D’ici une semaine, les six agents de surveillance de la ville de Yellowknife patrouilleront dans les endroits publics visés par le règlement et veilleront au respect de ce dernier. « Durant les premiers mois, les agents donneront des avertissements pour laisser aux gens le temps de s’adapter. Toutefois, cela ne les empêche pas d’émettre des contraventions dès les premiers jours », a déclaré le secrétaire municipal, Tim Mercer. Les agents se promèneront donc en avril pour effectuer des visites surprises, et informer et répondre aux questions des citoyens. « Pour une compagnie, le montant de l’amende a été fixé à 250 $, et pour les individus, il est de 100 $. Pour une deuxième offense, ces mêmes amendes s’appliquent », a expliqué le secrétaire.
Le règlement, qui avait reçu un accueil mitigé et soulevé des débats houleux, fut adopté en septembre 1999 et prendra effet le 1er avril. Certains restaurateurs sont inquiets et mécontents d’un règlement qu’ils jugent discriminatoire, d’autres applaudissent la décision de la ville. Tous devront cependant s’y conformer. Le règlement stipule qu’il sera interdit de fumer dans tous les endroits publics comme les écoles, les garderies, les aires de réception où les clients sont servis, les taxis, les cliniques de santé et les parties communes des édifices publics. La cigarette est également bannie dans tous les bâtiments qui appartiennent et sont exploités par la ville de Yellow-knife comme l’Hôtel de ville, l’aréna Gerry Hall, la bibliothèque et la piscine.
Une autre catégorie d’établissements, incluant les restaurants et les salles à dîner détenant un permis d’alcool, se verront accorder cinq ans pour se conformer entièrement à la nouvelle réglementation. Au 1er avril, ces derniers seront dans l’obligation de réserver 50 % de leurs tables à l’usage des non-fumeurs (alors qu’actuellement le pourcentage requis est de 30 %). Le 1er janvier 2002, le pourcentage de places attribuées aux non-fumeurs augmentera à 75 %. Finalement, il sera totalement interdit de fumer en ces lieux le 1er janvier 2005. Cela donne cinq années aux restaurateurs pour se préparer. « C’est un mouvement plus souple ici à Yellowknife pour au moins donner l’opportunité aux entreprises de changer », a déclaré le propriétaire d’un restaurant qui ne souhaite pas dévoiler son identité.
Si on remet la décision de la ville dans un contexte national, il faut rappeler qu’en Colombie-Britannique, il est interdit de griller une clope non seulement dans les restaurants, mais également dans les bars. « En Colombie-Britannique, 65 établissements ont fait banqueroute pendant les neuf derniers mois », souligne le propriétaire. Cependant, l’interdiction de fumer dans les bars n’est pas pour demain. « Pour l’instant, la ville n’envisage pas de réglementer dans les bars comme c’est le cas en Colombie-Britannique et en Californie. Nous en avons simplement discuté de façon informelle », a soutenu M. Mercer.
Selon la ville, les citoyens semblent en faveur du règlement. D’ailleurs, une pétition de 500 signatures a été déposée à l’hôtel de ville pour appuyer le changement de réglementation. « Cela va protéger non seulement les non-fumeurs et les employés, mais aussi les enfants qui sont les innocentes victimes du tabagisme », a souligné M. Mercer.
Cet avis est loin d’être partagé par le propriétaire. « On ne peut se permettre porter un jugement sur nos clients », a-t-il mentionné. « Et puis, selon mes observations, les fumeurs sont de plus grands consommateurs. Ils dépensent en moyenne plus d’argent et demeurent attablés plus longtemps pour prendre un verre, discuter et griller une cigarette », a poursuivi le restaurateur qui s’inquiète des retombées économiques du règlement municipal. Il trouve la situation injuste. « Les établissements qui sont classés dans la catégorie « bistros et bars » servent de la nourriture à leur clientèle et ne sont pas touchés par le règlement. Les fumeurs savent qu’ils ont un autre choix, alors ils vont aller ailleurs », a déploré le propriétaire.
Pour Pierre Lepage, copropriétaire du bar Le Frolic et du restaurant l’Héritage, tout va bien pour l’instant. « Toutes les tables au restaurant sont non-fumeurs, par contre un petit salon a été aménagé pour les fumeurs qui l’apprécient beaucoup », a déclaré M. Lepage.
Quelques chaînes de restaurants comme Subway et Tim Horton n’ont pas attendu le règlement municipal pour promouvoir un environnement sans fumée. « En janvier 1998, la compagnie a adopté cette politique et elle est en place depuis septembre 1998 », a déclaré le propriétaire Dennis Macaskill. Il est donc interdit de fumer au Tim Horton. « C’était une bonne idée qui a eu un impact positif pour le commerce. Les affaires vont bien et la clientèle est satisfaite », a souligné M. Macaskill.
Pour de plus amples renseignements ou si certains établissements ne respectent pas le règlement, vous pouvez téléphoner au : 920-5630.