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le Jeudi 11 février 2021 14:56 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Autochtones

De la visite appréciée dans le Sahtu

De la visite appréciée dans le Sahtu
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Des étudiants en médecine vétérinaire de l’Université de Calgary se sont récemment déplacés dans la région de Sahtu afin de donner des soins aux animaux de la région. Une telle initiative s’avère essentielle pour les habitants des collectivités isolées pour lesquelles l’accès aux soins vétérinaires est difficile.

Karine Lavoie, IJL — APF – Territoires

Depuis 2008, des étudiants en médecine vétérinaire de l’Université de Calgary se rendent dans le Sahtu pour offrir des cliniques de stérilisation, de vaccination ainsi que d’administration de vermifuges aux animaux.

Bien que la pandémie et les restrictions qui s’y rattachent aient complexifié la mise en place du programme cette année, l’équipe vétérinaire a pu aller à la rencontre des animaux suite à un isolement de 14 jours à Yellowknife. La tenue de ces cliniques a un impact majeur sur la santé des animaux, en plus de permettre des échanges entre ces deux cultures.

Du 29 janvier au 11 février, les futurs vétérinaires en provenance de Calgary ont visité les collectivités de Norman Wells, Tulita, Déline, Fort Good Hope et Colville Lake afin d’offrir des soins à de nombreux animaux de la région. « Nous prévoyons de voir environ 300 animaux, principalement des chats et des chiens, mais ces dernières années, nous avons également vu des lapins et des cochons d’Inde », précise Dre Michelle Tuma, alors qu’elle en était à la première semaine de ce périple.

Dre Tuma est vétérinaire à Yellowknife, en plus d’être chargée de cours pour la Faculté de médecine vétérinaire de Calgary (UCVM). Elle accompagne le groupe depuis 2016. Selon elle, ces cliniques ne seraient pas possibles sans l’apport financier de partenaires dans le projet : « Le financement provient de l’UCVM, mais cette année aussi, l’organisme Vétérinaires Sans Frontières contribue à couvrir les dépenses supplémentaires dues entre autres à la période d’isolement obligatoire [à l’arrivée aux TNO] ».

 

La nécessité des soins vétérinaires en régions éloignées

Des soins de base peuvent avoir un grand impact sur la vie d’un chien : « Les maladies mortelles évitables telles que le parvovirus sont beaucoup plus courantes et, par conséquent, les chiots souffrent horriblement et meurent. Les femelles adultes peuvent tomber enceintes tous les six mois. C’est tellement stressant et malsain pour ces mamans », explique Nicole Spencer, présidente de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) des Territoires du Nord-Ouest. « La plupart des chiens ont des vers et certains peuvent être tellement infestés qu’ils meurent d’anémie », ajoute-t-elle.

Au fil des ans, les actions sur le terrain apportent des répercussions positives : « La clinique de Sahtu a été un avantage important pour la région. Nous avons constaté une baisse du nombre de chiens envoyés [à la SPCA] par ces cinq communautés au cours des dernières années », indique Nicole Spencer.

Valerie Tosczak Quesseth habite à Norman Wells et s’est présentée à la récente clinique pour ses deux chiens. Ils ont ainsi pu recevoir leurs examens de routine, se faire vacciner et se faire couper les griffes. Pour elle, recevoir de tels services est très important : « La visite de ces personnes gentilles et compatissantes chaque année est une bénédiction pour nous, surtout là où nous vivons et de la façon dont nous sommes isolés ».

Le fait de ne pas avoir accès en tout temps à des services vétérinaires s’avère un obstacle majeur. « Ça me brise le cœur de savoir à quel point je suis impuissante si quelque chose arrive à mes bébés. S’ils étaient en mesure de venir de deux à trois fois par année, ce serait génial ! », ajoute-t-elle.

 

S’ouvrir à une autre culture

La prévention est un enjeu important dans le domaine de la santé animale dans les communautés nordiques. « Le Nord a besoin de plus d’informations sur les avantages de la stérilisation pour les chiens et la communauté ainsi que sur l’importance des vaccinations. C’est un problème de santé et de sécurité et cela devrait vraiment être promu par tous les gouvernements », explique Mme Spencer.

Au-delà du travail à accomplir, une telle initiative suscite des échanges sur les réalités et le mode de vie nordiques : « J’ai appris qu’au fil des ans, les étudiants consacrent beaucoup de temps à des discussions portant sur la culture nordique. Les instructeurs s’efforcent de faire en sorte que les élèves essaient de comprendre le contexte et l’histoire », ajoute-t-elle.

Ces rendez-vous annuels sont également une occasion pour le personnel de la SPCA des TNO et l’équipe vétérinaire de Calgary d’échanger des informations. « Chaque année, les étudiants passent une soirée dans notre refuge pour apprendre ce que nous faisons et ils nous ont fourni des protocoles médicaux intéressants et efficaces pour nos opérations du refuge », conclut la présidente.