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le Jeudi 31 août 2023 16:48 | mis à jour le 20 mars 2025 10:41 Société

Chronique d’un vendredi soir à Winnipeg 25 aout 2023

Chronique d’un vendredi soir à Winnipeg 25 aout 2023
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Diane Boudreau, artiste-biologiste à Yellowknife depuis 2000

Je pensais bien prendre le large vendredi passé à midi, suite à l’ordre d’évacuation de Yellowknife, sur le grand lac des Esclaves, avec un ami en voilier, mais rendue à Dettah, ce beau grand lac avait un aussi grand nuage de fumée au-dessus, donc je rebrousse chemin. avec du vent dans les voiles.

Je voyais bien tous ces avions qui arrivaient et repartaient de Yellowknife et espérait m’envoler aussi. Dans mon petit camion, la valise de camping, la valise d’avion et la valise de bateau étaient prêtes, donc j’ai pris celle d’avion et j’ai quitté Yellowknife vers 23 h, pour arriver à Winnipeg à trois heures du matin. Un bus nous attendait à l’aéroport et nous a amenés à l’hôtel pour s’inscrire et dormir.

Le lendemain, mon amie Natalie venait me chercher à l’hôtel pour m’amener chez son amie qui avait une chambre de libre. Après avoir averti les ami. e. s de mon lieu d’évacuation voilà que je reçois un texto d’un couple d’amis de Valleyfield, au Québec, qui campent tout près de la ville dea Winnipeg alors on a visité la ville ensemble et ils m’ont amené camper une nuit avec bon souper. Ils m’offrent de me ramener vers Valleyfield, mais non, je n’ai pas fermé mon atelier extérieur à Yellowknife pour l’hiver. Voilà que la voisine du camping avec sa roulotte juste à côté me connaissait de Yellowknife. On a marché dans le camping pour jaser et elle repartait le lendemain.

Elle m’a offert de me ramener à Edmonton, mais je n’avais pas terminé avec Winnipeg. Le mercredi, je visite la galerie Winnipeg Art Galerie (WAG) et, vers 16 h 30, je rencontre une autre connaissance de Yellowknife, Christina qui me dit que Rosella l’attend vers 17 h en voiture avec son petit chien.

Elles m’ont ramené à ma maison d’adoption et le lendemain j’ai visité le musée des droits de la personne avec Christina qui partait le soir même en train vers Saskatoon voir son fils. Rosella qui a grandi au Manitoba repart dans une semaine et m’offre de me ramener soit à Edmonton ou bien à Yellowknife en temps et lieu.

Natalie m’offre de m’amener à la campagne visiter Saint-Léon et ses environs ainsi que sa famille. Évidemment, les évènements me sont favorables durant mon séjour et quand la journaliste de France Inter m’appelle pour me demander une entrevue, je préfère ne pas le faire, car j’ai été avantagée donc j’ai donné le nom de quelqu’un d’autre qui travaille fort sur place pour nourrir les gens avec ses poissons.

Ce vendredi, je visite les galeries et voilà que je demande à monsieur de la galerie/encadrement si je pourrais avoir de beaux petits cartons blancs que je vois dans sa poubelle, j’ai l’œil ! Il m’offre ce qui peut entrer dans mon sac à dos et me dit de revenir. De plus la dame chez qui j’habite m’offre les crayons de dessin et pastels de son fils qui est parti à Cologne et qui a laissé le tout au sous-sol. Reste à m’assoir tranquille et commencer à dessiner, mais quoi ?? Les forêts brulées que je n’ai pas vues de mes yeux, car je suis partie en avion ? Je pense à mes ami.e.s parti.e.s en voiture qui ont dû dormir dans leur voiture avec des masques et qui ont vu le paysage d’Enterprise décomposé. Je trouverai bien l’élément déclencheur, mais pour le moment je reste découragée d’apprendre qu’à Hay River on doit évacuer, et vite.

Le feu est à la porte, le vent a mal tourné. Il fait trop beau et chaud. Je retiens mon souffle.