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le Vendredi 30 octobre 2020 12:40 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Arctique

Articles de l’Arctique Le père de l’Amundsen n’est plus

Articles de l’Arctique Le père de l’Amundsen n’est plus
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Louis Fortier (1953-2020) laisse un héritage durable pour la recherche arctique canadienne.

Décédé le 4 octobre dernier, Louis Fortier a profondément marqué la recherche en Arctique. Directeur scientifique du Navire de Garde côtière Canadienne Amundsen de 2002 à 2020 et de l’Institut nordique du Québec depuis 2016, il s’est investi passionnément dans les études nordiques pour lesquelles il a contribué d’une manière fondamentale au décloisonnement.

« Je dirai d’entrée de jeu que le brise-glace NGCC Amundsen a joué un rôle essentiel dans la relance de la recherche arctique de haut calibre et Louis a été l’instigateur, dès le départ, de ce projet », indique le directeur de l’Institut nordique du Québec, Jean-Eric Tremblay, qui a succédé à M. Fortier en juillet 2020.

Visionnaire dans son approche de la recherche en Arctique, M. Fortier souhaitait regrouper une équipe multidisciplinaire sur le navire afin que plusieurs champs de recherche collaborent. C’est notamment M. Fortier qui a proposé à la Garde côtière de convertir en laboratoire le navire qui était destiné à la casse.

L’essentiel des fonds nécessaires à la transformation du brise-glace en base scientifique a été fourni par la Fondation canadienne pour l’innovation en 2002 et la livraison a eu lieu en 2003 juste avant le début d’une première expédition en mer de Beaufort.

Aujourd’hui équipé d’appareils à la fine pointe de la technologie, le brise-glace accueille chaque été, une quarantaine de scientifiques qui, de façon conjointe, s’attèlent notamment à la question des changements climatiques.

« L’Amundsen est une ruche avec des scientifiques, des chercheurs et des étudiants issus de différents domaines d’expertise, mais qui les mettent en commun pour s’attaquer aux questions complexes du Nord », précise M. Tremblay, pour qui le brise-glace est tout à fait unique en son genre, au Canada.

Porteur du projet de l’Institut nordique du Québec
Créé en 2014, l’Institut nordique du Québec permet de regrouper et de croiser les expertises scientifiques, en partenariat avec les collectivités nordiques.

M. Fortier considérait l’Arctique et le nord du Québec comme « les nouvelles frontières de la recherche, de l’innovation sociale et du développement économique », car ces régions stratégiques sont en pleine mutation, selon lui.

« Louis était porteur de cet institut et au fil des ans il a créé des réseaux nombreux de recherche pour des projets dans l’Arctique, mais aussi pour des projets d’envergure comme ArcticNet (réseau de centres d’excellence du Canada qui réunit scientifiques et ingénieurs) », indique M. Tremblay.

Une vision à long terme
Par ses nombreuses initiatives et projets qui ont permis à plusieurs domaines des sciences de collaborer dans le contexte du réchauffement climatique en Arctique, M. Fortier a toujours cherché à penser autrement les enjeux qui se jouent dans le Nord.

M. Fortier était souvent en avance sur son temps, et les nombreux étudiants qui l’ont côtoyé à l’université Laval où il était aussi professeur au département de biologie, ont été influencés par son approche de la recherche en Arctique.
« De façon indirecte Louis a contribué à former de nombreux étudiants qui sont aujourd’hui la relève, mais il a eu un impact majeur sur ses collègues aussi », pense M. Tremblay.

Communicateur hors pair qui savait vulgariser la recherche arctique, M. Fortier aimait sortir des cadres établis et découvrir de nouveaux territoires, « son côté explorateur trouvait un écho dans l’Arctique qui demeurait, comme il disait, le dernier territoire inexploré ».