Les reels de violons se sont fait électriques cette année sur le site surplombant le lac Long. Folk on the Rocks a fait cracher des rythmes métalliques de ses caisses de sons, entrecoupés de séances d’improvisation groovy, éclectiques, mariant les chants traditionnels inuit et l’acoustique d’instruments plus modernes.
Un moment fort du festival, la rencontre entre la chanteuse de gorge Tanya Tagaq Gillis, le bassiste Pat Braden et les didgeridoos de Corey Elliot. Le trio a soulevé la foule, la fusion a fait exploser les musiciens, bref, autant le public que les artistes eux-mêmes en ont redemandé. Les organisateurs ont remis en selle en toute fin du festival la même mixture, une recette efficace. « C’est fantastique de jouer avec Tanya », s’exclame Corey Elliot, qui a appris l’art de l’instrument australien en Inde. Le festival a misé sur la tête d’affiche du groupe canadien Tragically Hip pour clôturer les deux jours de festivités, mais au grand dam des prévisions, c’est plutôt un quatuor de femmes albertaines qui s’est mérité la seule ovation debout de l’évènement. Painting Daisies en a étonné plusieurs, maniant au féminin la guitare et les riffs rock n’ roll. Tanya Gillis est venue rejoindre le groupe au rappel, remodelant le chant de gorge traditionnel en poussant les sons gutturaux jusqu’à la limite du supportable. En effet, l’exercice est très douloureux. « La gorge et le ventre travaillent très fort », explique Tanya, encore émue de ses performances. « Quand on fait une compétition (deux femmes face-à-face), le jeu consiste à pousser le rythme à son maximum. »
Le maître de cérémonie de la soirée de clôture s’est laissé prendre au jeu, troquant ses talents d’animateur pour le monde de la musique traditionnelle. Al Simmons a tenu le rythme face à Tanya le temps d’une pièce. « Croyez-le ou non, c’est le moment le plus fantastique de ma vie, » s’est-il exclamé à la foule.
Le manitobain débridé, un peu fou braque, s’est produit tout au cours du week-end devant une assistance composée majoritairement d’enfants. S’associant au conte, au chant et à la comédie, Al Simmons glisse au cours de son spectacle des phrases en français. « Je colle des bouts de papier sur la scène avec des mots empruntés à une autre langue. Quand je me produis en Saskatchewan, je parle en Ukrainien. »
La francophonie ontarienne s’est brillamment transportée sur la scène principale samedi en début de soirée, secouant l’air ambiant. Deux Saisons a manié la musique traditionnelle canadienne-française avec humour, faisant swinguer les franco-ténois et le public anglophone. The Town Pants, qui a terminé la soirée, a fait un commentaire éloquent. « Deux Saisons est complètement déchaîné! »
La plage de sable s’est transformée en plancher de danse lors du dernier tour de piste, alors que The Mackenzie Delta Drummers and Dancers ont bouclé le festival, précédé de The Dettah Drummers. Une grande danse a sillonnée le sable qui a absorbé quantité de lumière et de chaleur en 48 heures de festivités. Le public a fumé le calumet avec l’art qui s’est déplacé vers le Grand Nord, un amalgame réussi de sons coast to coast.