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le Mercredi 29 septembre 2021 16:50 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

Articles de l’Arctique, 1er octobre 2021 La réconciliation par le souvenir des femmes autochtones disparues et assassinées

Articles de l’Arctique, 1er octobre 2021 La réconciliation par le souvenir des femmes autochtones disparues et assassinées
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Une statue honorant les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique a été dévoilée, le 17 septembre 2021 dernier, lors d’une cérémonie publique au bord de la rivière Yukon à Whitehorse.

Cette statue, créée par l’artiste francophone de Dawson, Halin de Repentigny, représente une femme, regardant droit devant elle et tenant un tambour dans la main droite. Une centaine de personnes se sont réunies lors de cette « importante cérémonie de commémoration qui offre enfin une visibilité à ces femmes dans l’espace public » selon Christine Genier, maitresse de cérémonie.

« Nous honorons visuellement une vérité douloureuse dans notre communauté, les histoires déchirantes des femmes et filles autochtones disparues ou assassinées au Yukon », a-t-elle indiqué en ouverture de cérémonie.

Pour la cheffe de la Première Nation Kwanlin Dün, Doris Bill, le sort tragique de ces femmes fait partie de la mémoire collective, et la présence de cette statue, au bord d’un sentier piétonnier et à la vue de tous, permet d’offrir un espace sécuritaire propice à la réflexion et à la guérison.

La douleur et le deuil sont cependant toujours présents pour les familles touchées par ces disparitions tragiques, Mme Bill estime qu’un espace symbolique est maintenant matérialisé par la présence de cette œuvre et permet aux familles, mais aussi aux habitants de Whitehorse, de se souvenir de ces vies disparues.

 

Un pas vers la réconciliation

Certains candidats à l’élection fédérale du 20 septembre 2021 étaient présents et ce fut l’occasion pour Mme Bill de s’adresser directement à ces personnes et de donner sa définition de la réconciliation : « Je veux que vous souteniez des initiatives comme celle-ci. Je veux voir des statues comme celle-ci partout au Canada, pas seulement au Yukon. C’est ça la réconciliation et elle nous aide à guérir. Vous faites partie de la réconciliation aujourd’hui, vous marchez avec nous et nous vous demandons de nous rejoindre sur le chemin que nous devons suivre. »

Le 10 décembre 2020, le Yukon a été le premier territoire à dévoiler une stratégie visant à lutter contre la violence faite aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles autochtones. La stratégie appelée Changer la donne pour défendre la dignité et la justice, a été présentée par un comité consultatif coprésidé par Jeannie McLean, ministre responsable de la Direction de la condition féminine, Mme Bill, représentant les Premières Nations du Yukon, ainsi que la directrice générale de la Liard Aboriginal Women’s Society, Ann Mate Raider. Des mesures prioritaires réparties en quatre catégories comme la Sécurité et justice communautaire ou encore l’indépendance économique et l’éducation sont une réponse pragmatique au rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées publié le 3 juin 2019.

 

Le projet de l’amauti rouge dans les collectivités arctiques

La couleur rouge symbolise la perte de ces vies, et le projet de l’amauti rouge souhaite rendre hommage aux femmes inuites. L’association Pauktuutit qui représente les femmes inuites du Canada a dévoilé un projet de commémoration ancré dans la symbolique féminine inuite. L’amauti est une parka avec une poche dorsale qui permet aux femmes de porter un enfant et de le maintenir au chaud. Symbole par excellence de la femme et de la mère inuite, ce projet est un hommage et une façon de se « souvenir du trop grand nombre de femmes […] qui ont été perdues » peut-on lire sur la page de description du projet.

Quatre couturières originaires du Nunavut, du Nunavik, du Nunatsiavut et de la région Inuvialuit ont été sélectionnées parmi 11 candidates.

Sarah Samisack est originaire d’Inukjuak au Nunavik, et son projet fait partie des quatre sélectionnés. Avec 15 ans d’expérience dans la couture, elle a appris les gestes en observant à la fois sa mère et sa grand-mère, mais également lors d’un cours donné dans son école secondaire. Le modèle qu’elle a choisi de confectionner pour ce projet est inspiré du caribou : « J’ai choisi ce modèle, car il est très beau et c’est traditionnel », indique la jeune couturière, qui estime que la couture fait partie de son ADN. Une fois complétés, les lieux d’exposition de ces vêtements seront dévoilés, mais cette collection spéciale sera visible dans des centres culturels des communautés inuites et du Canada.

Promouvoir et accroitre la sensibilisation des Canadiens sont les objectifs de ce projet, car, selon l’organisme, « le nombre inacceptable de femmes et de filles inuites qui sont portées disparues ou qui ont été assassinées est en grande partie un symptôme de la prévalence relativement élevée de la violence familiale et des mauvais traitements subis par les femmes inuites. Cette violence est elle-même un symptôme de problèmes systémiques évitables qu’il faut enrayer. »