Depuis le début de l’année, des professionnels dévoués s’affairent à administrer le vaccin contre la COVID-19 à nos résidents les plus vulnérables. Les équipes formées expressément pour la distribution de ce vaccin nouveau genre comprennent, oui, des infirmières et des infirmiers, mais aussi des logisticiens qui veillent à chorégraphier le ballet de la distribution.
Ce n’est pas une mince affaire. Le vaccin est très fragile. Il doit être gardé congelé à une température de -20 °C, ce qui implique de le conserver dans des caissons de transport réfrigérés conçus spécialement pour ça. Les TNO ne possèdent que cinq de ces caissons. Et lorsque le vaccin est dégelé en vue d’être administré, il doit être manipulé avec énormément de délicatesse parce que les fioles trop agitées ne sont plus utilisables. On compte littéralement le nombre de pas effectués par chaque ampoule pour s’assurer qu’on ne gaspillera pas une seule dose.
Ajoutez à ça le défi d’acheminer un nombre exact de doses dans des collectivités éloignées dont certaines ne sont accessibles que par avion et l’on comprend aisément pourquoi les dates précises des séances de vaccination sont parfois annoncées à la dernière minute. Ce n’est pas parce qu’on effectue la tâche approximativement à la va-vite, bien au contraire, c’est parce que l’opération nécessite une précision d’horloger.
Il faut, par ailleurs, gagner la confiance des collectivités en travaillant de concert avec les administrations locales et le personnel de la santé sur place qui connait les résidents, ceux qui parlent les langues aussi. Soulignons, d’ailleurs, l’exploit d’avoir réussi à rapidement rendre l’information sur le vaccin disponible dans chacune des onze langues officielles du territoire. Les traductrices dénées, inuvialuites et cries qui ont dû inventer les façons de nommer un «vaccin inactivé à ARN messager» et d’autres jargons du genre sont des héroïnes de l’ombre qui méritent toutes nos félicitations.
Il est encore trop tôt pour juger de l’efficacité du travail effectué, mais on peut d’ores et déjà constater le sacrifice accompli par les équipes de vaccination qui se donnent corps et âme pour leur mission cruciale. Ces gens travaillent sans relâche, souvent sept jours par semaine, dans des conditions parfois précaires. Dans certaines collectivités, les équipes sont envoyées avec leurs sacs de couchage parce qu’il n’y a pas de capacité d’accueil suffisante pour leur fournir un lit.
On imagine assez bien la frustration que ces personnes ont pu ressentir quand elles ont appris que, pendant ce temps, leur patron, le sous-ministre de la Santé, avait choisi de passer le congé des Fêtes à l’extérieur du territoire. Aucune règle n’a été enfreinte, soit, mais un contrat moral a bel et bien été brisé. Alors que le personnel de la santé redouble d’efforts dans un contexte tendu, les leadeurs ne devraient pas prendre de vacances.
Les hauts fonctionnaires qui ont choisi de voyager durant les Fêtes, et particulièrement ceux dont le travail est directement lié à la présente crise sanitaire, doivent faire amende honorable, admettre l’indélicatesse de leurs actions et présenter leurs excuses à leurs employés qui, eux, ne chôment pas.