Amélie Legeay
« Par Toutatis ! »
« Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Un village d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. »
Si Astérix et Obélix pouvaient lire ces lignes aujourd’hui, ils ne reconnaitraient par leur langue. Ils seraient même totalement ahuris de découvrir que leurs descendants ont emprunté les mots de ceux qu’ils combattaient au Ier siècle… les Romains !
Tout commence sur un malentendu
Le druide guerrier Diviciac est venu à Rome pour plaider, devant le Sénat, la cause de la tribu gauloise des Éduens, envahie par la tribu gauloise des Helvètes (les Suisses d’aujourd’hui), et demander le secours de Jules César. Ce dernier est lassé, car il est déjà intervenu sur les terres gauloises à plusieurs reprises, mais il tient à la paix. De plus, les Éduens étant riches et puissants, il décide de répondre favorablement à l’appel de Diviciac, mais, lorsqu’il arrive en Gaule, accompagné de ses troupes, en l’an 58 avant notre ère, il ne songe absolument pas à conquérir le pays.
Cinq ans plus tard, Vercingétorix, le chef de guerre du peuple celte des Arvernes, rassemble l’ensemble des tribus gauloises pour se dresser contre les Romains. Cependant, les Gaulois ont toujours été très divisés. Et, quand la bataille finale se déclenche à Alésia, les Éduens se rallient tantôt aux Gaulois tantôt aux Romains, créant ainsi le chaos. Quand les Romains remportent la victoire, ces derniers décident alors de rester là pour remettre de l’ordre.
La colonisation commence et les Romains poursuivent les traditions de la vie gauloise, faite de rassemblements et d’échanges.
Le latin… la langue de la rencontre
Le langage gaulois est né, pense-t-on, du côté de l’Ukraine 3000 ans avant Jésus-Christ. Brutal et vulgaire, il fut vite opposé à la majestuosité du latin.
De plus, le gaulois était une langue principalement parlée tandis que le latin était une langue principalement écrite maitrisée par les érudits, les savants et les ecclésiastiques. Et c’est ce qui effacera inéluctablement la langue gauloise, au profit de celle des témoins et des conteurs de notre histoire.
Aujourd’hui, on compte seulement une centaine de mots issus du gaulois sur une langue usuelle qui en possède environ 30 000. Il y a donc peu de chance que nous en perdions notre latin !
Boire en Suisse Origine : France Date : XIXe siècle Signification : boire seul, sans inviter à quiconque Le mot « Suisse » est issu du milieu militaire. En 1833, on pouvait lire « Le soldat a pour point d’honneur de ne jamais boire seul, il boit avec son Suisse. » Il s’avère que le Suisse dont il est question n’est pas l’habitant du pays du même nom, mais un domestique. Et c’était là une façon de dire qu’un militaire issu d’une famille riche doit se mêler aux autres et ne pas se contenter de boire uniquement avec son Suisse, le concierge de la famille. |
Filer à l’anglaise Origine : France Date : XVIe siècle Signification : partir discrètement, sans dire au revoir À cette époque, les créanciers français étaient communément appelés les « anglais » et il va de soi que certains débiteurs filaient à la vue des Anglais dans les parages. Comme petite vengeance outre-Manche, l’Angleterre utilise l’expression « to take French leave » qui signifie littéralement « filer à la française » pour les mêmes raisons. |
C’est Byzance Origine : Espagne Date : XXe siècle Signification : c’est superbe (au sens de luxueux) Située sur le Bosphore et la mer de Marmara, la ville de Byzance est connue pour sa richesse. Fondée vers 600 avant Jésus-Christ, elle est ensuite devenue Constantinople en 330 après Jésus-Christ lorsque Constantin 1er a décidé d’en faire la capitale de l’Empire romain, avant d’être finalement occupée par les Turcs en 1453 ce qui lui vaudra d’être baptisée Istanbul environ 500 ans plus tard. Si Byzance est restée dans les esprits comme un symbole d’opulence, l’expression n’a été popularisée qu’en 1946 dans une pièce de théâtre « Pantruche, ou les Mémoires d’un truand » dans lesquelles un personnage criait « Quel luxe ! Quel stupre ! Mais c’est Byzance ! » La langue française est étonnante, n’est-ce pas ? Retrouvez-moi la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles expressions. |
Ce n’est pas le Pérou Origine : Espagne Date : XVIe siècle Signification : ce n’est pas grand-chose L’Eldorado a longuement fait rêver les Européens. Ces derniers ont mené de nombreuses expéditions en Amérique du Sud avec l’espoir d’y localiser le pays de l’or où même, selon la légende, l’empereur se faisait saupoudrer d’or de la tête aux pieds chaque matin. En 1532, le conquistador Francisco Pizarro capture Atahualpa provoquant ainsi la chute de l’Empire inca. Le prisonnier décide de livrer une grande quantité d’or aux Espagnols en échange d’une libération qu’il n’obtiendra malheureusement jamais. Cet or sera alors ramené en Espagne. Et c’est le symbole de ce butin qu’était le Pérou ! Avant même de devenir le nom du Pays que nous connaissons aujourd’hui, le Pérou est d’abord devenu un nom commun pour désigner un trésor ! C’est son sens négatif que nous utilisons le plus aujourd’hui ! |
Parler français comme une vache espagnole Origine : France Date : XVIIe siècle Signification : parler très mal le français La côte basque s’étend entre la France et l’Espagne. Elle définit le littoral du sud-ouest compris entre la ville française d’Anglet et la ville espagnole de Bilbao. Il était donc évident qu’un habitant basque du côté espagnol de la frontière ne parlait pas bien le français. En 1640, l’expression d’origine était « Parler français comme un basque espagnol » et la tournure actuelle vient de l’altération du mot « basque » qui se disait alors « vachque ». |