant de citer Antoine de Saint-Exupéry : « L’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible », ajoutant « Nous l’avons notre gymnase ! ». Accompagnée de son prédécesseur à l’APADY, Jacques Lamarche, elle a ensuite exhorté l’auditoire à continuer à s’impliquer, pour les enfants et pour la communauté.

Droits des francophones
Empêché par de malheureux problèmes de logistique, l’ex-directeur de la CSFTNO, Allain Saint-Cyr, a transmis ses félicitations. Avec une touche d’humour, il a fait savoir qu’il avait vu les fondations du gymnase l’an passé et qu’il reviendrait voir l’œuvre finale, profitant de ce moment pour révéler la raison pour laquelle il y a deux « l » dans son prénom.

Également absent, le député Kevin O’Reilly, par écrit, a salué le travail sans relâche des parents et du conseil des commissaires pour la défense des droits des francophones.

Présent dans l’assistance, le député de Yellowknife North Cory Vanthuyne a rappelé que l’appui aux infrastructures avait eu un certain poids lors des élections territoriales de 2015.

« Cette réalisation va renforcer les relations avec la communauté francophone, a affirmé M. Vanthuyne. Je crois qu’elle va grandir encore. Ça va peut-être créer un précédent pour les communautés musulmane et philippine, qui sont très importantes ici. Ça montre ce qu’on peut accomplir en travaillant ensemble. »

Lors de la cérémonie, des rubans de trois couleurs différentes ont été coupés par différentes générations, symbolisant le passé, le présent et le futur.