Un groupe de leadeurs autochtones du secteur des affaires veut créer son propre fonds d’investissement.
Autosuffisance, accroissement de l’employabilité et essor de l’économie locale, tels sont les objectifs de la nouvelle Coalition économique des leadeurs autochtones des TNO, que le directeur général de Denendeh Investments, Darrell Beaulieu, a présentée le 8 décembre au Comité permanent du développement économique et de l’environnement de l’Assemblée législative.
La Coalition réunit la Nation dénée, la Société régionale inuvialuite, l’Alliance des Métis du Slave Nord et la Nation métisse des Territoires du Nord-Ouest. Il s’agit d’une initiative de la Denendeh Development Corporation, qui chapeaute Denendeh Investments. L’organisme s’est en outre assuré de la collaboration du président-directeur général de l’Autorité financière des Premières Nations, Ernie Daniels.
Un fonds d’investissement autochtone
« Le projet a vraiment commencé en 2014 à Fort Smith, de dire M. Beaulieu devant le comité permanent, lorsque la Nation Dénée a adopté une résolution demandant à Denendeh [Investments] de travailler avec les gouvernements autochtones et l’industrie pour stimuler l’exploitation et l’exportation des ressources naturelles, le pétrole, le gaz, les minéraux, les pêcheries. »
La coalition veut créer un fonds d’investissement autochtone et s’impliquer dans les projets majeurs d’infrastructures des Territoires du Nord-Ouest, nommément le corridor de la province géologique de l’Esclave, l’agrandissement de la centrale hydroélectrique Talston, la route Mackenzie et la Société d’énergie des Territoires du Nord-Ouest.
« Denendeh possède déjà 14 % de la Société d’énergie, rappelle M. Beaulieu, et c’est de notoriété publique que nous voulons augmenter nos parts à 50 % ». La coalition avance même que la privation de la Société d’énergie pourrait être une bonne stratégie.
Le gouvernement ténois se serait engagé à investir 50 000 $ pour démarrer le fonds et la section de Yellowknife de l’agence CanNor aurait recommandé à Ottawa d’investir 200 000 $. L’objectif quinquennal est de 3,9 millions $.
M. Beaulieu a aussi ouvert la porte à du capital privé.
« Nous avons eu des discussions avec Industrie, Tourisme et Investissements sur la création de ce fonds », ajoute-t-il.
Les créneaux inoccupés
M. Beaulieu a souligné que la Coalition ne veut pas faire compétition aux entreprises locales déjà en place, mais plutôt cerner les créneaux d’affaires disponibles ou exploités par des entreprises de l’extérieur du territoire. Il identifie comme tels l’entretien et la rénovation de bâtiments, notamment ceux appartenant au gouvernement, dont les contrats seraient pour l’essentiel attribués à des entreprises du Sud ou internationales.
Pour que les emplois et l’argent restent dans le Nord, insiste M. Beaulieu, le gouvernement doit instaurer une politique d’approvisionnement autochtone.
« C’est une invitation à faire une forte transformation et à réinventer le développement des affaires autochtones », dit Darrell Beaulieu.
Un appui quasi unanime
La plupart des députés présents lors de la séance, présidée par le député de Dehcho, Ronald Bonnetrouge, ont donné leur appui à la formation de la Coalition ainsi qu’à ses objectifs.
Songeant à la mine Giant, le député de Frame Lake, Kevin O’Reilly, considère que la Coalition pourrait aussi ajouter à sa liste de créneaux d’affaires l’assainissement des sites contaminés, qu’il considère comme une avenue économique émergente.
« Le gouvernement fédéral donne aux provinces de l’Ouest 1,72 milliard de dollars pour faire de l’assainissement sur les sites de puits pétrolier et gazier, remarque M. O’Reilly. Les Territoires du Nord-Ouest doivent aller à Ottawa avec le Yukon, le Nunavut et les gouvernements autochtones pour réclamer leur juste part. »
Il ajoute que l’éventuelle université polytechnique pourrait procurer des formations pour favoriser l’employabilité dans ce secteur.
Occasions d’affaires
« Je suis vraiment heureuse de voir qu’un des secteurs-clés dans votre présentation est l’habitation, s’emballe la députée Kam Lake, Caitlin Cleveland. Nous avons un gros défi dans ce domaine, mais nous avons aussi des occasions d’affaires. »
Pour son collègue de Yellowknife Nord, Rylund Johnson, le gouvernement doit examiner consciencieusement son parc immobilier et les moyens de garder ces investissements dans le Nord.
La députée de Great Slave, Katrina Nokleby, dit apprécier l’idée que la coalition se concentre sur les créneaux inoccupés par le milieu des affaires ténois. « Je pense que c’est un élément clé », dit-elle.
« Il y a beaucoup de potentiel [dans le fonds d’investissement] avec peu de dollars investis », analyse la députée de Thebacha, Frieda Martselos, qui s’est montrée passablement impressionnée par la collaboration avec Ernie Daniels, un acteur majeur dans le domaine financier autochtone.