le Mardi 6 mai 2025
le Jeudi 12 novembre 2020 17:22 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Éditorial

Éditorial L’audace

Éditorial L’audace
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Il nous arrive de déplorer le manque d’initiative ou d’ambition du gouvernement territorial. On a souvent l’impression que ce gouvernement est à la merci d’une haute fonction publique réfractaire au changement. Or, cette semaine, nous avons été agréablement surpris de voir le conseil des ministres faire preuve d’audace.

Alors que le dossier du centre de jour pour accueillir les itinérants de la capitale semblait enlisé dans la bureaucratie et le syndrome du pas dans ma cour, le leadeurship de la mairesse de Yellowknife et des ministres Julie Green et Paulie Chinna a permis de dénouer l’impasse.

Impuissante devant les hauts cris des commerçants et des résidents, la municipalité, malgré sa détermination à trouver un endroit pour offrir ce service essentiel, louvoyait d’une proposition à l’autre depuis plusieurs mois, suite à la diminution drastique de la capacité d’accueil du centre de jour régulier, dans la foulée des mesures pour prévenir la propagation de la COVID-19. Il lui fallait l’aide d’une autorité mieux outillée pour imposer un choix définitif.

Ceux qui pouvaient faire la différence n’ont pas tous répondu à l’appel. Alors que la présence de plusieurs dizaines de sans-abris dans les rues de Yellowknife dans des conditions de grands froids semble pourtant concorder en tout point avec l’idée que l’on se fait d’une « urgence de santé publique », la personne justement investie de pouvoirs spéciaux – renouvelés 17 fois depuis la mi-mars – lui permettant de prendre de telles actions décisives a préféré ne pas intervenir pour régler cette situation engendrée par ses propres règles. L’administratrice en chef de la santé publique estimait ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires de la municipalité, et ce même si l’itinérance est une responsabilité territoriale et que les services offerts dans la capitale desservent une clientèle largement issue des petites collectivités.

Contre les tergiversations de la Dre Kandola, le gouvernement a opposé une fermeté qui a su faire la différence. En invoquant l’autre législation sur les situations d’urgence, on a pu octroyer à la ministre des Affaires municipales et communautaires les pouvoirs nécessaires pour imposer un choix à la barbe de tous les opposants au projet. Voilà enfin de l’action !

Depuis le début de crise pandémique, le jeune gouvernement de Caroline Cochrane avait adopté une approche timorée, plus ou moins pantin de l’administration de la santé publique. On se demandait qui tenait la barre du navire. Cette semaine, on a vu que l’administration la plus féminine de l’histoire des Territoires du Nord-Ouest est bel et bien capable de prendre les décisions qui s’imposent et d’utiliser ses pouvoirs lorsque cela est nécessaire. Et surtout, qu’elle sait faire preuve de compassion.

Il y a un an, ce gouvernement entrait en fonction en nous promettant du changement. Ça ne s’est pas concrétisé immédiatement, mais il semble aujourd’hui que cela n’était pas que des promesses en l’air. Nous apprécions cette audace et ce sens de l’État. Notre territoire en a bien besoin.