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le Jeudi 20 janvier 2022 17:05 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

Articles de l’Arctique, 21 janvier 2022 Honorée pour son parcours remarquable : Gail Cyr reçoit l’Ordre du Canada

Articles de l’Arctique, 21 janvier 2022 Honorée pour son parcours remarquable : Gail Cyr reçoit l’Ordre du Canada
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Gail Cyr a reçu l’ordre du Canada lors d’une annonce officielle faite le 29 décembre 2021 par Mary Simon, la gouverneure générale du Canada. Très active à Yellowknife et au sein des collectivités des Territoires du Nord-Ouest, Mme Cyr a été reconnue « pour sa carrière remarquable en politique municipale et pour ses initiatives de défense des femmes disparues et assassinées et des femmes victimes de violence », selon le communiqué.

Gail Cyr est honorée aux côtés de 134 citoyens canadiens, dont la cérémonie officielle a été reportée à une date non communiquée en raison de la COVID-19 et de l’apparition du variant Omicron. L’Ordre du Canada est l’une des plus prestigieuses distinctions honorifiques civiles au pays et permet la reconnaissance du travail et du dévouement de ces personnes qui désirent une société meilleure et plus juste.

 

Une distinction très méritée

Lorsqu’elle a appris la nouvelle, Mme Cyr, qui ne s’y attendait pas du tout, s’est sentie à la fois stupéfaite et heureuse. Très impliquée dans la vie politique et au sein d’organismes divers, Gail Cyr a consacré sa carrière au service des citoyens et des peuples autochtones des Territoires du Nord-Ouest. Elle a, entre autres, travaillé comme conseillère en développement législatif et politique au ministère des Affaires municipales et communautaires, mais elle a aussi été conseillère spéciale auprès de la ministre déléguée à la Condition féminine. Ne comptant pas ses heures, Mme Cyr s’est aussi impliquée auprès de nombreux organismes de sensibilisation à la violence familiale. Originaire du Manitoba, elle est arrivée en 1974 aux Territoires du Nord-Ouest, où elle a voyagé dans de nombreuses collectivités tout au long de son parcours foisonnant.

« J’ai lancé un programme de services juridiques et des affaires du comité municipal, ces programmes m’ont menée dans les collectivités et j’ai beaucoup apprécié ça. Ces emplois m’ont donné l’occasion de voyager, de rencontrer des gens et j’ai beaucoup aimé être dans ces collectivités », indique-t-elle lors d’une entrevue.

Aujourd’hui, elle est présidente de l’organisme Seniors Society à Yellowknife et membre de la Commission des droits de la personne des Territoires du Nord-Ouest.

Pour le président de cette commission, Charles Dent, elle mérite amplement cette distinction, non seulement par son dévouement à aider les autres, mais aussi par son implication dans de nombreux organismes du territoire.

 

Vers une société plus équitable

Gail Cyr est une survivante de la rafle des années 1960 pendant laquelle des enfants autochtones ont été enlevés à leur famille biologique, afin d’être adoptés par des familles blanches. Lors de cette politique gouvernementale qui a perduré jusque dans les années 1980, des milliers d’enfants ont été séparés de leurs familles et de leur culture. À travers son expérience personnelle, Mme Cyr a dédié sa vie à la sensibilisation aux nombreux enjeux autochtones dans le Nord. Pour M. Dent, sa vision et son point de vue ont permis aux autres membres de la Commission d’appréhender les droits de la personne sous un autre point de vue.

« Elle nous aide à mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les peuples autochtones. Elle apporte un contexte autochtone lors des discussions et c’est vraiment quelque chose que nous apprécions. »

Selon Mme Cyr, la réconciliation avec les peuples autochtones nécessite la confiance, qui peut faire défaut lorsqu’une personne survivante parle de son expérience dans le système des pensionnats. La réconciliation ne pourra se concrétiser que lorsque l’ensemble de la société canadienne contribuera à sa juste part pour une société plus équitable.

«  [Lorsque l’on parle de réconciliation] il s’agit d’écouter, de recevoir, d’accepter, de s’excuser pour que tous les citoyens deviennent égaux. Les personnes autochtones doivent se faire offrir les mêmes opportunités que n’importe qui d’autre », précise-t-elle.

 

La cause des femmes autochtones

Le 25 janvier 2018, l’audience publique de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées siégeait à Yellowknife. Lors de cette audience, Gail Cyr a partagé son point de vue sur le sujet. Très investie dans la cause des femmes autochtones, son travail a été déterminant selon la présidente de l’Association des femmes autochtones des Territoires du Nord-Ouest, Denise McDonald.

« Ses nombreuses contributions ont permis de mettre en lumière certains des problèmes difficiles auxquels sont confrontées les femmes autochtones. Elle a toujours défendu les victimes d’abus. Son plaidoyer pour les femmes autochtones est remarquable et son parcours montre sa compassion et sa volonté d’œuvrer pour une société meilleure », explique-t-elle.

Selon Mme Cyr, les femmes doivent faire entendre leurs perspectives et l’une des façons de le faire est de s’impliquer en politique : « Il est important que leurs voix soient entendues. De plus en plus de femmes relèvent ce défi et je suis heureuse de voir cela. »