De l’archipel de 7000 îles baignant dans l’océan Pacifique à Yellowknife : pratiquement un tour complet de la planète pour les quelques 600 Philippins vivant dans la capitale ténoise. Ruben Silverio, président de l’Association des Philippines de Yellowknife, dresse le portrait d’une petite communauté très soudée mais ouverte à la réalité du grand nord canadien.
« L’an dernier, les statistiques chiffraient le nombre de Philippins à 400. D’après mon estimation, il y a eu une recrudescence de la population. Quand les gens arrivent ici, c’est par famille de quatre, cinq membres », relate Ruben Silverio, qui habite le territoire depuis quatre ans. C’est essentiellement le manque de travail aux Philippines qui poussent les gens à s’expatrier. « Il y a des Philippins qui sont ici depuis trente ans, mais c’est seulement depuis 10 ans qu’un flux important d’immigrants parcourt les Territoires du Nord-Ouest. »
Comme dans le cas de Ruben, qui est bachelier en commerce, plusieurs Philippins possède un haut degré de scolarité. Mais à la sortie de l’école, c’est le néant. Le président dresse ce bilan de la communauté, mais a vécu une toute autre histoire. Il a fait une demande d’immigration auprès de l’Ambassade du Canada aux Philippines pour se retrouver ici, où vivent des membres de son Église, l’Église adventiste du septième jour. « J’ai des amis à Montréal et Vancouver, mais j’ai voulu essayer autre chose, aller hors des sentiers battus. »
La plupart des Philippins à Yellowknife sont employés par des compagnies ou travaillent pour le gouvernement. Peu sont propriétaires de commerces ou d’entreprises. Ruben Silverio, quant à lui, possède sa propre entreprise de nettoyage de maisons et de bureaux. « J’ai aussi une compagnie aux Philippines dans le domaine de la construction. Ici, il n’y a personne qui ne travaille pas. Même que souvent, les gens ont deux ou trois emplois. » Mais ces postes sont rarement dans leur domaine d’étude car le gouvernement canadien est strict quant aux équivalences de diplômes. « Le seul domaine qui reconnaît la formation philippine est l’infirmerie. Il y a beaucoup de Philippins dans le domaine hospitalier, surtout à Vancouver. » La communauté a l’habitude de se retrouver régulièrement afin d’échanger sur sa situation au Canada, et surtout pour défaire certains mythes ou stéréotypes tenaces qui nuisent à leur épanouissement. Pour le président de l’Association, chaque rencontre est un temps pour rappeler aux Philippins ce qu’ils sont, quelle est leur identité et leur culture. « Il ne faut pas oublier d’où nous venons et l’apprendre aux petits qui naissent ici. » Ces réunions auxquelles est conviée la population philippine sont également ouvertes aux amis. « Nous devons nous associer, donner une chance aux autres de connaître notre mentalité, notre culture. » Ce volet de l’Association se remarque particulièrement par la participation de la communauté à différentes activités, comme la célébration du 1er juillet. « Nous sommes souvent conviés à animer des soirées, pratiquer des chants et des danses traditionnelles », explique Ruben Silverio. L’Association des Philippines s’est récemment méritée une plaque de la Ville de Yellowknife soulignant leur implication active à la vie communautaire. Sans compter leur titre de meilleure équipe décerné l’an dernier pour leur implication dans l’organisation de la Fête du Canada.
L’aide du gouvernement est quasi-inexistante. C’est pourquoi l’Association a pour mandat d’aider chaque nouvel arrivant.