Les petites collectivités du Nord payent parfois leurs denrées alimentaires plus de trois fois le prix affiché dans les grands centres. À Whitehorse, au Yukon, cependant, les prix sont parmi les plus bas au pays.
Francopresse et quelques journaux membres de l’Association de la presse francophone ont envoyé des journalistes faire l’épicerie. L’objectif : mesurer la variation du cout d’un panier d’épicerie type d’un bout à l’autre du pays. Résultats : le prix régulier pour un même article peut fluctuer de plus de 300 %, en particulier pour les produits frais.
Les résultats ont montré que les factures étaient beaucoup plus élevées dans les trois territoires que dans les autres régions ciblées. Encore, le panier d’épicerie coute plus cher dans les provinces du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard qu’en Ontario.
Du plus bas au plus élevé, le panier type coute 62,32 $ à Sudbury, en Ontario, et 138,00 $ à Inuvik, aux Territoires du Nord-Ouest. Exception faite, la facture totale à Whitehorse s’élève à seulement 72,26 $ ce qui en fait le deuxième moins cher au classement.
Le cout des fruits et légumes semble lui aussi suivre la même tendance.
Ce résultat peut être associé à plusieurs facteurs. Comme l’explique le professeur Sylvain Charlebois, spécialisé dans le domaine de la distribution alimentaire et de la traçabilité des aliments.
« C’est normal d’observer une différence entre les prix si l’on prend en compte des facteurs comme la densité de la population, la distance à parcourir, la logistique qui est nécessaire pour déplacer ces produits ainsi que la demande de certains produits. »
On remarque toutefois une disparité des prix dans les capitales comme Yellowknife et Whitehorse et les villes très éloignées ou non accessibles par la route, comme Inuvik et Iqaluit, où le cout total des fruits et des légumes est deux fois plus élevé.
D’importantes variations
Les prix pour un même article font aussi état de variations importantes comme pour le bœuf haché, dont le prix oscille entre 6,59 $ à 17,29 $ le kilo.
Les plus grandes variations de prix en pourcentage vont au-delà de 300 %. C’est le cas du concombre anglais, à 330 %, et du pain de blé entier tranché, qui dépasse 320 %. M. Charlebois est surpris d’une aussi grande variation entre provinces et territoires.
« Encore là, on devrait s’attendre à une différence, mais elle est quand même assez importante. Une variation qui dépasse les 200 %, c’est beaucoup. »
La différence de prix, même si elle est attendue, suscite plus d’inquiétude dans le Nord, d’autant plus que certaines agglomérations souffrent d’insécurité alimentaire. M. Charlebois rappelle que des initiatives ont cherché à dédommager ces citoyens, mais ne sont jamais vraiment allées de l’avant, l’enjeu pesant peu à l’échelle nationale.
Méthodologie
L’enquête a été réalisée du 15 mai au 3 juin dans différentes chaines alimentaires, ce qui peut représenter un facteur dans la différence des prix. Dans les communautés où il existe plus d’un marché d’alimentation, les journalistes ont visité la chaine meilleur marché. Les journalistes devaient relever les prix réguliers.
L’enquête a été rendue possible grâce à la participation des journaux suivants : Le Moniteur acadien, La Voix acadienne, Agricom, Le Voyageur, Le Nord, L’Aurore boréale, L’Aquilon et Le Nunavoix.