Selon les commentaires de quelques parents habitant les T.N.-O., élever ses enfants en français hors Québec est une réalité qui nécessite beaucoup d’efforts et d’argent. « Je me trouve choyée d’habiter ici, mais il faut faire des efforts », affirme Nicole Loubert. Elle vit à Yellowknife avec son mari, un francophone, et leurs trois filles âgées de 7, 4 et 2 ans. « Ça prend de l’argent quand tu veux être capable d’offrir de l’éducation et des produits en français à tes enfants », admet Nicole Loubert en expliquant que l’achat de livres, de musique et de vidéos en français s’avère plus coûteux.
Hay River : ça demeure un défi
Pour Gilles Roy, résident de Hay River, marié à une Philippine, l’apprentissage du français, langue première, par ses deux filles, est une utopie. « Ce n’est pas facile d’être exposé à la culture francophone, moi-même j’ai de la difficulté », avoue-t-il. L’aînée de la famille a cinq ans et demi et va à la maternelle en français. « On communique un peu plus en français. Je lui fais la lecture et même la plus jeune (deux ans et demi) attrape quelques mots. Je veux qu’elles soient capables de communiquer avec ma famille en français. Mais en même temps, je ne veux pas les isoler de la population en général », explique Gilles Roy. Il espère que ses filles parleront en français, leur langue seconde.
Yellowknife : une situation en évolution
La garderie Plein soleil et l’école Allain St-Cyr sont appréciées par plusieurs parents de Yellowknife, cependant ces deux institutions ne sont pas suffisantes. Le français, ça s’apprend aussi à la maison et en société. « On ne peut pas se passer de ses services », s’exclame Nicole Loubert en mentionnant la garderie Plein soleil. Elle souligne toutefois qu’il est important que les enfants soient en contact avec des francophones non seulement à la maison et à l’école, mais également en société. « Il faut faire un effort pour se faire servir par un francophone, afin que notre enfant s’aperçoive que le français est utilisé partout. » Elle fait notamment référence au système de santé et admet qu’elle aimerait qu’il y ait un plus grand nombre d’infirmières et de docteurs s’exprimant en français.
« Il faut que tu aies une certaine fierté en tant que francophone pour que tes enfants gardent leur langue. Il ne s’agit pas simplement de parler le français, il y a aussi la culture, la façon d’aborder les choses », soutient Jean-François Pitre, dont les enfants étudient dans un collège privé, dans la province de Québec. « Le but, c’est de leur montrer que ce n’est pas honteux de parler en français », affirme Jean-François Pitre, dont les deux fils, nés d’un mariage exogame (mère chipewyan et père francophone), parlent l’anglais et le français. « Il faut leur donner tous les outils nécessaires », ajoute-il.
Un de ces outils est sans contredit la fierté. « Parfois, cinq francophones discutent entre eux et dès qu’un anglophone arrive, tous se mettent à parler en anglais. Ça n’a pas d’allure », souligne Jean François Pitre. « Lorsque je suis arrivée ici, je ne parlais pas l’anglais. Je me suis retrouvé quelques fois avec un groupe d’anglophones qui discutaient. Même si je ne comprenais pas, je ne me sentais pas insultée. Ça ne devrait pas insulter un anglophone s’il se joint à un groupe de francophones qui parlent en français. Ça lui permet d’apprendre », soutient Nicole Loubert en insistant sur le fait qu’il faut s’afficher et être fier, sans renier les gens appartenant à différentes cultures.