Les membres de la coalition Alternatives Nord ont présenté leur version personnalisée du budget fédéral le 2 février dernier en conférence de presse.
Sous le thème « Commençons par le commencement », les membres de la coalition, qui représentent divers groupes de pression, ont établi l’ultime priorité cette année : la santé des familles canadiennes. Depuis 1995, le budget fédéral alternatif (BFA) est rédigé par un consortium d’une centaine d’économistes recrutés dans plusieurs associations regroupant des travailleurs, des femmes et des écologistes en provenance des quatre coins du pays. « Ces experts font la promotion d’un système de valeurs prônant avant tout le bien-être des citoyens », explique Suzette Montreuil du Diocèse du Mackenzie. Le BFA propose au gouvernement Chrétien une autre façon d’utiliser les surplus de 100 milliards annoncés pour les cinq prochaines années. La question est d’intérêt puisque le ministre des Finances, Paul Martin, doit déposer son budget dans quelques semaines.
Selon Rosemary Cairn du Conseil sur la condition de la femme, le gouvernement doit mettre l’emphase sur les conditions de vie difficiles des mères de familles monoparentales. « Les mères célibataires sont particulièrement désavantagées. Elles sont souvent à la tête des familles canadiennes les plus démunies. En 1995, près de la moitié des familles monoparentales ayant une femme pour chef de famille se classait dans la catégorie des ménages à faibles revenus », déclare Mme Cairn.
Le rapport concernant l’état de santé des habitants des T.N.-O. fait état du nombre élevé de familles monoparentales de la région (20 %), dont les trois-quarts sont dirigés par des femmes. Le BFA propose la création d’un fonds d’aide aux familles dont les parents sont divorcés. Afin d’éliminer les mauvais payeurs de pensions alimentaires, les sommes dues aux familles seraient puisées à même le fonds et les administrateurs se chargeraient d’en assurer la distribution. Le gouvernement aurait la responsabilité de faire lui-même la collecte des pensions à même l’impôt des principaux intéressés.
Dans le domaine de l’emploi, le BFA suggère de séparer complètement le programme d’assurance-emploi du reste du budget fédéral. « Les surplus budgétaires du programme d’assurance-emploi ne doivent pas être dirigés vers d’autres programmes ni servir à diminuer notre dette nationale », soutien Wayne Campbell de la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Nord.
En plus d’une redistribution plus équitable des richesses, les penseurs du BFA mettent aussi l’emphase sur la protection d’un autre type de riches-se : la nature. Jen-nifer Morin d’Écology North a rappelé l’importance d’investir dans l’environnement. « Moins de 4 % du budget canadien est alloué à la poursuite d’un développement durable. Nous devons améliorer la qualité de l’eau, effectuer le nettoyage de sites contaminés, encourager les initiatives locales. Le développement viable n’est pas une option, c’est un choix de vie », souligne Mme Morin.
Selon les membres de la coalition, une baisse d’impôts n’est pas une solution bénéfique à long terme. L’argent des contribuables doit être réinvesti dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’environnement ainsi que dans la lutte contre la pauvreté. « La nation a un déficit social et environnemental sur lequel le gouvernement doit se pencher avant de procéder à des réductions d’impôt », affirme Ben McDonald, coprésident d’Alternatives Nord.