Les Mérovingiens ont « fais néant »
Au VIIIème siècle, la langue divise toujours : les dialectes continuent à se multiplier, mais, dans cette débandade cacophonique, un sentiment d’appartenance commun émerge au sein des diverses populations.
Neuf siècles après l’invasion romaine et cinq siècles après les premières invasions barbares, la différence s’est bel et bien dissoute entre les descendants des Gaulois, la progéniture des Romains et les héritiers des Germains. On les appelle tous désormais Francs et c’est ainsi qu’ils se désignent eux-mêmes. Ce terme, qui qualifiait autrefois les envahisseurs venus d’outre-Rhin, a radicalement changé de sens pour s’appliquer globalement aux habitants de la Francie, quelle que soit leur lointaine origine.
Entre guerres et plaisirs
En 751, les Mérovingiens quittent définitivement la scène politique avec un coup de force, auquel le pape Zacharie a donné son accord. C’est donc un rassemblement constitué de nobles et d’évêques qui annonce au roi que son règne prend fin, entrainant avec lui le déclin de sa dynastie.
Pépin le Bref, fils de Charles Martel, monte sur le trône et ouvre l’ère des Carolingiens. Il insuffle une nouvelle énergie dans le royaume. En roi itinérant, il se déplace avec sa curia, cour, terme latin qui désignait le lieu où se rassemblait jadis le Sénat romain, et qui désormais est une entité purement administrative réunissant une poignée de hauts dignitaires. On y trouve notamment le référendaire, chargé de préparer les actes royaux, le maitre des monnaies, amené à surveiller la fabrication des pièces, le chambrier, gardien du trésor, le sénéchal et le bouteiller, responsables des festins.
Tandis qu’il se rend dans ses palais de Cologne, de Francfort, de Düren ou encore d’Aix pour profiter des joies de la vie, Pépin le Bref maintient son autorité pour reconquérir l’Occitanie ou l’Aquitaine. Il légifère aussi, estimant que le temps est venu de réformer l’Église qui risque de se couper du peuple et de perdre son influence. La connaissance du latin s’est tellement dégradée que la plupart des fidèles ne comprennent plus rien aux prières. Le catholicisme de Francie est malmené. Chaque prêtre, dans chaque église, fait ce qu’il peut comme il veut, suivant ses intuitions, ses inspirations et ses traditions… Pépin le Bref s’évertue alors à imposer une liturgie unique afin de standardiser à nouveau le culte dans le royaume. Mais, les langues parlées ont pris leur essor et l’on ne veut plus du latin.
Une langue unificatrice qui divise
Charlemagne, fils de Pépin le Bref, poursuivra difficilement le travail de son père. Et c’est ainsi qu’il décrète, le 23 mars 789, le capitulaire Admonitio generalis, avis général, qui définit en quatre-vingt-deux chapitres les droits et les devoirs de ces sujets. Il en publie ensuite sur différents thèmes : le pouvoir des évêques, l’administration du baptême, le péage des ponts, la punition des voleurs, la sécurité des voyageurs, l’organisation militaire et, en premier lieu, l’enseignement.
Charlemagne impose un droit collectif à l’instruction. Il fixe un programme scolaire avec des notions élémentaires telles que lire, écrire et compter puis réclame des arts libéraux, les sept disciplines fondamentales de l’Antiquité que sont la grammaire latine, la composition, la dissertation, la musique, l’arithmétique, la géométrie et l’astronomie. Malheureusement, dans son combat, Charlemagne reconstitue une langue qui ne se manifestera désormais plus que sous la forme écrite. Le latin deviendra alors à nouveau la propriété exclusive des lettrés, des religieux, des diplomates et des scientifiques et cette prédominance se maintiendra durant neuf-cents ans. En recréant une élite, il marque ainsi la frontière entre le latin des érudits, langue sans peuple, et le latin du peuple, langue sans écriture. De plus, si le latin est vigoureux à l’écrit, le roman, à l’oral, lui assènera un coup fatal, au point de s’imposer lui-même à l’écrit au siècle suivant.
Cherchez la femme !
Origine : France
Date : XIX
Signification : une femme serait forcément la cause directe d’un évènement dramatique qui se déroule entre individus
C’est probablement parce qu’il connaissait très bien les femmes qu’Alexandre Dumas père, dans Les Mohicans de Paris, fait dire à un de ses personnages, Joseph Fouch, policier de son état : « il y a une femme dans toutes les affaires ; aussitôt qu’on me fait un rapport, je dis : “Cherchez la femme” ».
