La mine de terres rares installées sur les abords du grand lac des Esclaves a livré les résultats de sa phase de validation. Le minerai extrait est non seulement de meilleure qualité, mais aussi plus abondant que prévu. Cheetah Resources, responsable du projet, se félicite de ces réussites, minières, sociales, et environnementales.
Lambert Baraut-Guinet
IJL – Réseau.presse – L’Aquilon
Le projet de la mine Nechalacho, mené par Cheetah Resources, a livré ses premiers résultats, et ils sont meilleurs que prévu. Le minerai recherché, la bastnaésite, est présent en plus grande quantité sur le site de test, et la technique de valorisation et de tri s’est avérée plus performante qu’envisagé par les experts. Ces nouvelles forcent Cheetah à revoir ses plans et à prévoir un redimensionnement du projet.
La mine Nechalacho est la première mine de terres rares au Canada. Son expansion est annoncée prioritaire dans un monde où la demande en métaux de ce type est croissante et que la production est encore dominée par la Chine. Contrairement à ce que leur nom laisse penser, ces métaux sont présents presque partout dans la croute terrestre, mais en très petite quantité, rendant leur extraction et leur purification compliquée. On les emploie dans de très nombreuses industries de pointe et d’avenir. Ils entrent dans la confection des aimants, des batteries, des ampoules à basse consommation ou encore des éoliennes. Cette importance particulière combinée au monopole chinois inquiète les pays occidentaux, Canada inclus. D’où l’intérêt que suscite le projet Nechalacho.
En janvier 2019, après une série de planifications infructueuses, Avalon Advanced Material, alors en charge du projet initial, octroie les droits d’exploitation des 150 premiers mètres de la couche rocheuse, où se trouve une quantité importante de bastnaésite. Commence alors la mise en place du projet pilote d’extraction de terres rares sur place, à quelque 100 km à l’est de Yellowknife, au bord du lac Thor.
Au printemps 2021, l’extraction de la roche débute sur le site. L’objectif : démontrer la faisabilité, la rentabilité et la sécurité environnementale et humaine du projet. Comme l’a expliqué à ce moment-là à Médias ténois le vice-président de Cheetah Resources, David Connelly : « On commence à petite échelle, car on veut démontrer à nos partenaires autochtones et aux membres de l’industrie et du secteur de la règlementation qu’on peut développer un projet qui respecte le territoire, l’eau, qui crée des emplois et des occasions de contrats pour les Autochtones. »
Presque un an plus tard, d’après Vital Metals, maison mère de Cheetah Resources, les résultats « dépassent leurs attentes, et permettent à l’entreprise de valoriser avec succès du minerai de basse qualité initialement considéré comme non utilisable ».
D’après David Connelly, ces bonnes nouvelles sont les conséquences d’une richesse inattendue du site d’extraction, et des performances surprenantes de leur appareil de tri : « Nous nous attendions à voir de la roche rouge, le minerai [que l’on cherche], dans le puits. Mais les parois étaient rouges aussi. Cela signifie qu’il y a aussi du minerai à l’extérieur, autour de la fosse principale. Et, d’autre part, le trieur de minerai basé sur des capteurs à rayons X a fonctionné bien mieux que prévu et a été capable de traiter des teneurs inférieures à celles attendues. »
Si Cheetah livre avec force détails ses résultats d’exploitation, leur communication met également en avant les impacts sociaux et économiques de leurs opérations.
Le partenariat avec l’entreprise Det’on Cho Nahanni Construction, appartenant à la Première Nation des Dénés Yellowknives, fait du projet Nechalacho le premier du genre à être en majeure partie opéré par des membres des collectivités autochtones.
Cheetah communique d’ailleurs avec fierté le taux de recrutement du personnel issu des collectivités. Quand « les mines de diamant des Territoires du Nord-Ouest ne comptent dans leurs rangs que 25 % de personnes autochtones et 50 % de résidents du Nord, nous explique David Connelly, notre objectif était de montrer que, même si nous sommes une petite entreprise, nous pouvons être au moins aussi performants. Nous avons fait beaucoup mieux cette année. »
L’entreprise affirme que plus de 85 % de sa main-d’œuvre est ténoise, et 70 % est issue des collectivités autochtones. David Connelly reconnait tout de même que la taille de la mine de terres rares leur facilite la tâche : « Lorsque nous devrons prendre de l’ampleur, nous serons peut-être 150 à 200 personnes. Les mines de diamants emploient entre 700 et 2000 personnes. Quand il y a un si petit bassin de main-d’œuvre dans le Nord, cela peut être plus difficile pour eux. Nos pourcentages sont meilleurs, mais je tiens à reconnaitre que leurs chiffres totaux sont supérieurs aux nôtres. »
D’après le vice-président de Cheetah, avec l’avancée du projet viendront bien d’autres avantages pour les Territoires du Nord-Ouest. Le succès de la première campagne d’extraction et de tri en 2021 projette les équipes avec optimisme vers l’exploitation du site final et multigénérationnel que sera le site Tardiff, à quatre kilomètres au sud du site T. Le transport et l’acheminement du minerai vers la centrale d’extraction à Saskatoon vont redynamiser la ville de Hay River, par laquelle transiteront les roches extraites : « D’ici 2025, nous expédierons cinq fois plus de marchandises par Hay River que tout ce qui a transité en 2020, pétrole exclu. Il s’agira d’un transport multimodal, qui arrivera par le sud et sera transféré de la barge au rail. Hay River redeviendra un centre de transport pour les TNO », termine David Connelly.
La centrale de traitement, où le minerai sera concentré avant d’être envoyé en Norvège pour purification, est actuellement en phase de construction. Quelques semaines de délai s’observaient cet hiver, mais l’entreprise est sure que les premiers envois outre-Atlantique pourront être effectués dès l’été 2022.
La chaine complète, de l’extraction à la purification en passant par le transport, est censée faire de la mine de Nechalacho un exemple du genre en termes environnementaux. La technique de tri innovante utilisée sur le site, qui ne nécessite pas de traitements chimiques, contrairement aux usages habituels, abaisse considérablement les impacts environnementaux de la mine. D’après M. Connelly, le gouvernement des TNO a réalisé deux inspections et examens des effets environnementaux, en 2021, ne relevant aucune anomalie majeure. Contacté par l’équipe de Médias ténois pour avoir accès à ces rapports d’inspection, le gouvernement n’a à ce jour pas répondu à la demande.
Les équipes de Cheetah Resources semblent dans tous les cas optimistes et confiantes dans les bénéfices que leurs projets apporteront aux Territoires et aux collectivités sur les terres desquelles les mines sont installées.