Fernand Denault a contribué à la politisation des Franco-Ténois.
En raison de son dynamisme, de l’intensité et de la longueur de son engagement, le controversé Fernand Denault est sans doute le personnage le plus mythique de l’histoire de la Fédération franco-ténoise (FFT). La carrière de ce militant, qui a tenté un saut en politique ténoise, a été couronnée de l’Ordre de la Pléiade.
Selon les archives de L’Aquilon — qu’il a contribué à fonder —, Fernand Denault a été président de la FFT de 1984 à 1990 et de 2000 à 2009.
Mais un autre regroupement francophone a précédé la FFT, l’Association franco-ténoise qui, aux dires M. Denault, aujourd’hui en Alberta, aurait commencé de façon informelle aux alentours de 1978. C’était un simple groupe de francophones qui se réunissaient pour des soirées, mais dont les rencontres se sont formalisées ultérieurement.
« Ma conjointe Johanne était sur le premier exécutif », rappelle Fernand Denault. « Il y avait Dave McCann et Robert Galipeau. Ça a évolué et c’est devenu une fédération [en 1988]. »
De la culture aux revendications
La FFT voit rapidement son mandat évoluer de l’organisation d’évènements culturels vers la revendication des droits des francophones.
« Ce n’était pas une idée qui était très populaire avec tout le monde, selon M. Denault. 80 % de nos membres travaillaient pour le gouvernement ténois ou canadien. Ce n’était pas le plus grand des conforts. Moi, j’étais un mineur, j’ai travaillé sous terre toute ma vie, dans les deux mines d’or de Yellowknife. Je n’avais pas de conflit. […] Mais je pense que c’était ce qu’il fallait faire. »
Avec d’autres personnes, il tient à le souligner, Fernand Denault a fortement contribué à politiser les Franco-Ténois.
Dans cette optique, la FFT organise les collectivités d’Inuvik, de Yellowknife et de Fort Smith. « À Inuvik, se remémore M. Denault, il y avait une base militaire avec plusieurs francophones. Quand elle a fermé, nous avons presque perdu notre association, qui est tombée à une douzaine de membres. »
En plus de l’Association des francophones du Nunavut, la FFT possédait un autre membre dans ce qui allait devenir le troisième territoire canadien, Nanisivik « C’était une exploitation minière dans le nord de la terre de Baffin, explique Fernand Denault, pas loin d’Arctic Bay. La moitié de leur main-d’œuvre était du Québec et était intéressée à avoir des activités et une école. La mine a installé une école en français pour eux et on a organisé l’Association. Ils ont vécu une vie assez bien. »
À Fort Smith, sans école francophone, l’assimilation a fini par faire son œuvre, analyse M. Denault; exprimant une certaine tristesse, il constate que les enfants de sa génération n’ont pas bénéficié d’écoles francophones.
La Pléidade
En 1999, Fernand Denault devient membre de l’Ordre de la Pléiade. Cet honneur est décerné par l’Assemblée parlementaire de la francophonie, une organisation internationale, pour « reconnaitre les mérites éminents des personnalités qui se distinguent en servant les idéaux de la Francophonie ».
Fernand Denault rejoint au sein de cet ordre des grands noms de la politique, des sciences et des arts comme Jacques Chirac, Marie Laberge et Renaud.
« On m’a convoqué à Ottawa pour la cérémonie, raconte le chevalier de l’Ordre; la FFT, qui m’avait proposé, a payé mon transport. C’était tous des sénateurs, des politiciens, des hauts fonctionnaires; je me sentais un peu hors de ma place. Les politiciens que je connaissais étaient ceux que j’essayais d’éduquer, et c’est une gang pas mal dure de comprenure. J’étais pas tellement populaire, mais il y avait André Cailloux [scénariste et animateur d’émissions pour enfants], un monsieur sympathique avec qui j’ai eu ben du plaisir. Si ça n’avait pas été de lui, j’aurais trouvé ça mauditement plate. »