le Jeudi 8 mai 2025
le Vendredi 27 octobre 2000 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Le poids des mots… Commentaire

Le poids des mots… Commentaire
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Récemment, j’ai appris que le Centre du patrimoine Prince-de-Galles offrirait une nouvelle exposition : le Journal pour le Fort des Couteaux Jaunes, rédigé en 1802 en français sur de l’écorce de bouleau par un coureur des bois. Ce merveilleux trésor culturel, a été récupéré grâce aux contributions financières de BHP Diamonds Inc./Diamet Minerals Lté, la fondation McLean et Patrimoine canadien. Quelle joie j’avais à l’idée d’y avoir accès bientôt!

Malheureusement, mon engouement a pris un tournant plutôt sombre lorsque j’ai pris connaissance d’un discours fait par la Fédération Franco-Ténoise le 13 octobre lors d’une cérémonie où les organismes et les entreprises qui ont contribué à l’exposition étaient invités. Le discours contenait une phrase remerciant les participants et 3 pages sur les injustices historiques commises contre les francophones, dont voici des extraits :  » Il ne fallut que quelques années cependant pour que la majorité anglophone entreprenne, à la grandeur du Canada, de tenter de faire disparaître la langue française »

 » Parlons franc : il s’agit sans équivoque d’un génocide culturel, d’une épuration ethnique presque’aussi féroce que la déportation des Acadiens, de l’élimination progressive de l’un des peuples fondateurs du pays (Š)  »  » On me répondra que les actifs de cette minorité francophones constituent une preuve de la bonne volonté du gouvernement territorial : deux programmes de français, une commission scolaire (Š) Je prétends que ces miettes n’ont été acquises, non pas grâce au gouvernement territorial, mais malgré lui. Il a fallu des années d’organisations, de lutte, de lobbying, de menaces de poursuite judiciaires »

Je peux imaginer que les gens ont dû rester bouche bée! Je me suis senti déçu et choqué d’un tel discours donné par notre porte-parole. Tout d’abord, vous savez bien que chaque fait historique est interprété différemment dépendant de quel côté de la table on se trouve (je suis sûr que les Amérindiens pourraient faire des discours semblables sur l’impact des religieux et des coureurs des bois francophones sur leur culture). Peu importe la validité des faits, mon opinion est que ce n’était pas l’endroit pour ce genre de discours.

On ne doit pas sous-estimer le poids des mots (tel que génocide culturel?), et sans savoir nécessairement les intentions de la Fédération, je crois que ce jour-là des briques se sont rajoutées aux murs qui nous séparent au lieu d’aider le progrès de la cause du français aux TNO. Les répercussions possibles d’un tel discours ne peuvent être sous-estimées. Supposons que comme bénévole, je décidais d’approcher une des entreprises qui a contribué à l’exposition afin d’avoir une commandite pour une activité quelconque. On me refuserait la contribution avec comme excuse qu’il n’y a plus de fonds disponibles (tandis qu’en réalité le refus pourrait être relié aux frustrations créées lors de cet événement).

Je vois dans ce genre de discours l’inhabilité d’apprécier les étapes, aussi petites qu’elles soient, à l’épanouissement de notre communauté. Critiquer pour critiquer n’amène rien sinon à créer l’amertume. Je crois qu’il est important comme individu de chercher à faire partie de la solution et non à nourrir le problème

Mon but n’est pas de rendre des gens inconfortables ou de diviser notre communauté, mais bien de :

-conscientiser les représentants de la communauté francophone à la confiance qu’on leur accorde, de peser le poids des mots qu’ils utilisent en notre nom et de réfléchir aux répercussions directes et indirectes sur tous les francophones (ça peut prendre des années à bâtir des liens et 5 minutes pour tout détruire);
-d’inciter les francophones à saisir l’opportunité d’apprécier l’exposition d’une richesse culturelle (ouverture publique officielle le 29 octobre de 14 h à 16 h) et de les encourager à démontrer leur appréciation pour les contributions financières des entreprises en écrivant une lettre au directeur du musée afin de remercier ceux qui ont contribué à l’exposition; et
-de rappeler à tous qu’on est un  » p’tit village  » et qu’on doit travailler collectivement à bâtir une communauté francophone solide et à saisir toutes les opportunités pour faire découvrir notre culture et reconnaître, et respecter ceux qui nous aident à atteindre ce but.

Des commentaires personnel sur cet écrit ? N’hésitez pas à m’écrire à : [email protected].