Sans surprise, les héros de la résistance aux coupes antifrancophones de l’Ontario, Amanda Simard et Carol Jolin, sont reconnus par Francopresse parmi les hors Québec les plus influents de l’année.
Le jury veut également graver dans la mémoire la mobilisation de quelque 14 000 manifestants à l’échelle pancanadienne, le 1er décembre, visant à répondre aux frappes du premier ministre Doug Ford.
La reconnaissance d’un mouvement collectif est une première du palmarès, dans sa 4e édition annuelle. Les jurés ont choisi de marquer le caractère exceptionnel des manifs réunissant des militants en Ontario et ailleurs au Canada, rassemblés dans une dizaine de capitales de Whitehorse à Saint-Jean.
« Ce qui s’est passé en Ontario a vraiment eu des incidences sur les candidatures soumises, souligne la coordonnatrice de Francopresse, Andréanne Joly. Quelques-unes sont reconnues mais on aurait pu faire tout le Top 10 sur l’affaire Bombardier (à TLMEP) et le jeudi noir du 15 novembre. »
L’unique députée francophone du gouvernement Ford, Amanda Simard, s’est imposée pour ses actions inspirantes. L’élue est-ontarienne de 29 ans a quitté les rangs des progressistes-conservateurs après avoir voté contre les coupes affectant le Commissariat aux services en français et l’Université de l’Ontario français. Elle est devenue la figure de proue de la mobilisation.
Quant au président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin, il a construit l’unanimité nécessaire pour mener la résistance et défendu sereinement les positions développées par les membres sur toutes les tribunes provinciales et nationales.
Il appelle Doug Ford pour lui demander de s’expliquer
Le jeune William Burton est presque inconnu hors de l’Ontario, mais le fondateur d’un portail Web sur les artistes francophones a monté une campagne pour sensibiliser l’équipe de TLMEP aux réalités des communautés. Il a même appelé Doug Ford au téléphone pour lui demander de s’expliquer.
L’équilibre entre les dimensions politique et communautaire varie d’une année à l’autre, précise Andréanne Joly. « Il y a tant de gens qui font avancer la francophonie au Canada qu’on pourrait faire un Top 50 par province. Le choix devient un peu symbolique. »
Selon la responsable du palmarès, l’influence régionale est parfois difficile à cerner. « Je pense à Yvonne Careen, un symbole de toutes les luttes scolaires au pays. »
La directrice générale de la Commission scolaire francophone des TNO a remporté en 2018 un combat politique et juridique de 20 ans pour compléter les installations de l’école Allain St-Cyr. Yvonne Careen a été directrice de l’établissement après avoir cofondé le comité de parents de Yellowknife.
Deux femmes influentes au plan national sont de retour au palmarès. L’Ontarienne Chantal Hébert était lauréate en 2016, à titre de journaliste politique. Elle signe des textes dans le Toronto Star et L’Actualité (Montréal) tout en participant à des panels sur CBC/SRC. Depuis les débuts de la crise franco-ontarienne, elle a contribué dans les deux langues à l’éclairage des enjeux.
Un éclairage des enjeux dans les deux langues officielles
La Fransaskoise Anne Leis avait été nommée en 2017 pour son action dans sa province et au national. La directrice du Département de santé communautaire du Collège de médecine de la Saskatchewan a récemment été élue présidente de la Société santé en français, la première femme dans ce poste.
Parmi les lauréats se trouve aussi Louise Imbeault, nouvelle présidente de la Société nationale de l’Acadie. L’ancienne journaliste et directrice de la SRC Moncton a également été nommée en 2018 chancelière de l’Université de Moncton.
Le chef du groupe Les Hôtesses d’Hilaire, Serge Brideau, est l’autre personnalité influente de l’Acadie cette année. Ses prouesses scéniques, son humour et ses propos incisifs lui ont valu de nombreux prix dans l’Atlantique et des nominations à l’ADISQ.
Dans l’Ouest, le militant francophone et métis, Justin Johnson, a été élu vice-président de la FCFA du Canada après avoir présidé la Fédération de la jeunesse canadienne-française. Il a également été nommé en 2018 directeur général de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba.
« On voit qu’il va s’en passer en 2019 »
La liste des candidats est établie selon cette définition de l’influence : « le pouvoir lié à une fonction, l’innovation ou la mobilisation, ainsi que la capacité d’agir au moment opportun. »
Le choix des lauréats se fait en fonction des critères suivants : 1- une appartenance reconnue à une communauté ; 2 – un lieu de résidence ou de travail en milieu minoritaire, dans le présent ou le passé ; et 3 – une influence positive s’étendant au plan régional (Ouest, Nord, Centre, Atlantique) ou national.
« Notre processus est très ouvert, explique Andréanne Joly, il n’y a pas nécessairement d’unanimité. » Sauf cette année pour marquer l’évènement extraordinaire de la mobilisation ontarienne. « Les jurés ont le point de vue de leur région, on pondère ça. »
La coordonnatrice a déjà le prochain palmarès en tête. « Il va s’en passer en 2019 ! »