L’Association franco-culturelle de Yellowknife est un organisme de la communauté franco-ténoise. Après quelques années difficiles, l’arrivée fin 2020 de son nouveau directeur général Maxime Joly a officialisé sa renaissance. Avec deux recrutements au printemps 2022, son avenir semble prometteur.
L’Association franco-culturelle de Yellowknife occupe une place particulière dans la communauté franco-ténoise. Créée en 1985 autour des questions de diffusions sportives, elle s’est dévouée depuis à la promotion, la mise en valeur et l’accompagnement de la culture francophone aux Territoires du Nord-Ouest.
Après une période difficile, la structure s’est relancée, en 2020, avec l’arrivée d’un nouveau directeur général : Maxime Joly, et culmine ce printemps avec le recrutement de deux nouvelles personnes. Un objectif qui tenait particulièrement à cœur au directeur général, qui cherche à assurer une continuité.
« Mon but, c’est de consolider les ressources pour arriver à trois salariés à long terme, raconte le directeur général. Il a fallu reprendre tout depuis le début et réaliser une analyse des dix dernières années. L’idée, maintenant, c’est de montrer aux gens la différence que ça fait d’avoir des employés, dans le dynamisme de la structure et dans la proposition d’activités directes. »
« Proposer des activités socioculturelles, c’est le cœur de métier de l’AFCY », raconte M. Joly. Depuis sa création, l’association peut se vanter d’avoir réalisé quelques coups : les participations à Folk On The Rocks, le festival Coup de Cœur francophone ou les soirées cabaret ont égayé la francophonie ténoise depuis trente-cinq ans.
Une programmation qui devrait retrouver du mordant dans les mois qui viennent, grâce aux nouvelles forces vives de l’association.
Batiste Foisy, le nouveau chargé de la programmation et des communications de l’AFCY, a longtemps vécu à Yellowknife. Il est responsable des projets généraux de l’association.
Kathryn Tubridy, elle, est coordinatrice du programme Jeunesse TNO, anciennement géré par la Fédération franco-ténoise et passé récemment sous le contrôle conjoint de l’AFCY et de l’Association franco-ténoise du Sud et de l’Ouest.
« Le passage de ce programme sous notre mandat est un grand changement organisationnel, raconte Maxime Joly. Notre mandat, à nous et à l’AFTSO, reste la programmation socioculturelle, il y a donc une logique à ce qu’on s’occupe également de la jeunesse, qui représente déjà une partie de nos adhérents. »
Deux recrutements que Maxime Joly était impatient de mettre sur le terrain, et qui composent avec lui une équipe construite sur mesure : « Les deux ne travaillent pas en silo, explique le directeur général. Il y a une partie de travail transversal dans leurs emplois du temps. »
Une manière que chacun se sent également impliquer dans les activités du reste de l’effectif, en partageant la responsabilité, et « fonctionne en équipe ».
Kathryn Tubridy est la nouvelle coordinatrice du programme Jeunesse TNO de l’AFCY et de l’AFTSO.
(Courtoisie KT – AFCY)
Des projets plein la tête
Batiste Foisy, la francophonie ténoise, elle fait un peu partie de lui. Arrivé pour la première fois à Yellowknife en 2004, il a depuis participé activement à de nombreuses initiatives franco-ténoises.
Il a été animateur à Radio Taïga du temps où la station dépendait encore de l’AFCY, où il a d’ailleurs officié quelques mois plus tard en tant qu’agent de projet. Il a également travaillé pour le Conseil de développement économique des TNO, la Garderie Plein Soleil, a coordonné des festivals et des expositions, puis a été rédacteur en chef de l’Aquilon.
Alors, quand la direction de l’AFCY a annoncé rechercher deux personnes de manière pérenne, ça a déclenché quelque chose chez l’ancien journaliste. « Avec deux recrutements, raconte-t-il, la dynamique avait l’air bonne, et avec un contexte postpandémie, le moment était idéal pour travailler dans l’évènementiel. »
Son expérience de Yellowknife et des TNO, le nouveau chargé de la programmation compte bien la mettre à son tour au service de la communauté, en proposant un calendrier d’évènements de tous types : concerts et évènements importants, mais aussi activités plus simples et plus régulières.
