Le Manitoba et la Saskatchewan signent un important contrat sur la vente d’hydroélectricité.
La vente d’hydroélectricité à l’Alberta et à la Saskatchewan, sur laquelle le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest compte beaucoup pour rentabiliser son projet d’agrandissement de la centrale hydroélectrique Taltson, semble fortement compromise.
Le 29 octobre, Manitoba Hydro a annoncé la signature d’une lettre d’intention pour la vente de 215 mégawatts à la Saskatchewan à partir de 2022. Selon le communiqué émis par la société d’État, l’entente sera valide pour un minimum de 18 ans, avec le potentiel d’être reconduite pour 12 années supplémentaires.
Manitoba Hydro possède de surcroit deux autres ententes avec SaskPower, société d’État de la Saskatchewan, pour la fourniture d’hydroélectricité. L’une de celles-ci commence en 2020 et porte sur la vente de 100 mégawatts.
Du côté de l’Alberta
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) était représenté sur une table de concertation de la région de l’ouest du Canada appelée l’Initiative de collaboration régionale et d’infrastructure stratégique de l’électricité (RECSI).
Son principal objectif était d’évaluer et de comparer des projets d’infrastructure électrique dans les provinces de l’Ouest en se basant sur leurs couts, leur impact de la réduction des gaz à effet de serre et leur capacité à soutenir la transition à une forme d’énergie plus durable.
Le rapport final de la table, provenant de la firme GE Energy Consulting, a été rendu public en aout dernier. Selon ses auteurs, connecter le réseau Taltson à celui de l’Alberta pour une exportation de 820 gigawattheures n’est pas viable économiquement.
« La conclusion du rapport n’était pas nécessairement que ça serait inutile, précise le conseiller en politiques du ministère des Ressources naturelles du Canada Bradley Little. C’était que ça ne serait pas économique en se basant uniquement sur la vente d’hydroélectricité à l’Alberta. L’étude indique que l’Alberta achèterait de l’énergie de ce projet, mais elle serait très dispendieuse. Les ventes à l’Alberta ne seraient pas suffisantes pour garantir ce projet. […] Le marché de l’Alberta est assez gros, mais les TNO ne pourraient faire concurrence à d’autres génératrices en Alberta. »
Malgré cette observation, M. Little précise que le projet n’évaluait pas la compétitivité des projets de centrales hydroélectriques (Site C, Keeyask, etc.) ni un partage éventuel des marchés de l’Ouest. La capacité de Taltson ou d’autres infrastructures électriques à appuyer le développement de mines n’a pas été non plus étudiée. Mais le projet a évalué de nouvelles lignes de transmission entre les provinces.
Au fédéral
La RECSI regroupait aussi des représentants des gouvernements de la Colombie-Britannique, du Manitoba, du ministère des Ressources naturelles du Canada, de la Saskpower et de l’Alberta Electric System Operator (industrie et gouvernement albertains). La durée prévue de cette table était d’un an et demi.
Réactions
La Société d’énergie des Territoires du Nord-Ouest et le GTNO ont fait savoir qu’ils continuaient de croire qu’une connexion des réseaux du Nord et du Sud peut être bénéfique pour les Ténois et pour les gens du Sud, qui pourraient ainsi bénéficier d’une énergie sans excédent de carbone.
Le ministre de l’Infrastructure du Canada François-Philippe Champagne était aux Territoires du Nord-Ouest à la mi-novembre. Il a mentionné avoir des conversations avec son homologue ténois, Wally Schumann et avec le député fédéral des TNO, Michael McLeod, sur l’expansion de la centrale Taltson.
« Nous avons plusieurs outils dans notre boite, a-t-il dit, dont un est la Banque d’infrastructures. Ça me tient à cœur de sortir les collectivités du Nord du diésel. Avec mes collègues, nous allons regarder comment nous pouvons nous associer pour ce projet. »