Au Yukon

Elodie Bernard, directrice de l’organisme Les Essentielles, à Whitehorse, estime que la stratégie nationale va permettre aux organismes de structurer des actions pour assurer la sécurité et l’autonomisation des femmes francophones immigrantes en milieu minoritaire.(Courtoisie)
L’accès limité aux services de soins de santé en français et la reconnaissance de leurs compétences sur le marché du travail sont quelques-uns des obstacles auxquels les femmes francophones doivent faire face. Pour Élodie Bernard, directrice générale de l’organisme Les Essentielles depuis aout 2024, les défis sont variés dans le quotidien des femmes. Mais c’est en partenariat avec d’autres organismes francophones comme Partenariat Communauté en Santé, qu’un accompagnement et des séances d’information récurrentes sont proposés aux femmes qui doivent naviguer dans le système de santé.
« Pour chacune de nos activités, il y a, à peu près, 50 % de nos membres qui sont issues de l’immigration parce que nos activités leur permettent aussi de socialiser, de faire le lien, de rencontrer des personnes, de partager des choses », explique Mme Bernard.
Cette stratégie est essentielle selon la directrice, car elle permet de « préserver un accès équitable aux ressources ». Il est aussi question de lutte contre les inégalités et la discrimination parce que les femmes immigrantes peuvent être confrontées à des barrières qui sont liées à la langue selon la directrice.
« Cette stratégie va nous permettre de structurer des actions pour assurer leur sécurité et leur autonomisation. En fait, ces deux sujets sont directement liés aux missions et aux valeurs de l’organisme Les Essentielles. Ce sont déjà des choses qu’on fait au quotidien, mais comme la stratégie devient pancanadienne, ça a une portée et une valeur encore plus grande qu’auparavant, parce que chaque territoire et province fait quelque chose de son côté. »
Dans les TNO

Pour Audrey Fournier, directrice générale de la Fédération franco-ténoise, l’accès à des services de garde est l’une des barrières auxquelles les femmes francophones doivent faire face à Yellowknife.(Carole Musialek)
À Yellowknife, l’accès à des services de garde d’enfants n’est pas forcément chose facile. Selon Audrey Fournier, directrice générale de la Fédération franco-ténoise, les nouvelles arrivantes qui n’ont pas accès à un service de garde d’enfants ne peuvent pas non plus accéder aux autres services en français qui permettent notamment l’insertion économique par la recherche d’emploi.
« Ça, c’est des choses qu’on doit prendre en compte, et sur lesquelles, je pense, la communauté réfléchit aussi », explique Mme Fournier pour qui il y a un manque flagrant de places en garderie.
De façon plus globale et sur l’ensemble du territoire, l’accès limité aux services de santé en français, de même que l’accès aux ressources juridiques demeurent des barrières pour les femmes francophones immigrantes. Ce manque d’accès limite fortement la compréhension du milieu légal dans lequel ces femmes s’installent. Il s’avère donc difficile pour elles d’appréhender la culture entrepreneuriale et les règlementations.
Le Nord sans ses spécificités territoriales

Soukaina Boutiyeb de l’AFFC regrette le manque de données disponibles sur les femmes francophones immigrantes en situation minoritaire.(Courtoisie)
L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne présente, dans sa stratégie, les données chiffrées pour chaque province. En revanche, les trois territoires sont regroupés dans une même catégorie représentant le Nord. Ces résultats conglomérés ne facilitent pas la lecture des données d’après Mme Fournier. Certains chiffres mis de l’avant ne correspondent pas forcément au contexte des TNO. Cependant, la situation des femmes immigrantes francophones dans le nord du Canada présente plusieurs défis et obstacles qui entravent leur intégration.
« Le manque de services essentiels influence grandement la décision de rester ou non dans la région », peut-on lire dans la stratégie.
Le manque d’accès aux ressources juridiques et à des structures d’hébergement pour les femmes les plus vulnérables, l’intégration professionnelle insatisfaisante et le manque d’accès à des services et des professionnels de la santé francophone met les femmes immigrantes dans une situation de vulnérabilité qui nuit à leur santé mentale, au bonheur familial et peut entrainer un isolement.
Enfin, la stratégie souligne qu’une coordination efficace entre les différents organismes sera nécessaire ainsi qu’un appui politique des gouvernements des trois territoires, pour la mise en place d’initiatives de soutien.