L’état d’urgence sanitaire est officiellement décrété depuis le 18 mars à midi, à l’échelle des Territoires du Nord-Ouest, sur la recommandation de l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Kami Kandola.
Cette mesure extraordinaire est prise alors qu’aucun cas de COVID-19 n’a été signalé aux TNO. Le 18 mars en après-midi, 272 tests de dépistage avaient été effectués : 153 testés négatifs et 119 autres dont les résultats étaient toujours attendus.
Pouvoirs spéciaux
Décrété par la ministre de la Santé et des Services sociaux, Diane Thom, l’état d’urgence confère à la Santé publique le pouvoir de « prendre des mesures rigoureuses et contraignantes pour protéger tous les résidents des Territoires du Nord-Ouest et de répondre rapidement aux besoins du système de santé. »
L’état d’urgence sanitaire permet notamment à la Santé publique d’expédier l’accréditation du personnel soignant pour permettre à des professionnels de la santé de l’extérieur des Territoires de venir pratiquer ici.
« Le permis [requis aux médecins pour pratiquer aux TNO] peut prendre parfois de 4 à 12 semaines [avant d’être octroyé], commente la Dre Kandola. Avec mes pouvoirs actuels, on peut accélérer [l’émission] du permis pour des médecins [provenants de l’extérieur]. »
Sur un plan restrictif, elle aura également le pouvoir de donner des ordres et des directives limitant ou interdisant les déplacements à destination ou en provenance de toute partie des Territoires du Nord-Ouest.
Bien que les directives sont ici présentées sur la foi du « devoir civique des résidents », en cas d’affront important aux recommandations, dans le cas où un individu à haut risque de contamination mettrait la population en danger en ne prenant aucune précaution, ces recommandations pourraient se transformer en ordres.
« Pour les individus qui à nos yeux représentent un risque pour les résidents des TNO, des actions plus directives et disciplinaires pourraient être entreprises », a précisé la Dre Kandola.
Seulement 6 lits
C’est en raison de la grande fragilité du système de santé que l’administration de la Santé publique prend ces mesures extraordinaires. Les ressources disponibles aux TNO peineraient à suffire face à une explosion soudaine de cas.
« Bien que nous ayons des hôpitaux dans les centres régionaux et un grand hôpital territorial à Yellowknife, quelques cas seulement pourraient suffire à engorger le système. […] La présence de patients qui doivent avoir recours aux respirateurs artificiels pourrait mobiliser nos ressources, et nous devons ralentir autant que possible l’apparition de cas, parce que ça pourrait être très difficile à gérer. »
Selon la Dre Sarah Cook, directrice médicale de l’Administration des services de santé et des services sociaux des Territoires du Nord-Ouest, il n’y a que 6 lits permanents de soins intensifs aux TNO, tous à l’hôpital Stanton.
« Nous avons actuellement aux TNO six lits de soins intensifs et nous avons accès à 13 respirateurs artificiels au total, incluant les respirateurs des ambulances, a-t-elle indiqué en point de presse. Nous travaillons en étroite collaboration avec les services de santé de l’Alberta, qui nous offrent un appui important. Nous élaborons des plans d’urgence, pour déterminer comment nous pourrions utiliser les respirateurs de l’Alberta si les nôtres ne suffisaient plus. »
Lignes téléphoniques engorgées
On demande aux personnes qui présentent des symptômes d’appeler d’abord la Santé publique plutôt que de se présenter dans les établissements de santé pour recevoir le test. Or, le service reçoit présentement un nombre élevé d’appels et connait un certain engorgement. On s’affaire présentement à parer à cette situation en augmentant le nombre d’opérateurs.
Néanmoins, même si le système connait des ratées, on insiste sur l’importance d’appeler d’abord, de laisser un message et d’attendre qu’on nous rappelle.
Une semaine pour les résultats
Il faut sept jours pour obtenir les résultats des tests de dépistage de la COVID-19. Certaines personnes ayant subi un test interrogées par L’Aquilon évoquent avoir fait l’expérience d’un plus long traitement.
« L’administration du test en tant que tel ne prend pas beaucoup de temps, explique la Dre Sara Cook de l’Administration de la santé et des services sociaux. Il s’agit véritablement d’une question de transport. [Les échantillons] sont envoyés en Alberta. Nous n’avons pas la capacité de faire les tests ici. »
La Dre Cook évoque l’existence d’un test qui pourrait être fait à la maison, mais celui-ci n’est pas disponible aux TNO pour l’instant.
Rappel des mesures
À l’heure actuelle, on indique à toutes personnes qui reviennent d’un séjour à l’extérieur du pays de s’isoler à leur retour pour une période de 14 jours, qu’elles ressentent ou non des symptômes.
Les personnes qui reviennent d’une autre province ou d’un autre territoire du Canada doivent rester à l’affut des symptômes, mais elles peuvent poursuivre leurs activités quotidiennes, en évitant de fréquenter les personnes âgées ou vulnérables.
Toute personne ressentant l’un des symptômes du COVID-19 doit respecter la recommandation d’isolement de 14 jours et contacter par téléphone l’administration de la santé publique.
« Je crois que l’apparition du COVID-19 aux TNO est sans doute inévitable », a indiqué la Dre Kandola.