le Mardi 2 septembre 2025
le Jeudi 29 juin 2023 14:01 Culture

Un film pour méditer sur notre relation avec la technologie

Un film pour méditer sur notre relation avec la technologie
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Mother, le court métrage de Jennifer Walden, sera adapté en une version longue. La réalisatrice a obtenu un financement de Téléfilm Canada.

L’artiste des Territoires du Nord-Ouest a appris il y a quelques semaines qu’elle va pouvoir bénéficier d’un financement de Téléfilm Canada pour son projet de métrage. Elle pourra ainsi adapter son court métrage Mother en long métrage. Le tournage du film doit commencer l’année prochaine dans les Territoires du Nord-Ouest, prétexte à un entretien avec Médias ténois.

Médias ténois : Que ressentez-vous lorsque vous réalisez que votre court métrage prend de l’ampleur et devient un long métrage ?

Jennifer Walder : C’est fantastique ! J’ai commencé avec un court métrage en 2020. Il ne faisait que neuf pages. Je l’ai développé avec différents mentors. J’ai participé au Whistler Screenwriters Talent Lab en 2021, où j’ai travaillé pendant huit mois avec différents mentors. Nous avons retravaillé intensivement ce scénario. En sortant de ce programme, j’ai continué à travailler dessus et j’ai fait plusieurs autres versions. Je l’ai probablement réécrit une vingtaine de fois. Mais maintenant, nous en sommes arrivés à une version du scénario avec laquelle nous nous sentons à l’aise pour tourner un long métrage. Cela a donc commencé avec une petite graine d’idée qui s’est transformée en un monde entier. Nous venons d’obtenir un financement de Téléfilm, ce qui nous permettra de vraiment lancer le projet et de nous connecter avec d’autres diffuseurs, distributeurs et agents de vente au Canada et à l’international, qui, nous l’espérons, participeront également au financement du projet. Cela signifie que nous pourrons commencer le tournage début 2024. Donc oui, il aura fallu quatre ans pour en arriver là.

 

Mt : Il s’agit donc de l’histoire originale.

JW : Oui. Au début, il s’agissait simplement d’explorer le concept de ce qui se passerait si une jeune enfant se retrouvait seule et sans parents dans les régions sauvages du Nord, et si elle aspirait à une relation parentale. C’était donc une toute petite idée. Mais cette histoire a pris beaucoup d’ampleur : c’est une sorte de film de science-fiction et d’aventure qui se déroule ici dans la région de Yellowknife, mais dans le futur, peut-être 150 ans dans le futur, à une époque où toute la technologie et le monde moderne se sont effondrés. Il n’y a plus de technologie, plus d’Internet. Mais il reste des groupes d’individus. Et comment survivent-ils ? À quoi cela ressemblerait-il ?

 

Mt : Le film explore la relation entre les humains et la technologie ?

JW : Le film raconte l’histoire d’une jeune fille de douze ans. Elle vit dans une cabane isolée avec un robot IA de l’ancien monde qui fonctionne encore et qui l’aide. Elle l’utilise essentiellement comme un outil pour l’aider à survivre, mais aussi pour lui tenir compagnie, parce qu’elle est toute seule, elle n’a personne d’autre. Au début de l’histoire, sa cabane est découverte par des voleurs et des pillards qui, lorsqu’ils voient la technologie qu’elle possède, la veulent pour eux-mêmes, parce qu’elle est si rare. Le robot sauve la jeune fille, mais il est gravement endommagé. La jeune fille se rend compte que pour survivre, elle doit réparer le robot, car elle ne peut pas le faire seule. Elle part donc à la recherche de ce dont elle a besoin pour réparer son IA et elle se dirige vers une mine fictive située dans la toundra, dans l’espoir de trouver les pièces dont elle a besoin. En chemin, elle est continuellement poursuivie par ces méchants qui ont compris qu’elle possédait cette technologie très rare.

 

Mt : Il y a donc beaucoup d’action.

JW : Oui, il y a de grandes poursuites dans la nature avec des méchants et des motoneiges. La jeune fille rencontre un ancien qui voyage en traineau à chiens et qui accepte de l’aider. C’est en quelque sorte leur histoire. En cours de route, la jeune fille se rend compte que réparer sa technologie n’est pas ce dont elle a besoin pour survivre : ce dont elle a vraiment besoin, c’est d’une vraie relation avec de vraies personnes, comme le lien qu’elle a tissé avec ce personnage. À la fin du film, il y a un grand moment dramatique où elle doit faire un choix entre sauver l’ainé qui l’a sauvée ou l’IA, et elle finit par détruire le robot IA pour échapper à la situation difficile dans laquelle ils se trouvent. Il s’agit donc d’une grande aventure dans un grand décor, ici dans le nord, au cœur de l’hiver, alors qu’il fait froid. Nous sommes en février. Au fond, il s’agit d’une histoire sur les liens familiaux, sur la façon dont nous entretenons ces relations et sur l’importance qu’elles revêtent par rapport à notre relation avec la technologie.

 

Le film va-t-il être tourné à Yellowknife ?

Nous allons tourner dans les Territoires du Nord-Ouest et en Alberta. Le producteur avec lequel je travaille est basé à Calgary. Pour l’instant, nous prévoyons de tourner toutes les scènes extérieures ici parce que le film est basé sur la réimagination de cet endroit dans le futur. Et puis les intérieurs, beaucoup de ces scènes, nous les tournerions probablement à Calgary. Tout simplement parce que c’est plus efficace, en termes de temps et de budget.

 

Mt : Prévoyez-vous de travailler avec des locaux ?

JW : Oui, c’est le but. Nous voulons commencer à trouver le plus grand nombre possible de gens du Nord qui sont intéressés à travailler dans l’équipe. Il y aura des auditions. On veut trouver autant de membres d’ici que possible pour tourner et travailler sur le film, surtout parce qu’en tant que cinéaste et membre de l’industrie cinématographique du secteur des médias ici, je veux qu’elle se développe et qu’elle aie une main-d’œuvre durable et en pleine croissance. Et lorsqu’on va tourner au milieu du mois de février, quand il fait froid et glacial, je veux des gens qui connaissent cet environnement. On veut donc des gens du Nord qui comprennent, qui savent comment travailler dans cet environnement et qui sont également enthousiasmés par le projet, parce qu’il met en valeur un peu de leurs régions.

 

Mt : J’ai remarqué que vos films ont toujours des enfants dans des rôles importants.

JW : Oui, absolument. Ce n’est pas intentionnel. Mais si je regarde chacun de mes films, ils ont tous un enfant, souvent le rôle principal. C’est la réalité : je suis mère de deux jeunes enfants et je m’inspire de ce qui m’entoure. J’ai une fille de 12 ans, qui a beaucoup inspiré le personnage principal de ce long métrage. Et dans beaucoup de mes créations, je regarde souvent les enfants et la façon dont ils perçoivent le monde qui les entoure, ainsi que la façon dont nos perceptions changent avec l’âge, ce qui me fascine beaucoup.