le Dimanche 20 avril 2025
le Jeudi 22 avril 2021 16:57 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Autochtones

Les femmes autochtones entendues à Ottawa

Les femmes autochtones entendues à Ottawa
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Les organismes qui représentent les femmes inuites, métisses et des Premières Nations interviennent aux audiences sur la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Les organisations représentant les femmes métisses, inuites et des Premières Nations à l’échelle nationale veulent participer au dialogue sur leur futur.

Le 15 avril dernier, ces organisations étaient invitées à s’exprimer devant le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord qui étudie le projet de loi C-15, qui vise la mise en œuvre de la Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).

La présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, Lorraine Whitman, a été particulièrement explicite.
« Les femmes autochtones n’ont pas été consultées de manière significative, a-t-elle déploré dans sa déclaration d’ouverture. Où est l’honneur de la Couronne ? Ce n’est pas l’exception, mais la norme. »

Mme Whitman a rappelé qu’un des appels à la justice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées exige de mettre fin à la marginalisation des femmes, des filles et des personnes autochtones issues de la diversité sexuelle.

Elle est revenue à plusieurs reprises sur le sujet lors de l’audience « Les femmes doivent pouvoir être à la table des leadeurs, a-t-elle ajouté. Nous avons une perspective différente de celle des organisations masculines sur la DNUDPA. »

L’Assemblée des Premières Nations n’a pas répondu à notre invitation de commenter les propos de Mme Whitman.

 

Un dialogue ouvert

Face au manque de consultation reproché par l’Association des femmes autochtones, le cabinet du ministre de la Justice David Lametti, qui présente le projet de loi C-15, répond avoir travaillé avec des partenaires autochtones, incluant des titulaires de traités, des gouvernements autonomes et des organisations autochtones afin de développer le projet de loi 
C-15. « Nous avons toujours affirmé que le dialogue se poursuivrait tout au long du processus parlementaire, affirme une porte-parole du ministre. À plusieurs étapes, les Parlementaires auront l’opportunité d’étudier le projet de loi en profondeur, d’écouter nos partenaires autochtones et de considérer les amendements proposés pour inclusion. »

 

Écoutées

La conseillère juridique de l’Association de femmes inuites du Canada Pauktuutit, Beth Symes, a tenu des propos analogues à ceux de Mme Whitman. « Nous devons être à toutes les tables, a-t-elle affirmé, parce qu’autrement, aucune analyse comparative entre les sexes ne sera faite et les droits des femmes autochtones ne seront pas protégés. »

Toutefois, la vice-présidente de l’organisme, Gerri Sharpe, s’est dite satisfaite que plusieurs changements demandés par Pauktuutit lors de consultations sur l’ébauche du projet de loi aient été incorporés.

« Pauktuutit ne demande pas d’amendements au projet de loi, mais demande de le mettre en place le plus rapidement possible, a dit Mme Sharpe, le projet de loi C-15 est essentiel pour que les femmes inuites réduisent l’écart qui les sépare des Canadiennes en termes d’éducation, de logement et de sécurité économique. »

 

Retrouver leur place d’avant la colonisation

L’organisme Les femmes Michif Otipemisiwak représente les Métisses au niveau national. Le 15 avril, devant le comité, sa présidente, Melanie Omeniho, s’est réjouie que son organisme ait été inclus dans nombre de rencontres organisées par le ministère de la Justice et a affirmé appuyer le projet de loi.

« Les organisations nationales autochtones dominées ou dirigées par les mâles ont été sondées et consultées pleinement sur C-15, a observé Mme Omenhiho. Les femmes, les bispirituels et les personnes de genre non conforme ont besoin d’avoir un rôle égal dans la prise de décision. Tout manque d’égalité dans la représentation fait perdre son honneur et sa signification au respect de l’égalité inhérent à DNUDPA. Avant la colonisation, dans les nations métisses, les femmes étaient hautement respectées et centrales au fonctionnement de la société. »

Pour Mme Omeniho, l’inclusion de ces groupes est une condition incontournable à la réconciliation avec les peuples autochtones.

Le projet de loi a été adopté en seconde lecture à la Chambre des communes le 19 avril puis retourné pour examen au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord. 214 députés ont voté pour, 115 contre, essentiellement des membres du Parti conservateur.