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le Jeudi 9 juin 2022 15:18 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

La mode arctique sur le podium de Toronto

La mode arctique sur le podium de Toronto
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Du 9 au 12 juin 2022, le festival des arts autochtones de la mode (Indigenous Fashion Arts) à Toronto lance sur le podium une facette lumineuse de la mode, celle des stylistes autochtones de la scène internationale. Cet évènement très attendu, dont le thème de cette année est « Marcher avec la lumière » représente une plateforme pour la mode, l’artisanat et les arts textiles fabriqués par des artistes autochtones.

La créatrice Robyn MacLeod présente, à cette occasion, sa nouvelle collection appelée Dene Futurism Collection (collection futuriste dénée). L’artiste originaire de Fort Providence aux Territoires du Nord-Ouest confronte, à travers ses nouvelles créations, la colonisation et l’habillement historique européen comme moyen d’autodétermination et de construction d’un monde imaginaire.

« Le travail de Robyn soutient les Dénés, malgré les fausses représentations et l’effacement à travers l’art. Il est essentiel de montrer que les Dénés résistent toujours, sont résilients et pratiquent l’autodétermination malgré les obstacles », peut-on lire sur le site de l’évènement.

Dans une publication sur sa page Facebook le 5 mai 2022, Robyn MacLeod a déclaré que son rêve devenait enfin réalité. « C’est incroyable, ce que l’on peut accomplir avec un esprit et un cœur lucides, peut-on lire sur la page. Je dois remercier ma famille, en particulier mon partenaire qui m’a toujours poussé à suivre mes passions et à faire ce que j’aime. J’ai terminé cette collection à 38 semaines de grossesse et je travaille sur une dernière pièce qui fera ses débuts sur ce podium. »

Robyn MacLeod a complété la collection présentée à Toronto alors qu’elle était à 38 semaines de grossesse.
(Courtoisie RM)

 

Le nord sous les projecteurs

Cette année, plusieurs artistes de l’Arctique présentent leurs collections comme Bibi Chemnitz du Groenland ou encore Qaulluq de l’Alaska. Créatrice de mode iñupiaq, cette dernière présente une collection qui célèbre le lien au territoire par l’entremise de motifs traditionnels dans une collection féminine contemporaine et fonctionnelle. Appelée Sisaulik, cette collection honore les valeurs véhiculées dans la famille et dans la communauté de l’artiste. Qaulluq se dit honorée et très enthousiaste à l’idée de partager son travail et de rencontrer d’autres artistes de la mode. C’est la première fois qu’elle est invitée à exposer son travail à Toronto.

Présentée le 10 juin 2022, sa collection est un subtil mélange entre des éléments traditionnels et des tenues contemporaines. Qaulluq crée des vêtements représentant la culture Iñupiaq pour les femmes et les hommes.

« Cette collection est dédiée à ma famille, mes ancêtres, ma communauté et la terre sur laquelle nous vivons. C’est un privilège absolu de partager ma culture à travers mon travail, et je mets mon cœur dans chaque pièce », indique-t-elle lors d’un échange de courriels.

Originaire de Nuuk au Groenland, Bibi Chemnitz s’est lancée dans la mode en 2006. Alors âgée de 23 ans, elle s’est rapidement démarquée sur la scène internationale et ses créations ont été dévoilées sur les podiums de Milan, de Paris et de Shanghai. Les vêtements streetwear qu’elle conçoit sont une fusion des styles vestimentaires de la rue et du hip-hop avec des motifs issus de la culture inuite du Groenland. La styliste aime utiliser l’expression « Urban Inuit » pour décrire ses collections et créations.

« Mon patrimoine inuit et mon éducation groenlandaise jouent un rôle crucial dans ma conception, mais il en va de même pour toutes les influences urbaines dont j’ai été bombardée quand j’ai déménagé au Danemark à l’adolescence », explique-t-elle lors d’une entrevue.

Bibi Chemnitz est une styliste originaire de Nuuk au Groenland. Elle espère que le public de Toronto aimera sa collection de vêtements « streetwear ». (Courtoisie BC)

 

Au-delà de la mode

Créé en 2018, l’évènement, qui s’appelait auparavant la Semaine de la mode autochtone de Toronto a, cette année, changé de nom. Le festival des arts autochtones de la mode reflète davantage le savoir-faire autochtone, transmis de génération en génération.

« La mode autochtone influence profondément la mode canadienne et mondiale et entraine des changements systémiques nécessaires et passionnants, déclare Sage Paul, directrice générale et artistique. Exploiter l’expression et les façons de faire autochtones est essentiel à notre mouvement dans le domaine de la mode, poursuit-elle, et notre nouveau nom reflète le contexte plus large du travail que nous faisons. »

Pour Qaulluq, les modes occidentales et autochtones ne sont pas comparables : « la mode autochtone est bien plus que ce que vous voyez. Il y a tellement de sens derrière [les vêtements] et les histoires sont racontées dans les détails. C’est une façon de maintenir de façon durable notre culture et nos traditions. »