Cet article fait partie d’une série d’autres articles que des membres de la Table féministe francophone de concertation provinciale de l’Ontario* veulent diffuser dans le cadre de la Marche mondiale des femmes, et qui se terminera devant le siège des Nations Unies le 17 octobre 2000. Pourquoi une marche mondiale des femmes ? Pour inciter les gouvernements à mettre en oeuvre des mesures pour éliminer la pauvreté et la violence faite aux femmes sans plus attendre !
Au Canada, comme dans tous les pays industrialisés du monde, les femmes participent de plus en plus au marché du travail. En 1997, les trois quarts des mères canadiennes occupaient des emplois rémunérés lorsque le plus jeune de leurs enfants avait atteint l’âge de six ans. Malheureusement, les mères qui sont sur le marché du travail font face à de nombreux obstacles qui les appauvrissent ou risquent de les appauvrir. À l’occasion de la Marche mondiale des femmes en l’an 2000, les Ontariennes s’uniront aux femmes du Canada et du monde entier pour revendiquer le droit d’élever des enfants sans que cela soit synonyme de pauvreté.
Parmi les nombreux obstacles auxquels font face les mères et les femmes chefs de familles monoparentales, mentionnons les services de garderie, les prestations d’aide sociale et le manque de ressources financières.
En 1995, les frais de garderie variaient entre 348 $ à 536 $ par mois, et ces moyennes n’ont fait qu’augmenter depuis. Pour couvrir de tels frais, il faut de bons salaires et, souvent, les emplois que peuvent occuper les femmes n’offrent ni salaires ni avantages sociaux convenables. Pour les familles monoparentales, dont le nombre a doublé au cours des 35 dernières années, cela représente un lourd fardeau financier. De plus, en 1998, 90 % des enfants canadiens n’avaient pas de place en garderie. Les frais élevés ne sont donc pas tout, encore faut-il avoir accès à ces garderies! Pour leur part, les mères qui reçoivent les maigres prestations d’aide sociale font face à de nombreux obstacles sur le marché du travail et dans le système de l’aide sociale. À titre d’exemple, en 1998, le gouvernement de l’Ontario décide que la nouvelle Prestation nationale pour enfants, créée par le gouvernement fédéral pour aider les familles à faible revenu, sera déduite intégralement des prestations d’aide sociale puisque cet argent est considéré comme un revenu. C’est donc dire que les mères qui sont déjà pauvres deviennent encore plus pauvres.
En Ontario, de nombreuses mères font face à de sérieux manques de ressources financières pour élever leurs enfants. Devant la charge que représentent un emploi à temps plein et les soins à donner aux jeunes enfants, certaines femmes cessent de travailler à l’extérieur ou diminuent leur nombre d’heures de travail. D’autres, souvent bénéficiaires de l’aide sociale, n’ont pas les ressources nécessaires pour retrouver les pères qui négligent de payer la pension alimentaire. Sans compter que le salaire des femmes demeure toujours inférieur à celui des hommes. Il y a quatre ans, Statistique Canada observait que le salaire moyen des femmes n’était que de 20 902 $ comparativement à 32 248 $ pour les hommes. Dans ce contexte, beaucoup de mères n’arrivent tout simplement pas à boucler les fins de mois. Les risques d’appauvrissement sont élevés pour les mères de famille et les femmes chefs de familles monoparentales. En ce nouveau millénaire, pourquoi les femmes devraient-elles encore payer seules (ou pratiquement) les frais de la maternité? Lors de la Marche mondiale des femmes en l’an 2000, les Ontariennes feront savoir qu’elles veulent des changements durables pour les femmes. Elles demanderont, entre autres, au gouvernement fédéral de créer et de financer des services de garde universels et accessibles, de remettre la Prestation nationale pour enfants à toutes les familles pauvres et d’offrir un supplément de revenu aux parents qui travaillent.
* La Table féministe francophone de concertation provinciale de l’Ontario (TFFCPO) est un regroupement de groupes de femmes francophones de l’Ontario avec pour mandat de favoriser la concertation et l’action politique pour promouvoir les droits des femmes francophones. (613-241-2128)