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le Jeudi 18 août 2022 14:48 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Arctique

Bélouga égaré dans la Seine

Bélouga égaré dans la Seine
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Le 3 aout 2022, un bélouga adulte est repéré dans la Seine à une centaine de kilomètres de Paris en France. Une importante opération de sauvetage de l’individu décrite comme une véritable course contre la montre, a été mise en place par la préfecture du département du Calvados et des associations de défense de l’océan et de ses écosystèmes comme Sea Shepherd.

Le mammifère marin n’a finalement pas survécu à son transfert par voie routière vers un bassin d’eau salé à Ouistreham au bord de la Manche. Le cétacé pesant 800 kilos a été euthanasié le 10 aout 2022 en raison de la dégradation de son état à la suite de l’opération de translocation.

« En cours de voyage, les vétérinaires ont constaté une dégradation de son activité respiratoire […] et la souffrance était évidente pour cet animal. Il a été décidé qu’il n’était pas pertinent de le relâcher et donc il fallait procéder à une euthanasie », indique Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire du service départemental d’incendie et de secours du département de l’Essonne.

Le caractère tout à fait exceptionnel de cette opération soulève cependant quelques questions qui restent aujourd’hui sans réponse. Pourquoi et comment un bélouga, animal emblématique de l’océan arctique, s’est retrouvé aussi loin de son habitat naturel ? Quelques hypothèses ont été émises par François Sarano, océanographe, fondateur et actuel président de l’association de protection de l’Océan Longitude 181. Le déplacement du pôle Nord magnétique du Canada vers la Sibérie ou encore la pollution sonore due à l’augmentation du trafic maritime sont quelques-unes des raisons probables évoquées par le scientifique.

Lors de cette opération de sauvetage sans précédent, Robert Michaud, président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins basé à Tadoussac au Québec a été contacté afin de faire part de son expertise.

Véronique Lesage, scientifique dans la conservation des mammifères marins à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêche et Océans Canada, estime que cet individu solitaire n’appartient pas aux groupes de bélougas du fleuve Saint Laurent.

« Ce bélouga n’est probablement pas originaire du Saint Laurent. L’estuaire de ce fleuve est trop loin et l’historique des déplacements des bélougas des divers stocks de l’Arctique ne soutiendrait pas du tout un tel déplacement. L’estuaire du Saint-Laurent ne fait pas non plus partie des stocks les plus proches de la France », explique-t-elle lors d’une entrevue.

Les stocks de bélougas les plus proches des côtes européennes proviennent de la mer de Barents le long des côtes de la péninsule de Kola à l’extrême nord-ouest de la Russie ainsi que de l’archipel norvégien du Svalbard dans l’océan Arctique.

Cette opération qui a nécessité la mobilisation de 80 personnes des services de l’État français, d’associations, de scientifiques et de vétérinaires fait écho à celle d’un épaulard égaré dans la Seine le 30 mai 2022, et qui a connu la même issue que celle du bélouga.