Comme on le fait chaque 30 septembre depuis 2013, plusieurs aux TNO, et notamment dans le réseau scolaire, ont souligné la journée du chandail orange. Il s’agit d’un geste de mémoire que nous portons pour rappeler la tragédie des pensionnats indiens, ces institutions génocidaires qui ont été imposées pendant un peu plus de cent ans aux peuples autochtones du Canada.
Entre 1883 et 1996, plus de 150 000 enfants autochtones ont été envoyés, le plus souvent de force, dans ces pensionnats, théâtres de nombreux sévices cruels, dont la fonction était d’anéantir la culture des premiers peuples de ce pays. C’était aussi des institutions mortifères. On estime qu’environ 6 000 enfants qui ont fréquenté les pensionnats indiens y sont décédés, notamment de malnutrition. Plusieurs sont enterrés dans des fosses sans monument.
Ce passé honteux et inexcusable de notre nation continue d’avoir des répercussions sur notre société alors que le traumatisme intergénérationnel perdure au sein des familles de survivants. Il est à la racine de bien des violences contemporaines.
Par ailleurs, le racisme envers les premiers peuples continue d’être prégnant dans notre société. On a pu l’observer encore cette semaine avec l’histoire tragique de Joyce Echaquan, cette femme Attikamekw décédée dans un hôpital du Québec après avoir été injuriée par des membres du personnel soignant. En juin, nous nous sommes indignés face à l’histoire de Chantel Moore, une jeune femme autochtone du Nouveau-Brunswick abattue par la GRC lors d’une simple vérification « de bienêtre » à son domicile.
Aux TNO aussi, ce genre de violence systémique existe. On se souvient de Hugh Papik, un ainé d’Aklavik, décédé au centre de santé de la localité en 2016 parce que le personnel soignant avait mépris ses problèmes cardiaques pour de l’ébriété. Ou encore de Karen Lander, cette femme inuite en détresse psychologique, abattue de balles policières à son domicile de Yellowknife en 2012.
La municipalité de Yellowknife, en collaboration avec les collectivités dénées de N’dilo et de Detah, a annoncé son intention d’ériger un monument à la mémoire des victimes et des survivants des pensionnats indiens. Pendant ce temps, un projet de loi sera présenté à Ottawa pour reconnaitre officiellement le 30 septembre comme une journée de vérité et de réconciliation.
Nous pensons que tout cela est nécessaire. Les Canadiens ont un devoir de mémoire envers les peuples autochtones. Nous ne pouvons plus ignorer le passé. Il devrait y avoir, à travers le pays, davantage de monuments à la mémoire des victimes des pensionnats, des rafles des années 1960 ou du racisme systémique qu’on en trouve présentement pour honorer celle de John A. Macdonald, l’architecte des pensionnats indiens..