Venant du Québec, je suis portée à parler beaucoup du temps. Si vous avez déjà habité au Québec et que vous venez d’un autre pays, vous avez sans doute remarqué la propension qu’ont les Québécois à parler du temps. Vivant ici, dans le Nord, depuis plusieurs années, j’ai remarqué qu’ici aussi, les gens ont cette même tendance. Vous savez quelle est ma théorie là-dessus? Je crois que lorsque le temps a une grande personnalité et qu’il provoque les humeurs, des dangers, qu’il passe d’extrêmes à d’autres, le temps fait jaser. Exemple : ainsi, les îles dans les mers, partout dans le monde, sont tellement à la merci du temps, qu’on y parle sans cesse du temps. Comme la mer peut facilement se déchaîner et condamner les îles à de longues réclusions, on y parle constamment de temps. Dans les pays aux températures extrêmes, comme le Québec, comme le Nord, ici, la vie est tellement liée au temps qu’il fait, que ce dernier demeure un sujet de prédilection pour le commun des mortels comme vous et moi. On ne se fait pas prier pour en parler; même qu’on en parle probablement trop, mais c’est ainsi. Vous remarquerez que les endroits où le temps est assez égal, on parle peu ou prou de chaleur et de froid. Il fait toujours chaud, donc pas de surprise pour le lendemain. Il fait pratiquement toujours soleil. Donc, pas de question sur la façon de se vêtir pour le lendemain. Le même linge fera l’affaire, pourvu qu’il soit propre…bien propre. Les gens qui vivent dans des lieux pour nous paradisiaques ne se rendent pas compte, eux, que leur coin de terre est paradisiaque. Comment savoir qu’on est au paradis si on compare journée de soleil avec journée de soleil? Comment savoir que le paradis est l’absence totale de neige? Pour moi, l’absence de neige à longueur d’année ne serait pas le paradis, car j’aime bien l’hiver. Ce que je commence à trouver ennuyeux, c’est la longueur de cet hiver! Que l’hiver dure onze mois, pour moi, c’est trop. Déjà que six mois, c’est dur à prendre. Alors, imaginez une année comme celle que nous avons.
Nous avons eu de la neige tous les mois, à ce jour, incluant juin. Le mois de juillet n’est pas fini, et je ne serais pas surprise qu’il neige aussi. Nous aurons donc eu une année parfaite, soit une journée avec neige tous les mois. Certains vont me rétorquer que cette année, il ne fait pas beau nulle part au Canada. Que partout, il fait froid, il pleut beaucoup. Je me fous royalement de partout. Eux, ailleurs, ils ont eu l’été en mai, et en juin. Que juillet leur fasse défaut, on s’en balance. Eux, même s’ils ont de la neige, l’hiver ne dure pas onze mois. Donc, laissez-nous donc nous plaindre à satiété. On en a marre du temps qu’il fait cet été. Nous sommes prêts à endurer le long hiver, pourvu que la promesse d’étés ensoleillés se tienne. Que les étés nous lâchent, il ne reste plus grand chose, côté temps, pour nous réconcilier avec la vie. Les aurores boréales, c’est bien beau, mais on voudrait bien profiter des longues journées de clarté sans être obligés de porter parka, tuque, mitaines et kamiks! J’exagère? À peine. Je vous garantis qu’aujourd’hui, si vous allez sur le grand lac et que vous ne portez pas ce que je viens de nommer, vous risquez de vous geler.
Je n’ai pas eu l’occasion de me baigner une seule fois, cette année. Quelques personnes ont pataugé, d’après certains échos que j’ai eus, mais pour ma part, pas une seule fois le courage me prit d’aller tâter de l’orteil dans quelque lac encore froid d’une glace à peine calée. Je viens du Nord du Québec. Il fut un temps où le courage ne me manquait pas. Mais je suis de plus en plus memére (orthographe voulu), disons-le. J’espère tout de même que la température va monter pour réchauffer les lacs des environs. Cela est encore possible. Ce n’est pas si long que ça à réchauffer. Et pour m’encourager et si ça peut vous encourager aussi, il me souvient d’un été où la longue fin de semaine du début de septembre avait vu grimer la température de l’air et de l’eau et où nous avions passé trois jours àbarboter dans l’eau…chaude pour le Nord et même pour le Sud. Donc, courage, espérons ces jours plus chauds. Après tout, il nous reste encore quelques jours d’été à vivre. En attendant ce temps béni, je dois vous laisser pour fermer la fenêtre car si ça continue, mes plantes vont mourir…de froid. Ciao!