Bien que fraîchement déposé sur le bureau de la ministre Jane Groewenegen, le dernier rapport présenté par la firme George B. Cuff au ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O. suscite déjà les critiques. « Ce rapport est un exercice pour le ministère qui cherche à diminuer ses dépenses et les services en santé publique », critique Viola Thomas. L’étude, mise sur pied par une équipe de sept personnes, propose entre autres une restructuration du système de santé actuel, dont l’établissement de trois conseils régionaux au lieu des neuf actuellement en place. Selon Viola Thomas, cette concentration des services ne favorise pas l’augmentation de la qualité. « C’est un autre rapport qui ira sur les tablettes. »
Les plus vives critiques concernent la participation des Premières nations à l’élaboration de l’étude. Ce rapport, comme le mentionne l’adjointe spéciale, engage les autochtones du Deh Cho, mais elle n’a pas été consultée dans sa réalisation. « C’est ironique, si l’on tient compte que la moitié de la population aux T.N.-O. est d’origine dénée. » Le ministère a établi les paramètres de l’étude en se fiant sur de précédentes consultations publiques effectuées à l’échelle territoriale deux ans plus tôt. L’état des finances de certains conseils régionaux a été soulevé lors de ces rencontres. « Un rapport sur ces consultations a été publié il y a un an, avec des recommandations », ajoute la sous-ministre adjointe, Debbie Delancey. « George Cuff avait comme mandat de se fier sur ce rapport. »
Les consultations précédentes avaient réuni des représentants du ministère des Affaires autochtones des T.N.-O. et des Premières nations. « Nous avons demandé à ces personnes de nous faire des recommandations », explique Debbie Delancey, sous-ministre adjointe au ministère de la Santé et des Services sociaux. « Mais nous ne voulions pas reprendre le processus et procéder à de nouvelles consultations publiques. Notre principal objectif était de rencontrer les gens engagés dans le système de santé. » La démarche de la firme George B. Cuff n’est pas la seule à soulever l’ire de la population. Son expertise est remise en question. « La personne qui a mis sur pied ce rapport n’a aucun antécédent dans le domaine de la santé », condamne Viola Thomas. Ce que ne nie pas le ministère. « Son expertise est la gestion des affaires publiques », explique Debbie Delancey. « Il nous a été fortement recommandé par d’autres provinces pour son travail de gestion dans le domaine de la santé et des services sociaux. Mais il est vrai qu’il n’est pas un expert de la prestation de soins de santé. »
Le modèle proposé par Cuff se base sur la particularité des T.N.-O. « Les Territoires du Nord-Ouest sont uniques », explique George B. Cuff. « Nous avons proposé un système qui tient compte de cette réalité. L’un des problèmes est le recrutement de spécialistes. Comment pouvez-vous espérer en trouver pour une communauté
de 300 personnes? », questionne-t-il. « C’est impossible ». La proposition d’établir un un système de santé centralisé ne semble pas tenir compte de la réalité des transferts de pouvoir qui sont présentement en négociations entre les gouvernements fédéral et territorial et les Premières nations, selon Viola Thomas. « La question que l’on se pose est : pourquoi ignorent-ils cette réalité? » Si la dévolution des pouvoirs en matière de santé a lieu au cours des prochaines années, la concentration des services dans trois conseils régionaux pourrait devenir caduque. « Aucune décision n’a encore été prise », rétorque Debbie Delancey. « Nous avons en ce moment plusieurs questions à régler dans notre système de santé. Si les groupes autochtones complètent leur processus d’autonomie gouvernementale, nous allons voir au transfert des pouvoirs tel qu’entendu dans les négociations. »
Le ministère de la Santé et des Services sociaux doit prendre en considération les recommandations du rapport et déposer son plan d’action lors de la prochaine session de l’Assemblée législative, en octobre prochain. La nation Dénée ne compte pas laisser en plan ce dossier. Des discussions sur le sujet ont eu lieu lors de la dernière Assemblée générale annuelle, qui s’est tenue du 9 au 12 juillet dernier à Tulita, et d’autres réactions sont attendues.