le Vendredi 11 juillet 2025
le Vendredi 28 avril 2000 0:00 Culture

Ô Canada, terre de liberté contrôlée 3 mai : Journée internationale de la liberté de presse

Ô Canada, terre de liberté contrôlée 3 mai : Journée internationale de la liberté de presse
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Le Canada fait bonne figure en matière de liberté, mais il n’en demeure pas moins difficile pour le simple citoyen [ou journaliste] d’obtenir de l’information sur des sujets qui le concernent directement comme la santé, l’éducation ou les finances publiques.

« J’ai écrit une série d’articles sur les inspections dans les restaurants de Toronto. J’ai dû attendre plus de six mois avant d’obtenir des rapports traitant de la santé publique dans la ville de Toronto », a raconté un journaliste du Toronto Star, Robert Cribb. « Pourtant, il s’agit d’une question qui touche toute la population, puisque la plupart des gens fréquentent les restaurants », a poursuivi ce dernier.

Un journaliste au service de CBC à Montréal, Mike Gordon, a dû se battre pendant un an et demi pour avoir accès à des documents concernant la ville de Montréal. « Il règne au Canada une politique du secret », a commenté M. Gordon. « Nous sommes limités lorsqu’il s’agit d’effectuer des reportages en profondeur », a ajouté ce dernier.

Lee Seleck, journaliste à CBC North, en sait quelque chose. Il a été mis sur écoute électronique lorsqu’il effectuait de la recherche sur la grève et le lock-out à la Giant Mine en 1992-93. « Certaines de mes conversations, lors d’entrevues, ont été enregistrées à mon insu. Des agents de la GRC étaient stationnés devant chez moi et surveillaient mes allées et venues », se souvient Lee Seleck. « Lorsque nous allions sur les lignes de piquetage, nous savions que nous allions traiter avec des gens qui étaient en colère. Par contre, nous avons également été intimidés par la GRC, une organisation qui a pour mandat de maintenir la paix : c’est beaucoup plus grave », a avoué M. Seleck.

Chacun de leur côté, les trois journalistes concluent que la liberté d’accès à l’information est fragile au Canada et que citoyens et journalistes doivent s’allier et demander des modifications à la législation afin de rendre celle-ci plus adéquate. Plusieurs journalistes et activistes ont formé une coalition, en mars dernier, pour défendre la liberté d’accès à l’information et promouvoir une application plus contraignante de ces lois au Canada. Un long chemin reste à parcourir pour faire bouger la bureaucratie canadienne et obtenir plus de transparence comme en témoigne Lee Seleck. « J’ai utilisé les deux lois d’accès à l’information [territoriale et fédérale] couramment dans l’exercice de ma profession », a affirmé M. Seleck. Ce dernier se rappelle avoir rempli une cinquantaine de demandes [d’accès à l’information] lors de la rédaction de son livre Dying for Gold. « Les 2/3 de mes demandes ont été rejetées », a-t-il soutenu.

« Nous devons être au courant de ce qui se passe, sinon nous ne sommes pas de vrais citoyens et ce n’est pas une démocratie. Sans informations, nous n’avons pas de pouvoir », atteste M. Gordon. « L’accès à l’information ne concerne pas seulement les journalistes, mais tous les citoyens », a-t-il souligné.