le Dimanche 20 avril 2025
le Vendredi 21 septembre 2001 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Telle une louve Portrait du Nord

Telle une louve Portrait du Nord
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Une cliente arrive et raconte son histoire. Pitou a mis les pattes sur un cadre ce matin et la vitre a éclaté en morceaux, la voilà donc à la galerie Nor-Art, où loge une infirmière bien spéciale qui se charge de refaire une beauté à vos cadres.

Dans le métier, on la surnomme spécialiste de l’encadrement, mais en réalité, c’est une créatrice qui choisit et agence les couleurs, propose le fond, découpe la vitre et donne (ou redonne) vie à vos oeuvres d’art. Originaire de Aylmer (Outaouais), Anne-Marie exerce ce métier depuis 25 ans, dont trois à Yellowknife. « J’ai appris sur le tas », avoue celle qui a débuté à Edmonton dans une compagnie qui préparait des cadres pour Zellers et K-Mart. Quittant l’âge de la consommation de masse, elle s’est retrouvée à laisser ses doigts habiles créer des cadres traditionnels de style victorien.

La voici maintenant dans la capitale où elle encadre les ¦uvres d’artistes comme Archie Beaulieu. Elle donne la vie à autant de loups, d’ours, et d’oiseaux du Nord que le temps le lui permet en une journée. « Dans mon travail, il faut que je fasse ressortir les couleurs de l’oeuvre », ajoute la créatrice, dont la tâche consiste à choisir le cadre et les couleurs du fond qui réussiront à capter l’attention du client et rendront hommage autant à une peinture qu’à un foulard à l’encre de chine que l’on souhaite encadrer.

Des cadres et des fonds, il y en a pour toutes les bourses, de la feuille de velours qui vous coûtera 53 dollars, à une feuille cartonnée qui peut valoir 12 dollars, et si vous désirez une moulure en bois, il vous faudra un portefeuille bien garni, puisqu’il se fait rare par ici. La plupart de matériaux arrivent par camion de l’Alberta.

« Ça prend beaucoup de patience », lance Anne-Marie, en ajustant les coins d’un cadre et en jetant un ¦il sur le travail de Louis, un ami venu donner un coup de main. De ses petits yeux inquisiteurs, elle l’observe et lance : « Là tu vas être obligé de vérifier les quatre coins ! »

Rien ne lui échappe et Louis s’en remet d’ailleurs au jugement du maître lorsqu’une toile est encadrée. « Annie, laisse aller tes yeux bleus là-dessus ! »

Parfois les clients lui donnent le feu vert pour effectuer l’encadrement. « Certaines personnes m’envoient leurs oeuvres d’Iqaluit ou de Cambridge Bay », explique Anne-Marie (que tous surnomment Annie!).

« Ça fait chaud au c¦ur quand les clients m’envoient une petite note pour me dire qu’ils apprécient mon travail », souligne-t-elle, en se replongeant dans son travail, l’esprit occupé à trouver de nouvelles idées.