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le Vendredi 31 mars 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

First Air : dernière chance Négociations à First Air

First Air : dernière chance Négociations à First Air
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Le médiateur va être nommé par le ministre du travail d’ici à la semaine prochaine et devra intervenir entre la compagnie aérienne et le Syndicat des travailleuses et travailleurs canadiens de l’automobile (STTA) qui représente les 400 employés occupant des postes à la billetterie et les manutentionnaires. Les deux parties sont en négociation depuis septembre dernier afin de ratifier leur première convention collective. « Le moral des troupes est bas », s’est exclamé le représentant syndical Troy Broman. Depuis la fusion avec la défunte compagnie NWT Air, dont les employés étaient syndiqués, des démarches ont été entreprises et les employés se sont joints, en février 1999 au STTA. « First Air n’avait pas de syndicat avant la fusion », a précisé M. Broman.

La première offre patronale a déçu plusieurs employés. « Personne n’est satisfait de la première offre. Le salaire de base des employés travaillant dans les aires d’opération (aire de chargement et d’entretien des avions et cargos) est gelé depuis mai 1998 à 8,78 $/ heure », a expliqué M. Broman. L’offre initiale des patrons consistait à augmenter le salaire initial de 22 ¢, soit 9 $ de l’heure. Le syndicat demandait pour sa part que le salaire horaire minimum passe de 8,78 $ à 9,52$, ce qui correspond à une augmentation de 74 ¢.

« Les négociations ont débuté en septembre et nous avons progressé, mais les questions monétaires ne sont pas réglées. Tout le monde se demande ce qui se passe. L’offre patronale n’est pas une offre. C’est une claque en plein visage, une insulte. Les gars ont attendu deux ans pour finalement recevoir 22 ¢ d’augmentation ! », s’est exclamé le représentant syndical. « La compagnie a gelé les salaires en mai 1998, en affirmant que les employés allaient recevoir un salaire rétroactif et que l’argent pour assumer ces frais était mis de côté. Maintenant, c’est le temps de payer et First Air annonce qu’il n’y a pas d’argent dans la caisse », a jouté M. Broman.

Au sein de la compagnie, les réactions diffèrent. « Il nous reste 100 jours pour en arriver à une entente avec le syndicat. Nous avons réglé plusieurs aspects de la convention collective, mais des différends subsistent par rapport à l’échelle salariale », a souligné le vice-président à la commercialisation et aux ventes chez First Air, Jim Ballingall. « Jusqu’à présent, nous sommes très satisfaits du déroulement des négociations », a-t-il ajouté.

Interrogé au sujet du mécontentement des employés, M. Ballingall a souligné : « Quelqu’un au syndicat essaie de mettre de la pression. » L’échelle de salaire proposée pour une période de sept ans, lors du dépôt de la première offre patronale, établissait le salaire horaire de base à neuf dollars de l’heure pour un maximum de 11,50 $ après la septième année de service auprès de First Air. « 2,50 $ d’augmentation salariale répartie sur une période de sept ans, c’est tout simplement inacceptable », a soutenu le représentant syndical.

« Si la marchandise n’est pas disposée correctement à bord de l’appareil, un virage trop brusque de ce dernier peut provoquer la chute de la cargaison. Un incident comme celui-là peut provoquer l’écrasement de l’avion. Nous avons la sécurité et la vie des passagers entre nos mains. Cela mérite plus que le salaire de base actuel de 8,78 $ de l’heure », s’est exclamé un employé qui désire conserver l’anonymat.

Le salaire annuel des employés de la compagnie correspond à 24 000 $ avec l’allocation pour la vie dans le Nord. Les employés ont un plan d’assurance dentaire et médical qui semble satisfaisant, ainsi que des tarifs avantageux sur le prix des vols. « C’est agréable d’avoir ces bénéfices, mais si les employés ont des bénéfices sans avoir l’argent pour en profiter, on n’atteint pas l’objectif souhaité », a affirmé M. Broman. « Nous sommes la deuxième compagnie aérienne d’importance au Canada et First Air a beaucoup de potentiel d’expansion. Nous voulons seulement des conditions de travail décentes. Actuellement, une personne célibataire peut à peine vivre avec un tel salaire, alors pour une personne qui souhaite élever une famille, c’est impossible », a rétorqué le représentant syndical.

« Depuis novembre 1999, il nous manque environ 8 travailleurs. La charge de travail demeure inchangée, mais la force de travail a diminué. Auparavant, les équipes étaient formées de quatre personnes, elles ne comptent plus que trois membres à l’heure actuelle. Sept employés ont quitté la compagnie durant les deux derniers mois, dont un qui comptait 10 ans d’expérience, et un autre qui en comptait 9. C’est 20 ans d’expérience que nous perdons avec le départ de ces deux employés », a déploré M. Broman.

« Si nous n’obtenons pas de meilleures conditions de travail, je quitte la compagnie et je ne serai pas le seul à le faire », a révélé un employé. Voici l’échelle salariale proposée par le syndicat pour contrer le taux de roulement élevé du personnel : 9,52 $/heure pour salaire de base et la possibilité de gagner un peu plus de 13 $/heure après quelques années de service. « Notre demande vise à garder les employés dans la compagnie pour plus d’une année ou deux. Nous voulons des employés d’expérience qui vont demeurer au sein de la compagnie un bon moment. Nous ne voulons pas continuellement embaucher du personnel, le former et le voir nous quitter après un an ou deux pour aller vers de meilleurs emplois, mieux payés », a exposé le représentant syndical. « Tu as un travail à temps plein, tu devrais pourvoir maintenir un niveau de vie adéquat », a-t-il ajouté. D’ailleurs, il semblerait que la situation financière de First Air soit satisfaisante. « Nous avons eu une bonne année 1999, a dévoilé le vice-président Ballingall, sans toutefois révéler le montant exact. La compagnie dessert 26 communautés au Nord, emploie 1100 employés, possède une flotte de 28 avions et offre 220 vols chaque semaine. « C’est la plus grosse compagnie du secteur privé dans la région. L’an dernier, First Air a engendré des retombées économiques de l’ordre de 40 millions de dollars dans l’économie du Nord canadien, a indiqué le vice-président.

Les employés de First Air sont représentés par trois syndicats, outre le STTA. Un d’entre eux, le FAPA, regroupe les pilotes qui possèdent leur convention collective. Le GAFE représente les travailleurs chargés de l’entretien qui n’ont pas encore signé une entente avec le patronat. Finalement, il y a le CUPE, auquel sont affiliés les agents de bord. Ces derniers n’ont pas de convention collective pour le moment.

« Ça va être une bataille, mais les membres nous appuient et nous sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour obtenir de meilleures conditions salariales », a souligné Troy Broman. « J’espère vraiment que nous allons résoudre nos différends sans devoir aller en grève », a ajouté le représentant syndical.

« Nous voulons que la compagnie entre dans l’an 2000 comme tout le monde. Si nous devons aller en grève, nous le ferons », a affirmé le représentant syndical. « Cela ne devrait être qu’une formalité, puisque nous avons l’appui de nos membres de partout que ce soit à Edmonton, Montréal, Cambridge Bay, Iqaluit ou Winnipeg », a conclu le représentant.