Il y a quelques semaines, je vous avais fait le portrait du nouvel arrivant (qui peut l’être pendant cinq ou sept ans !) à Yellowknife. Aujourd’hui, je veux vous faire la chronique d’une ville qui se vide. Les gens qui sont ici depuis un certain temps ont sûrement commencé à connaître le vide créé par des gens qu’ils connaissent qui s’en vont. Pas si facile à vivre cette expérience de vie.
Même si les gens s’établissent de plus en plus à Yellowknife et ont tendance à y rester un certain temps, la tendance demeure tout de même toujours d’une ville qui bouge, qui change et d’où les gens s’en vont. Et quand ce sont des amis ou même des connaissances, ça provoque toujours une réaction et ça laisse toujours une certaine tristesse derrière.
Quand je suis arrivée ici, ça m’a tout de même pris un certain temps à réaliser vraiment cet état de chose. Tu es nouvellement arrivée, et ce n’est pas nécessairement évident pour toi que le scénario dont tu es témoin se réalise chaque année. Et il y a des moments fatidiques. Par exemple, les gens quittent plus la ville en été. Pour plusieurs raisons : climatiques, professionnelles, économiques et autres. Mon but premier n’est pas d’en décortiquer les raisons profondes, mais tout de même, j’ai pu un peu analyser la chose.
Bien sûr, c’est plus facile de partir l’été. Ne serait-ce qu’en raison de la route, de la température plus clémente, les enfants ont terminé l’école, etc. Donc, la migration se fait plus facilement. Et puis, l’été, on prend les choses un peu plus à la légère. On quitte peut-être la ville le coeur un peu moins lourd quand les oiseaux chantent que lorsque tout est figé dans la glace.
Au fil des ans, tu crois que tu t’es faite à ça, que tu es blindée, que tu as réussi à tout rationaliser ça et à accepter. Mais détrompez-vous. Je crois qu’on ne s’habitue jamais à voir partir des gens qu’on aime bien. Bien sûr, il y a les promesses d’au revoir, mais souvent, ça ne demeure que des promesses. Ce n’est pas la mauvaise volonté de part ou d’autre, mais la vie est ainsi faite et lorsque tu habites à des milliers de kilomètres, le temps passe et tu ne revois plus les gens. Et tu te promets bien de ne plus te laisser ébranler par tout ça…mais ce n’est pas si simple. Ne sommes-nous pas essentiellement sociables et, disons-le, vulnérables. Donc, l’année suivante arrive avec son cortège de départs…et le coeur se serre un peu plus. Je voudrais saluer les gens que je connais qui partent cette année. La ville de Yellowknife ne sera plus pareille sans vous, elle sera différente. Salut à vous et je vous souhaite une vie qui corresponde à vos attentes. On pensera à vous. Pensez aussi à nous.
Salut à Fanny, à Patrice, à Amie! Salut à Terry et Marie-Claire Bradley! Salut à Michel et Michelle Martel et à leurs enfants!
Vous êtes tous demeurés ici assez longtemps pour savoir qu’on n’est pas des oublieux. Et puis, organisez-vous pour recevoir l’Aquilon. Ça vous fera chaud au coeur, quand vous serez loin de voir des visages connus dans le journal et de constater comment la ville continue d’évoluer.
Et comme le dit la chanson :
Partir, c’est mourir un peu, c’est mourir à ceux qu’on aime! Bon voyage!
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