Rebecca Alty sera réélue mairesse de Yellowknife par acclamation, faute d’adversaire pour les élections du 17 octobre.
La mairesse de Yellowknife en est à ses derniers jours avec l’actuel conseil municipal – dont seulement trois des huit membres tentent de se faire réélire. Élue par défaut le 19 septembre, Rebecca Alty entamera en octobre un second mandat avec une nouvelle équipe de conseillers, elle qui l’avait emporté en 2018, à 2 938 votes contre 2 210, contre Adrian Bell.
La mairesse poursuit tout de même sa campagne électorale jusqu’au jour des élections, parmi les 16 candidats qui tenteront d’accéder au conseil municipal. Médias ténois en a discuté avec elle.
Médias ténois – Vous êtes réélue par acclamation, mais poursuivez votre campagne. Que proposez-vous aux résidents de Yellowknife pour votre prochain mandat ?
Rebecca Alty – On a encore beaucoup de travail sur le plan du logement, pour les sans-abris, mais également pour les personnes qui souhaitent s’établir à Yellowknife pour occuper un emploi, mais qui se butent à la crise du logement.
On a apporté beaucoup de changements dans notre dernier mandat dans le règlement de zonage de la municipalité. Cela fera une grande différence, nous pourrons à l’avenir bâtir plusieurs types de logements autour du centre-ville, grâce à un règlement beaucoup plus flexible.
On doit également penser à la fermeture de la mine de diamants Diavik en 2024, qui entrainera des pertes d’emploi et de revenu. Il y a bien des choses que nous devrons accomplir dans les quatre prochaines années pour assurer la santé de notre économie.
D’un autre côté, le tourisme revient enfin après deux années de pandémie. Nous venons tout juste d’ouvrir notre nouveau centre des visiteurs et nous aurons besoin, au conseil municipal, de décider de la gouvernance de ce centre.
La municipalité et ses résidents font face également à l’inflation. Les couts du chauffage et de l’électricité augmentent dans les maisons, mais également pour la municipalité. Il y aura beaucoup de travail à faire pour déterminer le niveau optimal d’offre de services municipaux. Pour quels services les résidents veulent-ils payer ? Y a-t-il des endroits où couper, des services à interrompre ?
Pour augmenter les revenus de la municipalité, il faudra bâtir plus de maisons à Yellowknife, et offrir plus d’espace pour la création de nouvelles entreprises, pour augmenter le nombre de contribuables. Mais on doit également voir aux couts. Ce sera intéressant de voir la direction que prendra le nouveau conseil municipal. Nous pourrons commencer à discuter de nos priorités dès la mi-octobre, après les élections.
M. t. – Parmi les 16 candidats au poste de conseiller, 14 sont des hommes. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette proportion ? Pourquoi est-ce que le conseil municipal n’attire pas plus de femmes ?
R.A. – J’ai parlé avec beaucoup de femmes cette année, j’ai essayé de les encourager à présenter leur candidature. Ce qu’on m’a répondu, c’est qu’il était difficile cette année d’occuper ce poste. Certaines ont fondé une famille.
J’aimerais aussi voir ce que nous pourrions faire à l’avenir, ce que nous pourrions changer pour assurer une meilleure parité. Pour permettre aux conseillères de trouver un équilibre entre les obligations familiales et le conseil municipal. Peut-être pourrions-nous fonctionner en mode hybride, permettre aux membres de siéger à la maison pour certaines réunions, et de se présenter à la mairie pour certaines rencontres.
Au cours de mon prochain mandat, je compte voir ce que je peux faire pour encourager plus de femmes à se présenter. Mais il faut planter la graine [si on veut qu’elle germe]. Certaines femmes que j’ai approchées ces derniers mois n’y avaient jamais pensé. J’espère qu’elles auront l’occasion d’y réfléchir au cours des quatre prochaines années, et qu’elles se présenteront aux élections de 2026.
Bien entendu, être conseiller ou conseillère municipal, c’est beaucoup de travail. Elles et ils ont un emploi à temps plein, en plus de leur famille.
M. t. – Pourquoi est-il important, de votre point de vue, qu’il y ait une certaine parité au conseil municipal de la capitale ?
R.A. – La diversité est importante au conseil, et ce, sur plusieurs plans. Tous auront différentes expériences de vie à apporter à la discussion.
Il est dommage qu’il n’y ait pas davantage de femmes qui se présentent. Mais il y a au moins deux candidats autochtones. C’est une première, mais ce n’est toujours pas assez. Nous devons toujours voir à assurer une diversité au sein du conseil, pour représenter l’ensemble de la population.
M. t. – Seulement trois des huit conseillers municipaux actuels tenteront de retrouver leur siège pour un prochain mandat. Les quatre dernières années ont-elles été difficiles ?
R.A. – Oui, la COVID-19 a été très difficile, pour tout le monde ! Mais je crois que c’est également une question de cycle naturel. Par exemple, Niels Konge quitte le conseil après y avoir siégé pendant 10 ans. Julian Morse et Shauna Morgan y sont depuis 7 ans.
Plusieurs ont accompli plusieurs mandats au conseil municipal, et il est naturel qu’ils nous quittent.
M. t. – De votre côté, vous étiez la seule candidate. Comment expliquez-vous que personne d’autre n’aspire au poste de maire ou de mairesse de la capitale des Territoires du Nord-Ouest ?
R.A. – J’espère qu’aux yeux de certains candidats potentiels, j’ai fait un bon travail au cours des dernières années, et qu’ils ont jugé bon de me garder en poste. D’un autre côté, c’est un travail qui ne s’arrête jamais. Le rôle de mairesse, c’est sept jours par semaine, matin, midi et soir, et ce, pour plusieurs années. Ça ne convient pas à tout le monde. Tous ne veulent pas abandonner leur emploi de 9 à 5, bien entendu. Plusieurs raisons peuvent expliquer que les résidents ne souhaitent pas occuper ce poste, ou ne veulent simplement pas se présenter cette année en particulier.
M. t. – Pour ce prochain mandat, ce ne sont pas les résidents qui vous auront élue. Cela va-t-il changer quelque chose à votre travail ?
R.A. – Non, cela ne changera rien à ma manière de travailler. C’est mon quatrième mandat à la mairie. Chaque mandat est différent et je crois qu’en fin de compte, ça reste un travail d’équipe. Il est toujours primordial de consulter la population. Avec la pandémie qui, espérons-le, est maintenant chose du passé, nous retournons enfin aux évènements en personne.
Je pourrais aller voir les gens, discuter en personne, mieux comprendre leurs problèmes et ce que nous pouvons faire pour améliorer leur qualité de vie. C’est ainsi que j’ai travaillé durant mes trois derniers mandats – à titre de conseillère, puis de mairesse – et je compte le faire pour les quatre prochaines années. Je veux m’assurer de savoir comment nous pouvons travailler avec les résidents de Yellowknife.