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le Jeudi 27 octobre 2022 20:05 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Autochtones

Réconciliation : un travail continu

Réconciliation : un travail continu
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La municipalité de Yellowknife planche sur son Plan d’action pour la réconciliation de 2023 et recueille des idées.

 

À quoi devrait ressembler la réconciliation à Yellowknife ? Une vingtaine de citoyens se sont prononcés jusqu’à présent dans un sondage mis en ligne par la Ville qui, elle, continue à poser des gestes en collaboration avec les groupes autochtones.

Le sondage fait suite à un évènement, tenu le 31 aout dernier au centre d’amitié autochtone Tree of Peace, où une cinquantaine de participants ont pu partager leurs points de vue sur la réconciliation. La Ville a profité de cette soirée pour faire part de ses actions.

Que seulement une vingtaine de personnes ait complété le sondage n’étonne pas la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty. « C’est dans les standards de participation », répond-elle, lors d’une entrevue Zoom. Le sondage a été mis en ligne pour que « les personnes qui n’ont pas pu assister à la soirée du 31 aout puissent néanmoins participer », précise le chargé des communications à la municipalité, Richard McIntosh, dans un courriel.

Il est cependant encore trop tôt pour connaitre les idées recueillies grâce à l’évènement ou au sondage. Mais celles retenues se retrouveront dans le Plan d’action pour la réconciliation de 2023 sur lequel la Ville planche déjà.

L’administration municipale recueille les idées non seulement des citoyens, mais aussi de la Première Nation des Dénés Yellowknives, de la North Slave Metis Alliance et d’autres groupes autochtones.

 

Mot d’ordre : collaboration

La réconciliation passe par une collaboration à tous les niveaux, dont économique. La Ville et la Première Nation des Dénés Yellowknives ont approuvé un programme mixte de développement économique en 2021 et ils travaillent à sa mise en œuvre depuis. « Il y a plusieurs initiatives sur la table et nous avons des rencontres tous les trois mois », dit la mairesse.

L’équipe de haute direction de la capitale, des conseillers municipaux et leurs pendants chez la Première Nation des Dénés Yellowknives ont eu plusieurs ateliers communs. « Les occasions de travailler ensemble se multiplient et ça va au-delà du développement économique », dit Rebecca Alty.

Les sujets abordés ? Notamment, la protection contre les feux de forêt ou le remplacement de la conduite sous-marine dans laquelle l’eau pompée à l’embouchure de la rivière Yellowknife transite jusqu’à l’usine de traitement des eaux.

On peut d’ailleurs constater les retombées de cette collaboration dans le nouveau centre des visiteurs. Celui-ci, ouvert le 12 septembre dans le Centre Square Mall, a entre autres un espace dédié à l’histoire de la Première Nation des Dénés Yellowknives et à leur patrimoine ainsi qu’une galerie d’art non commerciale où sont exposées en alternance les œuvres d’artistes locaux.

« Les rencontres nous ont permis de nous assurer que la culture et l’histoire des Dénés étaient bien présentes dans le nouveau centre des visiteurs », dit Rebecca Alty.

La Ville a aussi créé, avec la Première Nation, un guide d’information autochtone pour les touristes qui paraitra sous peu : « On attend l’approbation finale de la Première Nation, ensuite, c’est l’impression », dit la mairesse. Le guide ressemblera aux autres guides touristiques de Yellowknife, soit un petit format avec plusieurs pages, et les lecteurs pourront en apprendre sur l’histoire des Dénés, sur le territoire et sur les gens d’ici.

L’un des obstacles à l’avancement des projets est par contre le manque de personnel. Si installer des panneaux d’arrêt bilingues, en anglais et en wii`lii`deh, est relativement simple – une soixantaine l’ont été depuis 2020 –, ce n’est pas le cas de plusieurs projets. Par exemple, les lacs de Yellowknife doivent retrouver leur nom traditionnel et la balle est dans le camp de la Première Nation depuis un bon moment. « Le projet n’avance pas aussi vite que désiré, dit la mairesse. Ils en ont beaucoup dans leur assiette. Toutes les organisations sont sollicitées au-delà de leurs capacités. »

La fête du Canada n’a d’ailleurs pas été planifiée en collaboration entre la municipalité et la Première Nation, comme le prévoyait le Plan d’action pour la réconciliation de 2022. « Ils n’ont pas été capables de se joindre à nous, car ils n’avaient pas de personnel disponible pour siéger au comité, explique Rebecca Alty. Ils nous ont donné leur avis et nous en avons tenu compte. »

La priorité de la mairesse : « Que nos employés aient en tête la réconciliation dans tout ce qu’ils font, dans tous les dossiers ». Et c’est d’ailleurs « dans une perspective d’équité », dit-elle, qu’ont été réalisés les changements dans le règlement de zonage de la municipalité en mars dernier.

Grâce à ces modifications, la construction de plusieurs types de logements sera permise autour du centre-ville et un centre de jour pourra, quant à lui, s’établir au centre-ville sans passer par l’approbation du conseil municipal.

Rappelons que, tant à l’approche de l’hiver 2020 que celui de 2021, des propositions de centres de jour temporaires dans le centre-ville ont été rejetées par le conseil et que neuf sans-abris sur 10 à Yellowknife sont autochtones.

Selon la mairesse, une méconnaissance de la manière dont le racisme se manifeste dans les systèmes est un obstacle à la réconciliation. « De ne pas autoriser des immeubles d’habitation dans un secteur perpétue le racisme en ciblant une couche de la société à plus faible revenu, dit-elle. Un grand nombre de locataires sont autochtones. »

Médias ténois a tenté en vain de communiquer avec un représentant de la Première Nation des Dénés Yellowknives avant de publier.

Le processus de réconciliation n’a commencé concrètement qu’en 2015 dans la capitale, dans la foulée de l’adoption de l’appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.