Le festival Folk On The Rocks, qui s’est déroulé du 14 au 16 juillet à Yellowknife, a pu accueillir Erica Dee Mah, qui y participait pour la première fois.
Une expérience d’abord intimidante pour l’artiste qui montait sur scène devant un public nombreux : « C’était sans aucun doute le plus grand festival auquel j’ai participé. »
Ses doutes se sont rapidement dissipés en raison de la qualité de l’organisation, de la performance des autres artistes qui jouaient sur scène, mais aussi et surtout en raison du public, qui a témoigné d’un intérêt et d’une grande appréciation pour sa musique.
Une histoire à raconter
Un instrument aux sonorités extrême-orientales confère à l’album d’Erica Dee Mah, The Sargasso Sea, une saveur unique : le guzheng. Il s’agit d’un instrument de musique traditionnel chinois à cordes pincées – une grande famille qui comprend la guitare, la harpe ou encore le banjo – dont les premières traces remontent à plus de deux-mille ans.
Erica a commencé son apprentissage du guzheng il y a environ dix ans, frappée par la beauté des sons qu’il produisait. Mais ce sont ses origines qui ont poussé la musicienne à approfondir sa maitrise de l’instrument. À moitié chinoise, Erica est une Sino-Canadienne de quatrième génération. Apprendre à jouer de l’instrument ancestral était une façon pour elle d’en apprendre plus sur cette partie de son histoire : « Composer des chansons par l’intermédiaire du guzheng est un moyen de partager l’histoire sino-canadienne qui a démarré à la fin du 18e siècle ».
La nature et ses mystères
Le dernier album d’Erica Dee Mah nous plonge en plein cœur d’une nature verdoyante et mystérieuse, comme le suggèrent certaines de ses chansons comme : Cedar (Cèdre), Willow (Saule), Saltwater Pond (Étang d’eau salée), ou A Green, Green Veil (Un voile vert, vert). « Je me sens profondément enracinée dans le paysage nordique. C’est une source d’inspiration pour moi », indique l’artiste. Celle qui a grandi à proximité de la nature dans le nord de la Colombie-Britannique vit présentement au Yukon, où elle passe beaucoup de temps à l’extérieur.
Le titre de l’album, The Sargasso Sea, est une référence non dissimulée à la mer des Sargasses, une zone de l’océan Atlantique nord. Contrairement aux autres mers, elle n’est pas délimitée par des cotes, mais par des courants océaniques. Cette caractéristique a créé un habitat propice à la prolifération des sargasses, des algues brunes flottantes. Les navires qui s’y retrouvaient piégés en raison du manque de vent et des vastes quantités d’algues qui y poussent, ont fasciné l’imaginaire collectif : la mer des Sargasses est depuis longtemps le sujet de nombreux récits et légendes. Pour Erica, elle est une parfaite métaphore de la situation des immigrants, en particulier ceux de la diaspora asiatique au Canada : « Pas tout à fait acceptés dans leur pays d’accueil, de plus en plus éloigné de leur patrie, coincés quelque part entre deux mondes. » C’est ce sentiment perpétuel de perte et de désorientation qu’a cherché à exprimer la musicienne à travers The Sargasso Sea.