le Dimanche 20 avril 2025
le Vendredi 5 mars 1999 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Politique

De l’or ou des cacahuètes ? L’industrie minière au Nunavut
Première partie

De l’or ou des cacahuètes ? L’industrie minière au Nunavut
Première partie
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Les médias présentent régulièrement le Nunavut comme une circonscription faisant figure d’un désastre économique et social. La signature récente de l’Entente finale de financement du gouvernement du Nunavut, qui reconnaît au futur gouvernement une capacité d’autofinancement d’à peine cinq pour cent, témoigne assez bien de la situation actuelle du territoire. En grattant un peu sous la surface cependant, on se rend compte que le Nunavut pourrait bien ne pas être aussi pauvre qu’on veut bien le laisser entendre.

Il est vrai qu’à écouter les exploits des compagnies minières qui annoncent, l’une après l’autre, la découverte de merveilles dans l’ouest des Territoires, on peut finir par se demander si le Nunavut n’est pas, en termes de ressources minérales, l’enfant déshérité du processus de scission des TNO.

Les mines en activité ne sont pas légion au Nunavut. Par contre, celles qui sont en opération ne sont pas de petit calibre. La mine Polaris qui est située à 240 kilomètres à peine au sud du pôle magnétique a extrait, l’an dernier, près d’un million de tonnes de minerai contenant du zinc et du plomb. L’infrastructure colossale de Polaris, qui emploie quelque 250 employés, est souvent citée comme modèle en matière de conception et d’intégration à l’environnement. Compte tenu du coût de l’implantation de l’infrastructure nécessaire aux opérations, on comprend bien qu’une compagnie ne désire pas acheminer des centaines de tonnes de matériaux pour exploiter un filon de trois mètres cubes de plomb.

La mine de Nanisivik – qui signifie en inuktitut l’endroit où l’on trouve des choses – est située à 27 kilomètres d’Arctic Bay. Elle produit actuellement du zinc et du plomb qu’elle exporte en Europe. La mine emploie quelque 200 employés mais, comme c’est le cas pour la mine Polaris, ses réserves diminuent et son espérance de vie ne devrait pas dépasser de beaucoup la première décennie de l’an 2000.

À y regarder d’un peu plus près cependant, on s’aperçoit vite que le Nunavut fourmille de prospecteurs et de projets qui pourraient bien un jour fournir des surprises à la population.

Depuis quelques années, un cours de prospection et un concours de trouvailles minérales a été institué dans les communautés. Il s’agit là d’une façon de sensibiliser les gens à la géologie ainsi qu’à l’importance que peut représenter l’exploitation du sous-sol. C’est aussi une façon de donner la chance à la population inuit qui possède une connaissance des terrains, de jouer un rôle dans une chasse au trésor qui, autrement, ressemblerait à une invasion coloniale. En 1996, plusieurs Inuit du village de Kimmirut, qui servait alors de base pour des explorations intensives menées notamment par la firme Rubicon, me firent part de leur espoir de découvrir un filon de minerai et de demander une concession qui les conduirait à la fortune. Face aux grandes compagnies qui sillonnent le territoire en hélicoptères, les campagnes de prospection pédestres des Inuit de Kimmirut et les rêves qu’ils entretiennent revêtent des allures de ruée vers l’or du début de siècle. Deux ans plus tard pourtant, l’un d’entre eux a effectivement réalisé une découverte qui fit la manchette des journaux l’été dernier. Au mois de novembre, Mary Flaherty a remporté le premier prix avec la découverte d’un dépôt d’or et de cuivre. Un autre participant au concours a identifié une source de labradorite, une pierre semi-précieuse actuellement exploitée au Labrador. Il faudra bien sûr attendre la réalisation d’études pour déterminer si ces trouvailles seraient rentables lors de leur exploitation.

Le programme de géoscience, institué depuis l’automne dernier dans la région de Baffin par la Corporation Qikiqtaaluk, vise entre autres à constituer une base de données cohérente. On verra à compiler une masse d’information disparate qui pourrait s’avérer fort utile et faciliterait sans doute la tâche des compagnies minières s’intéressant à la région.

Mais le plus gros obstacle au développement d’une industrie minière solide au Nunavut réside sans doute encore dans les coûts élevés du transport et la quasi-absence d’infrastructures routières ou maritimes.

Malgré tout, plusieurs projets en sont actuellement rendus à la phase du développement au Nunavut. Plusieurs d’entre eux sont même reconnus, dans leurs domaines respectifs, comme étant les projets d’exploitation les plus prometteurs au Canada.

En 1997, le projet d’exploitation Meadowbank, situé à proximité de la communauté de Baker Lake, a généré une estimation des réserves de la concession à 1,5 millions d’onces d’or. L’exploration s’est poursuivie, et de nouveaux résultats ont récemment confirmé que les réserves sont encore plus abondantes.

Au nord de Rankin Inlet, deux autres projets d’exploitation sont actuellement en cours de développement. Le plus avancé, nommé Méliadine Ouest, fait suite à la découverte de 3,26 millions d’onces d’or, estimation qui pourrait encore augmenter selon les prospecteurs. Dans la même région, les explorations ne font que commencer dans le secteur de Méliadine Est.

Pourtant, elles ont déjà mené à la découverte d’un dépôt de 0,4 million d’onces d’or.