Novembre a la réputation d’être le mois le plus déprimant de l’année. Alors que le rétrécissement des jours et l’accumulation de la fatigue pèsent sur nos existences nordiques, il peut être salutaire de s’efforcer de voir le bon côté des choses. Et du positif, il y en a.
On peut se réjouir de voir nos institutions francoténoises, malmenées ces derniers mois, reprendre du poil de la bête. L’Association franco-culturelle de Yellowknife, qui a vécu un passage à vide navrant en 2019 et 2020, semble renaitre tranquillement depuis l’embauche d’une direction générale. Il était symbolique, cette semaine, de se réunir (en gardant ses distances) sur la terrasse de la Maison Laurent-Leroux pour se réchauffer le corps et l’âme autour d’une tasse de chocolat chaud. Cette première activité communautaire organisée par l’AFCY depuis des mois n’avait rien de très extravagant, mais c’était le petit geste d’une organisation qui entend se remettre en marche. On a hâte de voir la suite.
Pendant ce temps, de l’autre côté du Grand lac, l’Association franco-culturelle de Hay River poursuit sur sa lancée expansionniste en recrutant sa toute première direction générale. L’asso qui s’était démarquée par son dynamisme et sa débrouillardise, dès les premiers jours de la pandémie, aurait sans doute dû depuis longtemps se doter d’un tel pilier. Avec ses velléités de réunir les Francoténois de l’ensemble du Slave Sud, et même du Dehcho, l’AFCHR a le vent dans les voiles et se positionne de plus en plus comme un joueur incontournable de la scène culturelle ténoise. Les Francos hors capitales méritent un pareil chef de file et l’asso de Yellowknife ferait bien de faire montre d’humilité en s’inspirant du dynamisme de Hay River.
Par ailleurs, la tenue de son assemblée générale aura été l’occasion pour la Fédération franco-ténoise de mener sa toute première véritable campagne de recrutement depuis que l’organisme porte-parole de la francophonie accepte les membres individuels, un changement opéré il y a plus de trois ans. Initiée un peu tard, la campagne d’adhésion a tout de même porté fruit. Les efforts devront se poursuivre si la FFT veut réellement fédérer un large pan de sa population cible, mais, en attendant, nous saluons le travail accompli.
Ces regains de vigueur des institutions francoténoises ne doivent pas être confondus avec la vitalité de la communauté. Nous sommes plus que la somme des associations enregistrées au Registraire des sociétés. Le plus grand repère de l’épanouissement tranquille de notre communauté, c’est la culture. Et à ce chapitre, le progrès est remarquable. La publication d’oeuvres typiquement francoténoises récemment – le roman Jack est scrap de Denis Lord déjà en réimpression, le recueil de poésie Boussole franche de Amber O’Reilly (voir p.15) ou celui de Séréna Jenna à paraitre en décembre – est le témoin d’une culture vivante. Dans une culture rapiécée, soudée par la langue, l’émergence d’une littérature est le témoin d’un aboutissement.
Le retour de la lumière n’est plus bien loin.