Cet article a été initialement publié sur aquilon.nt.ca entre le 9 janvier 1998 et le 8 décembre 2023.
Lors d’une réunion qui se déroulait à Ottawa, sous l’égide de la Fédération canadienne pour l’alphabétisation en français, l’attention s’est tournée vers les parents et le rôle primordial qu’ils jouent dans la transmission de la langue et de la culture.
La commissaire Su-zette Montreuil, qui ¦uvre au sein de la Commission scolaire francophone de division, a participé à cette rencontre où s’est discutée la possibilité de construire un programme de francisation et de re-francisation d’envergure nationale. Ce programme pourrait s’adresser aux gens qui ont des connaissances de base en français, ainsi qu’à ceux qui souhaitent apprendre la langue ou en perfectionner leurs connaissances. « Le nombre de couples exogames [un parent francophone et l’autre anglophone] est à la hausse alors que le nombre de couples endogames [deux parents francophones] a tendance à diminuer », souligne Suzette Montreuil. D’où l’importance, selon elle, de porter une attention particulière aux couples dont l’un des parents est anglophone, et dont les enfants sont inscrits à l’école française ou en immersion.
D’ailleurs, selon une étude de Michael O’Keefe, gestionnaire en politiques et recherche pour les programmes d’appui aux langues officielles du Patrimoine canadien, « le bilinguisme du conjoint francophone est la variable décisive dans la transmission du français.» « Le fait que le conjoint anglophone comprenne et parle un peu le français, même s’il s’agit d’une capacité passive, est très important. Ainsi le conjoint francophone peut s’exprimer dans sa langue sans sentir qu’il exclut l’autre », explique Suzette Montreuil, dont le mari est anglophone. « Kevin peut lire des livres en français aux enfants », souligne-t-elle.
« Il faut trouver des moyens pour aider les anglophones qui possèdent une capacité passive à comprendre le français. C’est important de trouver comment encourager ces parents-là, surtout si la mère est anglophone, à envoyer leurs enfants à l’école française.
« Même moi, je fais de la re-francisation », lance-t-elle en riant. Suzette Montreuil habite les T.N.-O. depuis une quinzaine d’années. Avant d’avoir ses enfants, elle travaillait surtout en milieu anglophone. Puis, elle s’est engagée auprès de la garderie Plein Soleil. « Là, j’ai appris les termes, en français, faisant référence au vocabulaire de la petite enfance et des services de garde », souligne-t-elle, en rappelant qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre ou simplement se perfectionner dans sa langue. L’enseignement aux adultes est donc un outil de francisation primordiale selon elle. « L’école en français, cela n’est pas assez. Il faut des médias francophones, l’accès à l’Internet en français, l’éducation préscolaire de langue française et également l’aide aux parents pour qu’ils puissent comprendre ce que font leurs enfants à l’école. Si l’État veut appuyer la francisation, il faut également investir [dans les parents] », conclut Suzette Montreuil.