« Il va de nouveau y avoir de grands évènements : les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste fin juin, ou le retour des spectacles Coup de Cœur francophone à l’automne, » énonce le chargé de la programmation, mais aussi, dit-il, « des petits rassemblements, des occasions de se rencontrer, de se parler en français, quel que soit le prétexte ».
« Il faut venir donner vos idées, car on veut vraiment faire des choses “par et pour” les gens, qui reflètent les envies et les besoins de la communauté. »
Une longue liste de projets potentiels, donc, qu’il compte bien réaliser dans les mois à venir, notamment en partenariat avec Kathryn, chargé elle des programmes jeunesse.
La jeunesse ténoise dans le viseur
Élevée dans un quartier francophone d’Ottawa, Kathryn Tubridy est très vite confrontée, un peu par contrainte, à la francophonie en milieu minoritaire. En fin de compte, elle le concède, cela lui aura été plutôt utile. « Les activités de jeune auxquelles ma mère nous inscrivait pouvaient toujours être faites en français, raconte-t-elle. C’est comme ça que j’ai appris, et, au final, ça m’a apporté plusieurs opportunités professionnelles ! »
Après des études en développement international, elle se tourne vers le milieu francophone, à Sudbury, en Ontario. Elle découvre, après un voyage en Europe, le nord du Canada et son univers communautaire si particulier. De nouveau dans la francophonie, elle est d’abord travailleuse d’établissement dans les écoles, avant de s’occuper de justice pour la Foster Family Coalition à Yellowknife.
Hasard ou non, son rôle dans l’association combine assez bien ses anciennes expériences : proposer aux jeunes des Territoires du Nord-Ouest des activités socioculturelles pour assurer la continuité de la langue française aux TNO.
Des idées, la coordinatrice jeunesse en a plein. Il y a celles qu’elle a déjà mises en place : cours et tournoi d’échecs à l’École Allain St-Cyr, lecture de contes pour enfants avec l’AFTSO, les écoles d’Inuvik, de Fort Smith et de Hay River.
Et il y a celles qu’elle espère pouvoir proposer un jour, comme un espace de loisirs et de garderie « dans un gymnase, une école, un endroit où les enfants pourraient venir jouer, et les parents les déposer pour quelques heures, le temps d’une pause », ou la création d’un vrai réseau chez les adolescents. « Créer des espaces, ajoute-t-elle, des activités pour que les jeunes en immersion et les jeunes francophones puissent passer du temps ensemble et se retrouver. »
Pour ça bien sûr, elle a besoin de conseils, et de retours des jeunes franco-ténois. L’AFCY devrait donc organiser des rencontres, car, comme elle l’explique, « nous avons besoin de savoir ce que les jeunes de 12 à 17 ans ont envie de faire sur leur temps libre. Donc je vais aller dans les écoles, pour en discuter avec eux. »
Objectif mémoire
Avant de pouvoir se projeter comme ça sur des projets à long terme, la direction générale de l’AFCY a d’abord dû stabiliser les finances de l’association et s’offrir des garanties de la part de ses bailleurs de fonds.
Il explique : « Ce n’est pas normal qu’une structure aussi ancienne que l’AFCY ne fonctionne qu’avec un seul employé. Avec une seule personne, il n’y a pas de mémoire organisationnelle, pas de capacité organisationnelle. Chaque fois que la ressource part, il faut tout reprendre de zéro. »
Son objectif est simple : construire une équipe durable et créer une mémoire collective, pour que l’AFCY et les services qu’elle propose à la communauté restent, puissent se développer et s’épanouir sur le long terme.
Au-delà des aspects matériels et financiers, les enjeux sont d’abord humains pour M. Joly, qui souhaite que « l’AFCY soit l’organisme qui fait rayonner la francophonie. Que les francophones soient fiers d’en être membres. Que nos activités soient si intéressantes qu’elles fassent briller la francophonie dans les TNO ».