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le Jeudi 28 novembre 2019 19:13 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Arctique

Recherche dirigée par le Nord

Recherche dirigée par le Nord
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Le programme d’ArcticNet, Le Nord, par le Nord et pour le Nord bénéficiera d’un budget annuel de 1,5 million $ pour cinq ans.

 

ArcticNet présentera à sa rencontre scientifique annuelle son nouveau programme de subventions, « Le Nord, par le Nord et pour le Nord », qui concrétise une tendance lourde dans la recherche nordique.
La rencontre, qui se tient à Halifax du 2 au 5 décembre, est le plus gros évènement scientifique nordique au Canada. Cette année, on y compte 61 séances et 288 présentations orales.

Signe des temps, qu’on parle de sciences pures ou de sciences humaines, près du tiers des recherches qui y seront présentées portent les étiquettes « cogestion » ou « basée dans la communauté ».
« Depuis la fondation d’ArcticNet en 2004, explique sa directrice générale, Christine Barnard, nous avons constaté une augmentation significative des demandes de financement par des gens du Nord pour la coproduction de savoir, la participation active dans la recherche et même pour être les leadeurs de projets de recherche. »
L’organisme, qui regroupe plus de 140 chercheurs de 34 universités canadiennes, a décidé d’intégrer cette tendance et d’en faire un volet de subventions à part entière, qui tient notamment compte des politiques de la stratégie nationale de recherche énoncée en mars 2018 par Inuit Tapiriit Kanatami, « Le but est d’appuyer le développement de la capacité en recherches et la formation des organisations et des collèges nordiques », précise la directrice d’ArcticNet.

Des comités du Nord
Au centre de la démarche, deux comités qui œuvrent actuellement à définir le fonctionnement de Le Nord, par le Nord et pour le Nord, et son plan stratégique. Ils ont commencé à se rencontrer à l’été 2019.
Le comité consultatif territorial est composé de conseillers scientifiques des collèges, des gouvernements et des organismes autochtones des trois territoires, alors que le second comprend des représentants de divers organismes et gouvernements inuits à travers le Canada.
« Le programme est encore en cours de développement, indique Mme Barnard, mais il a déjà de bonnes lignes directrices. »
Le budget est approximativement de 1,5 million $ par année durant 5 ans. L’appel de propositions sera dévoilé plus tard cette année ou au début de l’an prochain.

Le rayonnement dans les communautés
Restauration côtière au Nunavut, transformation du couvert de glace ou niveau de mercure dans les poissons du Dehcho, la programmation d’Halifax témoigne du partenariat entre scientifiques et communautés autochtones.
« Ça a des implications dans tous les champs, celui de la santé, entre autres, note Christine Barnard. La première grande étude d’ArcticNet s’appellait Comment sommes-nous ? (Qanuippitaa ?). La seconde version, en cour, est principalement menée par les gens du Nord; ils voulaient s’approprier ce thème dont les résultats peuvent être très utiles pour les petites communautés. »
ArcticNet travaille depuis plus de 10 ans à promouvoir ce partenariat, explique son coordonnateur scientifique, Marc-André Ducharme. « Le mandat de la recherche qu’on a, explique-t-il, c’est le rayonnement dans les communautés. Il faut les impliquer. Nous essayons d’intégrer ça aux critères de financement. Les chercheurs se doivent d’aller parler de leurs recherches à la radio, d’engager de la main-d’œuvre locale. »
Dans certains cas, il faut que les rapports soient coécrits, ajoute le coordonnateur, qui a travaillé 10 ans sur le terrain et souligne l’importance d’écouter et de respecter ceux qui le connaissent le mieux.

Transfert de connaissances
À Halifax, des ateliers expliquent « comment incorporer le savoir traditionnel à la science occidentale pour qu’il soit reçu de la même façon », fait savoir Mme Barnard. « Nous donnons des exemples des meilleures pratiques, dit-elle. […] Il y a aussi des séances sur le partage et la gestion de données. »
ArcticNet a d’ailleurs un programme de subventions spécifique au transfert de connaissances.
La plénière sur Le Nord par le Nord aura lieu le 4 décembre à 10 h 15. Christine Barnard sera notamment accompagnée de représentants de centres de recherche des collèges territoriaux et de membres du comité consultatif inuit.