le Mercredi 9 juillet 2025
le Vendredi 30 juin 2000 0:00 Divers

J’suis incapable d’écrire…à la main!

J’suis incapable d’écrire…à la main!
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Imaginez-vous donc!…tellement déformée par l’ordinateur, que je suis incapable d’écrire à la main!

Et dire qu’on nous avait montré à tellement bien écrire à la petite école! Je me souviens, quand j’étais jeune, on disait que les gens qui écrivaient bien avaient « une belle main d’écriture ». C’était l’expression consacrée. Ça ne voulait pas dire que vous écriviez des choses sensées, mais bien que vous aviez une belle écriture lisible. Ainsi, ma propre mère, qui se débrouillait déjà pas mal pour dire ce qu’elle voulait, donc qui écrivait bien, avait en plus, grand talent devant l’Éternel, une belle main d’écriture. Douée la mère! À cette époque, pas question d’ordinateur. Même qu’à cette époque, quasiment pas question de machine à écrire, communément appelée une machine à dactylographier. Eh oui, imaginez que la machine dactylographiait! Et même que ça s’appelait aussi une machine à écrire. La machine écrivait. Ah! la belle époque. Moi, j’ai eu la chance (est-ce vraiment une chance?) de rencontrer mon premier ordinateur très jeune. L’ordinateur en question occupait un espace d’environ 14′ X 18′. Oui, oui, vous avez bien lu. Environ 3 mètres et demi par 4 mètres et demi. Imaginez la bête. L’un de mes tous premiers emplois consistait à nourrir la bête en question. Et la bête se gavait. Elle se gavait de cartes perforées que des dizaines de personnes s’occupaient avec diligence…à perforer. Que voulez-vous? La bête mangeait des cartes perforées et les employés…perforaient. J’aurais bien aimé vous amener un autre terme, mais je n’aurais pas été juste envers ces employés qui, rappelons-le, nourrissaient la bête.

Ce fut donc ma première rencontre avec l’ordinateur. Plus tard, vraiment plus tard, je rencontrai la Bête à l’université. Elle avait pris ses lettres de noblesse et elle commençait, mine de rien, à s’imposer. C’était le début insignifiant, mais tellement imposant de l’ordinateur. Tout doucement, les conversations se sont mises à changer. Avec insistance, un nouveau vocabulaire prenait place. Tranquillement, un nouveau mode de vie s’installait avec son cortège de…snobisme. Tiens,tiens.

Je n’ai pas sauté à pieds joints sur la nouvelle bête. Quelques fois, je suis longue à apprivoiser. Comme les bêtes d’ailleurs. Mais quand j’ai adopté cette nouvelle manière de vivre… oh là! Tout doucement, je me suis mise à oublier ma belle main d’écriture. La chose s’est faite graduellement, insidieusement. Mais une belle journée, je me suis rendue compte, à mon grand dam, que je pouvais difficilement écrire à la main. Et aujourd’hui, que j’écris, si je n’avais l’ordinateur, c’est bien simple, je ne serais pas là, en train d’écrire. Épouvantable.

Ma belle main d’écriture est rendue illisible. À peine si je peux me relire. Je gribouille, efface, réécrit, etc. Finies les belles plumes fontaines à encres de toutes couleurs qu’on change selon ses humeurs! Finis les stylos sophistiqués qu’on magasine pendant des jours avant de trouver le bon et le beau! Fini le papier personnalisé qu’on déniche dans une petite librairie perdue. Fini tout ça et plus encore! Je suis accro à l’ordi, ou si vous voulez, je suis accrochée de l’ordinateur. Ainsi, cette fin de semaine, je dois partir en camping. Mon portable ne fonctionne pas. Panique! Quoi, l’ordinateur ne marche pas. Je ne pourrai pas aller camper. On tente de me raisonner. Tu peux apporter un crayon et du papier. Pas question! Incapable. Je sais, j’exagère. Je le sais. Mais si je n’exagérais pas un peu, je ne pourrais pas écrire. Donc, dépitée, l’ordinateur en panne, je décide d’écrire avant de partir en camping. Le cerveau roule à 200 à l’heure. L’adrénaline monte à une vitesse vertigineuse. OK. On écrit avant de partir. Encore faut-il que les mots pour le dire arrivent! Bon. Les doigts sur le clavier attendent l’inspiration. Et vlan! C’est parti! Parti pour où? Parti pour combien de temps? Parti pour de bon? Le reste de l’histoire, vous ne le saurez jamais, car après tout, c’est moi qui suis partie…en camping! Et vive l’ordinateur! Et tant pis pour l’ex belle main d’écriture. Je vous souhaite d’avoir une bonne batterie sur votre portable…pour ceux qui en ont un, et de ne jamais acheter un ordi…pour ceux qui n’en ont pas! Ainsi, vous éviterez un esclavage inutile. Je radote. C’est le temps de fermer cette sacrée machine. Ciao!

Si vous voulez m’écrire, vous pouvez le faire à l’adresse suivante : [email protected]
Geneviève Harvey
Le Grand dérangement

Et les foudres du ciel se déchaînèrent sur eux! Il se mit à grêler. Ils sentirent que toutes les raisons qui les avaient amenés ici devenaient tout à coup inutiles : le spectacle n’aurait pas lieu!