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le Jeudi 10 février 2022 14:46 Société

Un don important pour la santé animale dans le Nord canadien

Un don important pour la santé animale dans le Nord canadien
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Trois millions de dollars, c’est le montant de la donation qu’un couple de philanthropes de Guelph ont offert à la Northern Animal Health Initiative de Vétérinaires sans frontières au Canada. Ce programme, initié en 2019, a pour objectif d’offrir un accès à des soins vétérinaires dans les collectivités isolées du Yukon, des TNO et du Nunavut.

Lambert Baraut-Guinet
IJL – Réseau.presse – L’Aquilon

Le couple de philanthropes Kim et Stu Lang a fait don, ce jeudi 3 février, de trois-millions de dollars à Vétérinaires sans frontières. Le don considérable servira à étendre et pérenniser l’action de l’organisme dans le Nord canadien, la Northern Animal Health Initiative.

Ce projet a pour objectif de donner aux communautés isolées du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest, et du Nunavut, un accès à des soins vétérinaires. Initié en 2019, la phase pilote du projet a vu une équipe de vétérinaires et de personnel qualifié en soin animalier parcourir le Nord et installer leur clinique mobile dans diverses collectivités. L’équipe a soigné plus de 300 chiens, castré ou stérilisé environ 200, et en a vacciné plus de 600.

« Nous avons fait une étude en 2017 pour recenser les besoins dans le Nord. Nous avons identifié 54 collectivités de plus de 100 habitants n’ayant jamais eu accès à des soins vétérinaires », explique la chargée du programme pour le nord du Canada, Marieke Van den Vilden.

Vétérinaires sans frontières, plus habitué aux actions dans les pays d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est, s’est donc saisi du problème et a mobilisé son expérience pour amorcer un programme dans le Nord canadien. « Je pense que ce que nous avons pu tirer de notre expérience internationale est ce qui va nous permettre d’être opérationnels dans le Nord », détaille la directrice générale de la branche canadienne de l’ONG, Charmaine Brett-Mills.

Elle poursuit : « Il y a trois piliers spécifiques qui nous aident à avancer plus rapidement. Trouver ou identifier une personne dans la communauté qui pourrait prendre le leadeurship sur les questions de santé animale. Ne pas nous installer dans la durée, mais trouver une organisation locale à renforcer. Utiliser le progrès de la télésanté pour apporter ces services à distance si besoin. Ces trois piliers sont renforcés par notre programme d’envoi de bénévoles. Nous en avons déjà envoyé des centaines à l’étranger, le faire dans le Nord canadien est dans nos cordes. »

« On cherche un moyen d’aider les collectivités à avoir un service de santé animale stable et durable. Nous travaillons pour nous retirer du travail. Nous ne voulons pas rester dans les collectivités, nous ne voulons pas être au service des collectivités et trouver un moyen pour ces dernières de créer leur propre structure pour prendre soin de leurs animaux. »

L’apport financier offert par le couple Lang permettra notamment, comme l’explique Mme Brett-Mills, « de construire une stratégie qui créera les bonnes conditions pour une santé animale stable, orientée vers et dirigée par les collectivités ». La surpopulation de chiens errants semi-sauvages et les interactions avec la faune sauvage omniprésente présentent un risque accru de transmission de la rage dans ces collectivités. La maladie, qui se transmet généralement par la salive, est très répandue dans les populations de renards du Nord canadien, et les conflits avec les chiens sont fréquents. Le premier moyen pour lutter contre sa transmission est la vaccination contre la maladie, vaccination que l’équipe pilote du projet de Vétérinaires sans frontières a pu réaliser sur plusieurs centaines de chiens.

Un patient du programme Northern Animal Health Initiative et son maitre. (Courtoisie VSF)

La surpopulation provoque elle aussi des inquiétudes à la population locale, qui craint les confrontations, surtout avec les enfants. Pour limiter la reproduction et limiter le nombre de naissances, la solution la plus efficace reste la stérilisation et la castration des chiens.

Toutes ces mesures sont incluses dans ce que Vétérinaires sans frontières, comme d’autres organismes, appelle l’approche « Une Seule Santé ». Cette philosophie de soin reconnait les nombreuses liaisons entre les santés humaine et animale, tant du point de vue épidémiologique (60 % des agents pathogènes qui causent des maladies humaines sont d’origine animale), que de la santé mentale, de l’économie ou de l’environnement. Une manière de reconnaitre et d’améliorer les liens complexes qui unissent les personnes et leurs animaux de compagnie.

Le fond servira aussi à mettre en place des bourses pour permettre à des jeunes des territoires de poursuivre des études en médecine vétérinaire ou en soins aux animaux, pour renforcer encore les compétences des communautés elles-mêmes. Pour compléter ces initiatives, Vétérinaires sans frontières travaille également avec les gouvernements territoriaux sur les politiques publiques en lien avec la santé animale.

« C’est tellement important pour nous deux d’être impliqués dans le lancement et l’expansion d’un tel projet, » explique Kim Lang dans le communiqué de l’organisme. « Notre don est l’expression de notre amour de toujours pour les animaux et de notre espoir que ce programme fasse une différence. J’espère qu’il aura des effets bénéfiques sur les animaux du Nord et les personnes qui les aiment, en améliorant leur accès aux soins vétérinaires, vitaux pour ces animaux qui représentent tant pour leurs familles et leurs communautés. »