Le mandat de la commissaire aux langues des Territoires du Nord-Ouest, Shannon Gullberg, est prolongé jusqu’à la fin octobre 2020.
Le service des communications de l’Assemblée législative l’a indiqué à L’Aquilon dans un courriel. « Un candidat adéquat n’a pas été choisi lors de l’appel d’offres, écrit un relationniste de l’Assemblée. Un autre appel d’offres sera lancé au début juin. »
C’est la seconde fois que le mandat de Shannon Gullberg, qui devait initialement se terminer en octobre 2019, est prolongé. En janvier dernier, le service des communications avait indiqué que quatre personnes avaient soumis leurs candidatures à l’automne 2019 et qu’on avait offert le poste à l’une d’entre elles. On anticipait alors que l’identité du nouveau commissaire aux langues serait annoncée en février.
Le rôle de commissaire aux langues relève de l’Assemblée législative et c’est le président de la chambre qui nomme le titulaire de la charge. Le président de l’Assemblée législative, Frederick Blake Junior, n’a pas répondu à la demande d’entrevue de L’Aquilon.
Appelée à commenter, la directrice générale de la Fédération franco-ténoise, Linda Bussey, affirme ne pas voir dans ces retards de la mauvaise foi de l’Assemblée législative, mais plutôt un reflet de la difficulté d’embauche créée par la crise de la COVID-19.
« Au moins, il y a quelqu’un, de dire Mme Bussey. Elle [Mme Gullberg] fait du bon travail. Elle nous a toujours rencontrés. […] Elle pose des gestes pour que les choses soient meilleures. »
Mme Gullberg dit ignorer pourquoi l’Assemblée législative a été incapable de lui trouver un remplaçant. « Mais ils ont besoin de quelqu’un ayant une passion pour le sujet et des talents d’enquêteur, analyse-t-elle. Ça prend cette combinaison. »
Dans le rapport annuel qui aurait dû être son dernier, celui couvrant l’exercice 2018-2019 déposé à l’Assemblée législative le 29 mai et publié cette semaine, Shannon Gullberg indique ne pas juger nécessaire que le détenteur du poste puisse s’exprimer dans une langue officielle autochtone ou en français.
« Il y a bien sûr de bons arguments à faire valoir à ce sujet, écrit la commissaire. Toutefois, il ne faut pas oublier que le commissaire aux langues occupe un poste de médiateur conçu pour traiter les plaintes portant sur les violations des droits linguistiques. Dans cette optique, le commissaire aux langues devrait, avant tout, avoir de solides aptitudes pour la recherche, le traitement de plaintes et la résolution de problèmes. »
Mme Gullberg est une anglophone unilingue.
Un agenda chargé
La fonction de commissaire aux langues officielles est un poste à temps partiel, mais Mme Gullberg s’est néanmoins fixé plusieurs objectifs pour ses cinq derniers mois en fonction. En plus du traitement habituel des plaintes et de visites dans les collectivités, elle compte produire trois rapports.
L’un d’entre eux portera sur le réaménagement de la Loi sur les langues officielles des Territoires du Nord-Ouest.
« C’est le temps de regarder les choses d’une manière plus vaste, analyse Mme Gullberg, et de faire en sorte que le système fonctionne pour les citoyens des TNO. Je ne pense pas que cela doive être basé sur le modèle fédéral, malgré ses mérites. Il faut un mettre l’accent sur le Nord. »
Un système nordique, fait valoir, Mme Gullberg devrait tenir compte des nombreuses langues autochtones aux TNO, comptant peu de locuteurs, ainsi que des francophones vivant hors des régions désignées.
Selon elle, la nouvelle loi devrait également être mise à jour en regard de l’évolution des technologies.
La commissaire a déjà inclus plusieurs éléments sur les changements préconisés dans ses rapports annuels précédents, mais elle désire les réunir pour la nouvelle Assemblée, qui comprend beaucoup de nouveaux élus.
« J’ai entendu que cette nouvelle Assemblée avait une passion pour les langues, rapporte Mme Gullberg. J’espère que ça va transparaitre. »
Langues officielles et santé
En 2017 déjà, Mme Gullberg avait annoncé la rédaction d’un rapport sur l’utilisation des langues officielles dans le système de santé. Elle le promet pour l’automne 2020.
« Il n’y a jamais eu de règlements dans la Loi sur la manière de fournir les services. […] J’aimerais voir le gouvernement adopter des mesures plus spécifiques et applicables », indique-t-elle.
En outre, Mme Gullberg présentera un rapport annuel couvrant l’exercice 2019-2020.
Pour la dernière tranche de son mandat, si les circonstances le permettent, Mme Gullberg aimerait visiter les collectivités ténoises. Les possibilités à ce sujet devraient se préciser prochainement. Dans l’éventualité que les consignes sanitaires l’empêchent de se rendre sur le terrain, elle souhaite qu’une solution de rechange lui permette de s’entretenir avec les communautés linguistiques.
Au final, Shannon Gullberg aura occupé la fonction de commissaire aux langues des TNO pendant près de 10 ans et aura travaillé avec le commissariat pendant plus de deux décennies. Après avoir agi comme conseillère juridique auprès du commissariat de 1996 à 2004, elle a occupé le poste de manière intérimaire en 2004 (en remplacement de Fibbie Tatti) avant d’occuper la fonction de 2005 à 2008. Lors du quinquennat de Sarah Jerome, elle a repris son rôle de conseillère juridique. Elle a assuré un autre intérim en 2015 (en remplacement de Snookie Catholique). Elle occupe officiellement la fonction depuis octobre 2015. En 2014 elle avait agi à titre de commissaire spéciale pour le traitement d’une plainte émise par un proche de la commissaire en poste.
Avec des informations de Batiste Foisy