À l’époque où le patriarcat était peut-être un petit peu plus répandu qu’aujourd’hui, puisqu’on parlait de la femme en ces termes « mauvaise ménagère, dépensière, sotte et perverse, et bien pire encore si elle était éduquée. », il a incontestablement contribué à populariser cette expression.
Un remède de grand-mère
Origine : France
Date : XVII
Signification : un remède populaire, plutôt inefficace
À l’origine, l’expression était un remède de bonne femme désignant une femme âgée, donc d’expérience, ce qui explique la connaissance par cette dernière de remèdes simples pour soigner de nombreux soucis physiques, remède devant bien sûr être compris comme quelque chose qui guérit un mal quelconque.
En 1693, on trouvait sous la plume de Valentin Esprit Fléchier, évêque de Nîmes : « Qu’elle espéroit pourtant avec l’assistance de Dieu, sous la protection duquel étoit ce grand Homme, que dans huit jours elle le guériroit par le moyen de quelques simples, dont elle connoissoit la vertu ; qu’elle demandoit pour toute grâce qu’on n’en parlât pas aux Médecins, qui se moquent de ces petits remèdes de femmes. »
Dans Pratique spéciale de médecine, Michael Ettmüller écrivait aussi : « Cette bonne femme n’ignoroit pas que le vin tiède bu après l’enfantement étoit merveilleux pour refaire les accouchées ».
Et, à cette époque, il est drôle de lire, par exemple, ce remède dans le dictionnaire universel d’histoire naturelle : « Le bouillon de taupe est un remède de bonne femme pour guérir les enfants de l’incommodité de pisser au lit ».
Au fil du temps, on s’est mis à parler de « remède de grand-mère » et la « bonne femme » est progressivement devenue un mot péjoratif.
Proposer la botte (à une femme)
Origine : France
Date : XVIII
Signification : proposer de faire l’amour (à une femme)
Cette expression vient du jargon de l’escrime et fait référence à la botte secrète de Nevers, une succession de coups spéciaux à la réputation imparable qui permettaient à Lagardère de tuer tous ses adversaires. C’est une image comparant le duelliste à l’homme qui, doté de son épée magique qu’il a entre les jambes, fait plaisir à sa partenaire.
La femme de César ne doit pas être soupçonnée
Origine : Antiquité romaine
Date : I
Signification : les personnalités officielles et les institutions doivent se tenir à l’abri des accusations
Cette signification peut être mal interprétée : il ne faut pas comprendre que les personnalités et institutions doivent être intouchables même si elles sont accusées de quelque chose, mais plutôt qu’elles doivent être tellement irréprochables qu’aucun soupçon ne puisse les entacher.
Sinon, elles doivent être écartées ou destituées, avant même de savoir si les soupçons sont justifiés ou non.
Il s’agit en fait d’une réponse que fit Jules César lorsqu’il cherchait à justifier d’avoir répudié, sans aucune preuve, sa troisième épouse Pompéia, soupçonnée de relations illicites avec Clodius. Du fait que son épouse, obligatoirement proche du pouvoir, était suspectée, il se devait donc de l’écarter, qu’elle soit réellement fautive ou pas.
Homme de sac et de corde
Origine : Antiquité romaine
Date : environ X
Signification : personne peu recommandable
Une joyeuse coutume consistait à enfermer les voleurs et les assassins dans un sac, noué par une corde, avant de les jeter dans le Tibre pour qu’ils s’y noient. Cette méthode a été utilisée longtemps après, à diverses époques et dans divers pays. Ainsi, chez le sultan de Constantinople, les condamnés étaient noyés de cette manière dans le Bosphore. En France aussi, sous Charles VI, entre autres, avec noyade dans la Seine.
Un homme de paille
Origine : France
Date : XVII
Signification : une personne qui agit comme prête-nom d’une autre, souvent dans une affaire douteuse
C’est en raison de la faible valeur de la paille qu’autrefois, un homme de paille désignait un pauvre, qui, par conséquent, n’avait pas d’importance sociale. Cela viendrait du pantin de paille qui servait à l’entrainement au combat et qui prenait les coups d’épée à la place d’une véritable personne.
La langue française est étonnante, n’est-ce pas ?
Retrouvez-moi la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles expressions.