Le Nord l’a intriguée et elle est montée à Whitehorse où elle s’est établie depuis maintenant trois ans. Lors d’un séjour à Sept-Îles, elle rencontre un habitant du Yukon. « On ne sait jamais ce qui va se passer dans la vie. J’ai des racines là (Yukon) déjà. Je trouve ça super car je peux parler français très souvent. D’ailleurs, je parle plus souvent en français à Whitehorse qu’en Ontario », affirme Nicole. « Je me sens supportée. Dans une grande ville, je serais comme un petit poisson dans l’océan ».
Originaire d’un petit village ontarien, d’une famille anglophone, ne parlant pas français, Nicole a appris la langue de Molière à l’école. « J’ai toujours été attirée par la langue française peut-être parce que j’ai un prénom français. Ma professeure m’appelait Nicole à la française au lieu de Neucole (prononciation anglaise). « Il y avait deux francophones dans mon village : la coiffeuse et le boucher. Certaines de mes amies avec des noms comme Nicole Lafferrière ou Yvonne Desjardins, mais elles ne parlaient pas un mot de français. J’ai compris ce que c’était l’assimilation », poursuit-elle.
À 15 ans, Nicole a fait un échange à Québec, puis à 17 ans, elle a passé l’été en France. « Quand je suis revenue de France, je disais : ô c’est vachement sympa. J’avais l’accent de la France. Là, je me suis dit : câline, je ne parle pas le français de chez nous. J’ai par la suite entendu des Québécois chanter comme Paul Piché et Harmonium, et j’ai appris en écoutant leur musique », avoue Nicole.
« Il y a quelques années, j’étais pas mal bonne pour jouer de la guitare et chanter en québécois au bord du feu. Mes amis m’appelaient la Québécoise manquée. Maintenant, je suis une francophone manquée, puisque le français au Canada, ce n’est pas juste le Québec », précise Nicole. « Je peux m’identifier au français d’ici et à la culture francophone car elle me touche », ajoute-t-elle. « Parfois, je me sens espionne. Personne ne peut savoir que je parle français », me révèle-t-elle avec un petit air espiègle.
La chanteuse a d’ailleurs plusieurs chansons bilingues dans son répertoire. Avec sa voix qui peut rappeler celle de Sarah McLachlan, Nicole fait glisser ses doigts sur sa guitare sur des airs de blues et de soul. Elle travaille en ce moment à la production d’un CD qui sortira probablement en janvier ou en février. Elle me dit toutefois : « Je n’ai pas envie d’être connue autour du monde. Je veux seulement pouvoir toucher les gens avec mes chansons. Mon but, c’est d’être une bonne personne et de vivre une bonne vie. Je veux être saine. Avec la technologie, on s’éloigne de nous-mêmes et de nos voisins. Je trouve cela triste. Il faut réapprendre à vivre collectivement. L’argent n’est pas si important. Il y a de plus belles choses dans la vie que d’acheter ceci et cela ».