C’est sans grande surprise que les députés libéraux du caucus du Nord et de l’Ouest ont attaqué la question de l’énergie lors de leur rencontre les 19, 20 et 21 août dernier, mais la visite inopinée du premier ministre Jean Chrétien à Yellowknife a rappelé l’importance du dossier. Le chef a rejoint ses troupes le 20 août en soirée avant de diriger la cavalerie vers Edmonton le 21, où s’est ouvert le caucus libéral.
Les préoccupations du Nord ont trouvé écho auprès des députés libéraux venus de l’Alberta, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique. « Nous avons à nouer des liens plus serrés et créer de meilleures relations avec le fédéral », a mentionné le président du caucus du Nord et de l’Ouest, John Harvard, qui s’est dit satisfait de la présence de représentants du caucus national lors de cette rencontre. « Il n’y a pas que les Territoires du Nord-Ouest qui peuvent profiter du développement économique de la région, mais tous les Canadiens. Nous veillons à nos intérêts, mais nous devons aider le Nord pour accroître nos bénéfices. » La construction d’un pipeline dans la vallée du Mackenzie a mené les discussions sur un terrain fertile, plus particulièrement à la lumière des derniers développements du projet concurrentiel américain. « Quelqu’un doit déposer un projet et le Canada doit veiller à maximiser les profits pour le pays, qu’importe le projet soumis », a indiqué le ministre canadien des Ressources naturelles Ralph Goodale. La secrétaire d’État à l’Enfance et à la Jeunesse, Ethel Blondin-Andrew, a rappelé la complexité du dossier. « Nous avons plus de compromis à faire que le Yukon, qui ne traite qu’avec une seule communauté autochtone. » Le projet d’un pipeline en Alaska propose, entre autres, le passage du conduit à travers le Yukon et la Colombie-Britannique.
Le ministre Goodale a souligné au passage « l’intervention inappropriée des États-Unis » d’imposer une taxe sur le bois d’¦uvre en provenance du Canada. Cette taxe de 19,3 % a été mise en application tout récemment, en réponse aux pressions répétées des producteurs américains qui voient leurs parts du marché diminuer face aux coûts peu élevés du bois d’oeuvre canadien. Ce dossier a reçu dernièrement l’appui du ministre des Pêches et Océans Canada, Herb Dhaliwal, qui a indiqué que « si les Américains ne veulent pas acheter notre bois, je ne sais pas si nous allons les laisser puiser le gaz naturel de l’Alaska. »
Le premier ministre canadien a donné son appui au développement économique du Nord et à l’exportation de gaz naturel vers le marché canadien, mais a rappelé par la même occasion la position du Canada, qui doit attendre les soumissions de projets venant des producteurs de pétrole. « Ce n’est pas au gouvernement canadien à construire le pipeline », a t-il mentionné lors de son arrivée à une soirée communautaire à l’école St-Patrick, organisée par les membres de son parti. Le chef libéral a par ailleurs indiqué que « c’était une bonne occasion » en expliquant son passage à Yellowknife avant l’ouverture du caucus libéral.
Environnement
Le ministre de l’environnement David Anderson a fait face aux questions de ses critiques, lors de cette rencontre, dans le dossier de la décontamination du site de la mine Giant, en reconnaissant l’ampleur du problème. « Il faut s’assurer que la même situation ne se reproduira pas avec l’industrie du diamant. Il faudra être vigilant, afin d’éviter tout risque pour la population. » Une vigilance nécessaire dans le Nord, principal lieu d’un boom économique dans le domaine de l’industrie du diamant.
Le chef du parti libéral a terminé sa visite par une rencontre en privé avec le premier ministre Stephen Kakfwi avant de prendre la direction d’Edmonton, où le caucus libéral a tenu sa rencontre préparatoire à la rentrée parlementaire de cet automne.